Un entretien de Patrice Breno par Daniel Brochard- Dans les Brumes-Résurgence.

Cet entretien provient du site: DANS LES BRUMES – RÉSURGENCE

https://www.danslesbrumes.fr/patrice-breno/

Naturellement vous pouvez aussi lire l’entretien ici et profitez de découvrir ce que propose le site


Entretien avec Patrice Breno, directeur de publication de la revue Traversées :

Daniel Brochard : La Belgique est un pays de poésie. La langue française y occupe une place importante. La revue « Traversées » est devenue incontournable de générosité. Vous avez su vous diversifier en devenant éditeur et créateur d’un marché de la poésie à Virton. Votre travail est exemplaire. « Traversées » pourrait influencer de multiples actions. Comment voyez-vous l’avenir de la poésie dans notre quotidien pour les années à venir ? Peut-on passer du rêve à la réalité ?

Patrice Breno : La poésie ne bousculera sûrement  pas l’ordre établi ! L’important, c’est qu’elle se manifeste dans les esprits, dans les lectures, les rapports aux femmes, aux hommes et aux enfants, qu’elle aide à ce que le monde ne tourne pas plus mal… La poésie permettra toujours de rêver et de s’évader mais aussi de s’extraire des folies, du mercantilisme et du libéralisme, du monde politique qui nous mène souvent en bateau … et de défendre ses propres idées…

C’est certain qu’avoir les pieds sur terre est une nécessité et la poésie n’est pas qu’un rêve, elle est aussi un combat : les mots sont tellement importants et le poète les projette afin que ceux qui les reçoivent les perçoivent comme une manne, une ouverture, un défi permanent contre les injustices inutiles et dévastatrices…

A mon sens, il n’y a pas de fatalisme. Tout peut-être réalisé avec la volonté. J’ai créé Mot à Maux dans la solitude parmi d’autres revues qui n’ont pas toutes survécu. Et pourtant de petites structures s’organisent qui survivent grâce à la générosité des lecteurs. La vie poétique fonctionne ainsi en France, à coups de débrouillardises. La Bibliothèque Nationale de France en charge du Dépôt légal est la plus grande collection de poésie de ce pays. Ses murs sont inaccessibles, forteresse de béton ! Pourquoi ne pas rêver de bibliothèques à l’échelle nationale dédiées à la poésie ?

Rêver c’est bien ! Construire c’est mieux ! Comme vous/comme toi, je me sens comme le colibri qui apporte sa goutte d’eau pour éteindre le feu… Chaque action, aussi minime soit-elle, a du sens, a sa raison d’exister…

La poésie a un coût. Publier un recueil, une revue est un engagement financier. Les frais de fonctionnement sont énormes. La poésie a besoin de se vendre pour survivre. Aussi, ne faudrait-il pas créer partout des librairies dédiées à la  poésie afin que les auteurs et ceux qui les éditent puissent vendre leur travail de façon libre et pérenne ? Comment selon vous instaurer un tel système ?

La poésie ne se vendra jamais comme un roman ! Quand j’ai accompagné Abdellatif Laâbi à Albi voici quelques années, un auditeur lui a demandé pourquoi il s’obstinait à écrire de la poésie, alors qu’il écrivait aussi des romans. Il a répondu : « La poésie, c’est tout ! ». Pour moi, c’est l’alpha et l’oméga. Sans poésie, le monde n’est rien. Alors, que chacun et chacune frappe aux portes s’ils le veulent. Moi, je n’en ai pas/plus l’énergie, d’autant plus que la Culture n’est pas la principale préoccupation de nos politiques, qui tiennent les cordons de la bourse. Je me dévoue corps et âme (comme le titre d’un des recueils publiés aux éditions Traversées) depuis plus de 28 ans. Après moi, qui reprendra le flambeau ? Certainement personne, car il s’agit d’une vocation et pas d’un métier… donc, si ce n’est pas rémunérateur, qui voudrait user une grosse partie de son existence… Pour ma part, je n’ai éprouvé que du plaisir, même si certains moments étaient très durs, rien que les nombreux contacts oraux et écrits que j’ai eus. Plus de 1200 auteur(e)s publiés, je pense que ce n’est pas trop mal. Plus l’universalité !

J’ai un rêve : celui d’une révolution poétique. Nous poètes, éditeurs… sommes tous pleins d’énergie. Et pourtant la poésie survit sporadiquement au rouleau compresseur d’une culture imposée par des médias en quête de pouvoir. Ce culte de la culture « unique » se vérifie partout dans notre quotidien, dictant nos choix de consommateurs serviles. Le rêve pour la poésie, serait qu’elle devienne une force novatrice et influente. Comment et faut-il réunir les acteurs du livre pour espérer un jour changer les choses ?

