Jean-Michel Aubevert, Transparences, illustrations de Joëlle Aubevert, Editions le Coudrier, Mont-Saint-Guibert, 2022.

Une chronique de Florence Noël

Jean-Michel Aubevert, Transparences, illustrations de Joëlle Aubevert, Editions le Coudrier, Mont-Saint-Guibert, 2022.


Voici un recueil de Jean-Michel Aubevert qui sonne comme une longue ballade romantique et érotique, véritable déclaration d’un amour charnel et caressant qui se joue du temps et de l’espace. Dans une tonalité lunaire, les vers très courts, tantôt noctambules, tantôt légendaires nous évoquent la littérature médiévale, où brumes et rosées subliment les landes et les futaies.

L’incipit nous éclaire un peu sur ces « Transparences » que nous annonce le titre de l’ouvrage, celles d’un regard ardent, inassouvi, amoureux qui avoue : 

« A quelle source les yeux et de quel feu l’âme s’il n’est de flamme ? »


Vers chantant par rimes et assonances, l’aubade est adressée à l’aimée, celle sans doute qui signe les magnifiques œuvres photographiques de frondaisons qui répondent aux textes.  Car, avoue l’auteur

« j’étais l’esseulé », « mais par toi fécondé ».


Transparences que ces années, qui filent comme la rivière du temps, entre les rives sinueuse de la relation quand le poète interroge : « Ecrirais-je un tombeau / Sur le lit des eaux ? » .

Transparences aussi celles de l’eau miroir de soi, de cet être qu’on est et met en jeu dans le plaire et le fantasme onirique :


« L’Alice immergée / Au miroir d’une Eve / Rêve, fille trouvée / D’habiter son rêve »


Les vers vont ainsi leur train de ritournelle, jouisseurs et vivants, enivrés et charmant. Car l’amour est libre de tout, surtout des convenances.

« Paria au Paradis
mais libre de non-dits »

Et parfois, l’humour taquin mâtine certains vers qualifiant « Adam / le premier / d’entre les effeuillés » ou s’amusant que de leurs originels ébats « Nul ne les aperçut / car nul n’eut convenu / de les avoir vus nus ».

Je vous recommande donc, amoureux et amoureuse, de vous aventurer dans ce cadre lutin autant que féérique, d’entendre la ballade du trouvère, où verbe s’invente charnel, vie et plénitude car dit le poète, « Au lit des sagesses, j’ai lu tes largesses ».


©Florence Noël