Il est vrai que nous agissons chacun dans notre coin. Cependant, je me suis rendu compte qu’il y a tellement de personnes qui écrivent de la poésie surtout. Je me dis souvent : il y a autant de poètes que de lecteurs ! Et c’est là que se trouve le dynamisme de la création. Quand j’ai créé la revue Traversées en 1993, j’ai voulu publier surtout des auteur(e)s qui avaient des textes de qualité (selon nos critères et nos choix) même s’ils étaient totalement inconnus. Des poètes de renom ont fait confiance à la revue, mais quel plaisir quand un auteur sélectionné revient vers moi en disant que je lui ai ouvert des voies. Nous sommes, en tant que revuistes, des passeurs, des diffuseurs, des transmetteurs et c’est là que réside notre force. Pour le reste, tenons le coup et serrons-nous les coudes, oui, certainement… Je n’ai pas vraiment l’énergie et le temps d’aller dans tous les salons. Qu’ils existent, c’est bien. Aussi, que chacun fasse de son mieux !

Pouvez-vous nous parler du marché de la poésie que vous avez créé à Virton ? Quel bilan faites-vous de cet événement ?

J’ai déjà organisé des rencontres avec des auteurs, des marchés de la poésie, le dernier en 2019. Ce qui demande une sacrée préparation ! D’autant plus que pour le plus gros de l’organisation je suis désespérément seul. Le bilan de l’édition 2022, je le ferai après, bien évidemment. Pour les rencontres antérieures, le plus important, c’est le retour, ce que les personnes qui sont venues en pensent et jusqu’à présent, tout le monde semble content. Et moi aussi ! Ne fut-ce que pour les rencontres fabuleuses, les interventions tellement suivies que – même si Virton est loin d’être Paris – je réédite l’exploit cette année.

Ce 19 mars, 20 auteurs, 10 femmes, 10 hommes, 2 parcours littéraires dans 5 lieux emblématiques de la ville, des respirations poético-musicales aussi, un marché auteurs-éditeurs, une table ronde auteurs-éditeurs, des écoles secondaires  et les commerces de la ville qui participent… Ce doit être une journée d’enfer et – même si c’est un sacré boulot pour moi – que du bonheur ! J’espère qu’on se précipitera de BELGIQUE, FRANCE, NAVARRE et qui sait, du monde entier…

Mot à Maux

Appel aux armes

Par Daniel Brochard

Mot à Maux est en danger. Et si l’on m’enlève ma revue, on m’arrache le cœur ! Aujourd’hui, elle est menacée d’extinction.  Il manque la participation des poètes eux-mêmes ! Comment la faire vivre désormais ? Ma boite à mail est désespérément vide et j’ai de la peine à nourrir un sommaire pour le numéro 19 de décembre ! À terme, la revue ne pourra pas se relever. L’argent n’est pas la question. Je suis généreux, je ne suis pas avare d’exemplaires gratuits. Je dépense une grosse somme de timbres dans ma générosité… Comment ferais-je si je n’avais pas un matelas épais qui m’évite de finir à la rue ? Suis-je une petite revue ? N’ai-je pas de légitimité parmi mes pairs ? Ne suis-je pas limité par la vitesse de la société de consommation ici, sur Internet ? Il est un fait que je ne peux pas continuer l’aventure seul ! Sans la confiance que, jusque-là, on a bien voulu m’accorder, je ne pourrai pas survivre bien longtemps. Je ne peux pas porter seul le fardeau. Une revue  est comme l’esprit lui-même, elle « restitue sous une forme inédite non pas le monde brut, mais plutôt l’énorme matière littéraire qui préexiste à [elle] » (Julien Gracq). Autrement dit, une revue n’a pas la volonté de se substituer au monde, ni d’être le monde, mais d’agir avec lui dans une existence commune. La parole est la chose la plus précieuse que nous ayons et nous ne pouvons nous en défaire. C’est ainsi que je conçois de faire vivre Mot à Maux : au plus près de la vie, au cœur de la société et dans notre esprit. Poètes ! Il me manque votre parole pour que la revue ne meure pas ! Je sais compter sur mes fidèles amis. J’ai pour règle de ne pas solliciter d’auteurs de façon brutale et de compter sur le hasard et les liens virtuels. Mais un revuiste ne peut pas se contenter de publier les mêmes auteurs. La nouveauté, l’esprit de renouvellement est essentiel. Mot à Maux ne peut vivre plus longtemps sans votre confiance. Sans textes, sans auteurs, c’est le numéro 19 de décembre lui-même qui est en jeu. Ceux qui me connaissent un peu savent que je suis plein de projets, que je manie un peu l’utopie, convaincu que la poésie peut contribuer à changer la vie. Sans vous, sans votre présence, je ne pourrai avancer à rien. Le silence infini dans ma messagerie. Le sentiment de ne pas exister dans un combat qui est le mien… De ne pas avoir les clefs. De finir à la rue ! Je suis menacé de ma propre expulsion ! Se lever le matin (à midi) pour ne respirer que le silence de la journée, avec ces voix chantantes dans ma tête qui me disent de marcher ou de mourir ! Finalement, la solitude est le pire des enfers ! Redonnez à ma vie la poésie qui lui manque… Car vous êtes mon énergie, l’espoir de changer un peu cette pauvre vie. Il s’agit d’une revue, d’une simple revue ! C’est-à-dire une aventure collective, l’espoir que la parole soit à nouveau redonnée à ceux qui n’ont rien, ou rien d’autre que la poésie ! Moi, je ne veux pas finir comme ces suicidés, comme ces malades que la société condamne à l’exil ou à l’asile. Je ne retournerai pas là-bas ! J’ai des rêves – en plus de la Clozapine – qui me maintiennent en vie. Ma colère est immense contre cette société mercantile, aliénée, qui ne donne plus d’espoir. Il faudrait peut-être tout abandonner, cesser nos activités, se résoudre au silence ? Ce sont les mots qui me font vivre. C’est-à-dire cette impossibilité de renoncer. Je vais continuer à surveiller ma messagerie. Continuer mon travail poétique. Sans vous, je suis réduit au silence. Aujourd’hui, je me présente en mendiant, désespéré… mon avenir ne dépend que de vous. Ce n’est pas un billet que je recherche. C’est votre contribution, votre confiance. Aidez-moi à relever Mot à Maux !

Sincèrement en poésie,

©Daniel Brochard

  • Pour contacter Daniel Brochard: brochardda85@gmail.com

QUELQUES MOTS SUR TRACTION-BRABANT par son créateur

couverture du n°94

« Traction-brabant », alias T-B, est le nom du fanzine poétique que j’ai créé à la fin 2003 et dont le premier numéro est sorti en janvier 2004.

Le titre vient de la contraction entre une traction-brabant, l’automobile Citroën de 1934, et un brabant double, la charrue à double soc, encore présente à titre décoratif dans les campagnes. Ce mariage bizarre est issu de mes souvenirs d’enfance passée dans le Morvan, lorsque j’étais attiré par ces mécaniques à la fois anciennes et astucieuses.

Rien à voir avec les poèmes, si ce n’est que je trouve cela poétique.

Pour le reste, j’ai créé T-B avec, dans la tête, quelques intentions précises : 

1) Aller le plus vite possible pour concevoir en solitaire chaque numéro et au moindre coût possible ; ce qui signifie, utilisation des seules bureautique et photocopies, au moins durant les premières années, donc absence d’intervention d’un imprimeur, absence également de comité de lecture, qui me permet de répondre plus vite et de manière circonstanciée (si possible, pas de réponse bateau qui n’explique rien, qu’elle soit positive ou négative) aux envois de textes, tout en préservant la diversité des styles à publier ;

2) Volonté, au départ, de publier des écritures d’inspiration anarchiste, comme celles de Gérard Lemaire et de Pascal Ulrich, en réaction à celles, moins sombres ou dérangeantes, publiées par des éditeurs ayant plus pignon sur rue.

Le premier numéro a existé à… 50 exemplaires.

De nombreuses petites avaries se sont produites depuis : je me souviens notamment de celle ayant touché le numéro 5, dont les poèmes ont été coupés par les pliures des pages, à cause d’un mauvais calcul de marge.

À côté de ça, le numéro 18 de T-B a été conçu le… 11/07/2007, et le numéro 19, le 12/07/2007, suite à un trop-plein de poèmes !

À partir du numéro 15 de T-B de décembre 2006, et afin de mettre un peu de beurre dans les épinards, apparition de la participation aux frais de copie et postaux, qui s’est substituée aux timbres, pas toujours envoyés par les lecteurs !

À compter du numéro 29 de T-B de mars 2009, qui comporte un hommage à Pascal Ulrich en 4e de couverture, fin des copies et début de l’impression du fanzine en format PDF chez mon reprographe habituel, mais toujours après confection artisanale de la maquette à partir du logiciel Word.

En janvier 2014, avec le numéro 55 et les numéros suivants, pour les 10 ans de T-B, le papier calque de couverture a été remplacé par une « vraie » couverture de 160 grammes, aux couleurs variables selon les opus. Le grand luxe !

Enfin, agrafage par le reprographe des numéros à compter seulement du 90è numéro de septembre 2020, en raison d’une grande fatigue de mes agrafeuses et du taulier qui commence à avoir mal aux… épaules et aux mains. Cela s’appelle la crampe du poézineur. Vous êtes autorisés à compatir !…

À part ces évolutions et anecdotes, T-B n’a guère changé de philosophie depuis sa naissance, ce qui a permis la publication de quelques 600 poètes et d’une cinquantaines d’illustrateurs, la plupart des 5 à 6 numéros annuels existant à un tirage de 150 exemplaires, le tout sans perception d’aucune subvention. Comme quoi les poètes peuvent être parfois sincèrement intéressés par la poésie !

Je laisse venir les participant(e)s, et ne cherche toujours pas à publier celles et ceux qui sont déjà beaucoup publiés par ailleurs, préférant pour ma part être un découvreur de nouveaux talents que celui qui arrive après la bataille, pour la légion d’honneur, en quelque sorte.

À ce propos, à l’enseigne du Citron Gare, ont été édités, depuis 2012, les poètes suivants, que j’ai découverts à travers « Traction-brabant », soit, par ordre d’apparition : Fabrice Marzuolo, Régis Belloeil, Thibault Marthouret, Marlène Tissot, Fabrice Farre, Pierre Bastide, Murielle Compère-Demarcy, Laurent Bouisset, Samaël Steiner, Xavier Frandon, Chloé Landriot, Marc Tison, Marine Gross, Murièle Camac, Julien Boutreux, Michel Talon et Marie Alcance.

Pas de changements prévus à l’horizon, sinon l’envie de tenir encore plusieurs années à l’aide de la même liberté !

P.M.


Le site de Traction-Brabant et sa Page FB

Éditions Le Citron-Gare et sa page FB

Poésiechroniquetamalle

C’est vous parce que c’est bien


La revue Traversées- Entretien avec Patrice Breno

Entretien originellement posté sue le site Terre à ciel, poésie d’aujourd’hui

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La revue Traversées

Entretien avec Patrice Breno, par Cécile Guivarch


Cher Patrice Breno, vous m’avez envoyé les deux derniers numéros de la revue Traversées que j’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir. La revue en est à son 96ème numéro, la revue étant trimestrielle je mesure ici le chemin parcouru. J’ai ainsi une question toute simple à vous poser : comment et de quelle impulsion est née la revue ? 

Le sentiment que beaucoup de personnes avaient des textes de qualité et qu’ils n’osaient pas ou ne pouvaient pas publier. Et le besoin de mettre ces textes à la connaissance d’autres. Au départ donc, nous avons surtout publié des auteurs non confirmés et progressivement des auteurs plus connus nous ont fait confiance et sont venus s’ajouter au vaste panel des plus de 1100 auteurs publiés à ce jour par la revue…

J’aime beaucoup son nom « Traversées », cela m’évoque beaucoup de choses. Pouvez-vous nous dire ce que cela évoque pour vous ? Comment s’est-il imposé ? Et aussi si au fil du temps, ce nom s’est confirmé, s’il a pris d’autres dimensions ?

Traversées peut s’entendre de différentes façons, sur le plan géographique bien sûr, mais aussi et surtout sur le plan imaginaire : des traversées entre le monde de la création et celui de la lecture par exemple. Au fil du temps, bien sûr, le nom a vraiment pris sa raison d’être puisque nous avons publié des auteurs des cinq continents, que nous nous sommes ouverts aussi à différents genres, comme par exemple les haïkus, les aphorismes mais aussi à la traduction (du japonais au bulgare, en passant par le grec, l’anglais, le néerlandais et un tas d’autres langues)…

Je note dans la revue une large place accordée aux poètes, à leurs textes. L’édito est à la fin également, ce qui confirme certainement ce souhait de laisser les voix s’accorder tout au long du numéro. Pourquoi ce souhait ? Pourquoi ne trouve-t-on pas d’article critique ? 

Nous préférons laisser place à la création littéraire. Les articles critiques et autres recensions se retrouvent sur le site, question aussi d’immédiateté. Quand un numéro sort de presse, les deux suivants sont quasi complets, ce qui signifie qu’un article reçu aujourd’hui ne pourrait paraître sur papier qu’au minimum six mois plus tard.
Tout est soumis au comité de lecture, même ce qui est destiné au site.
Mon intention, en insérant l’édito à la fin, est de laisser la place aux auteurs de création et de clôturer ainsi le numéro par des mots d’humeur !

Le sommaire est composé de noms d’auteurs que Terre à ciel connaît ou pas, des auteurs confirmés, d’autres qui le sont moins, des auteurs qui semblent tous répondre à une certaine exigence de votre part. Vous avez un comité de lecture. Comment fonctionnez-vous, comment choisissez-vous ces textes ?

Tous les textes que je reçois sont soumis par courriel au comité de lecture. Ce comité est paritaire : deux hommes et deux femmes. Mais aussi virtuel : Corse, Beaujolais, Lorraine belge, Paris. Si l’un d’eux dit NON, c’est NON ! Dès que je reçois des textes et des manuscrits, je les leur envoie. Généralement, je reçois une réponse dans les quinze jours au plus tard. Dès que les textes sont acceptés, je les insère dans un numéro à paraître…

De très belles photos accompagnent les textes. Des photos souvent liées à la saison. Qui en est l’auteur (les auteurs) ? Quelle est l’importance pour vous de ces photographies ?

Jacques Cornerotte, membre de l’équipe de direction et designer de la revue, est le photographe le plus représenté, mais nous recevons également des photographies qui sont soumises à Jacques, en priorité, et je donne également mon avis.
Les photographies – choisies avec soin – sont souvent comme une forme respiration dans la lecture et parfois servent à illustrer certains textes.

Traversées c’est aussi une maison d’édition. Pouvez-vous nous en dire plus ? L’édition est-elle venue après la revue ? Et par quelle nécessité ?

Voici quelques années (4/5 ans) nous avons voulu nous ouvrir aussi à l’édition, car nous recevions pas mal de manuscrits. Par manque de temps et aussi par précaution financière (puisque nous prenons tous les frais à notre charge), nous ne pouvons publier que 4/5 recueils par an, alors que nous en recevons des centaines. Le but est aussi de faire connaître certains écrits qui dépassent le cadre de la revue et qui en valent la peine.

Pouvez-vous nous parler de votre catalogue, des auteurs que vous publiez ?

https://revue-traversees.com/faites-vous-plaisir-offrez-vous-les-livres-publies-par-traversees/

Vous avez certainement dû faire de belles rencontres grâce à cette aventure de revuiste, d’éditeur. Qu’avez-vous envie de nous dire à ce sujet ?

J’ai fait de magnifiques rencontres en Belgique bien sûr, mais aussi en France (Paris, Albi, Reims, Charleville…), en Italie (Université de Bari à deux reprises) et – tout au long de l’année, par courriel, contacts téléphoniques et visuels…
C’est formidable d’avoir tous ces contacts, ces rencontres, ces discussions…
Mais ça prend du temps, et pas mal de temps ! Chaque jour, je passe 2/3 heures rien que pour Traversées et mon épouse – qui est très complaisante – me rappelle parfois à l’ordre en me disant qu’il n’y a pas que la poésie et Traversées dans notre vie…

Avant de nous quitter, est-ce que vous pouvez nous dévoiler les projets à venir ? Peut-être avez-vous un message particulier à passer ?

A chaque jour suffit sa peine ! Je ne pensais jamais que l’aventure de Traversées durerait autant (de 1993 à nos jours) et j’espère de tout cœur qu’elle ne s’arrêtera pas de sitôt. Nous vieillissons tous et la relève n’est pas vraiment assurée, comme pour beaucoup d’initiatives…
Mon message, c’est celui-ci : même si je suis passionné, et il le faut, je remercie toute l’équipe de Traversées (Xavier Bordes, Caroline Callant, Jacques Cornerotte, Paul Mathieu et depuis peu Monique Charles-Pichon) qui m’épaule formidablement ainsi que tous ceux qui croient en nous ainsi que tous les auteurs qui nous ont fait confiance en nous offrant leurs textes…

Trans Europe Eclairs-PO&SIE n°160-161-Belin Editeur

41000995_0-2INFORMATIONS SUR L’OUVRAGE

TRANS EUROPE ECLAIRS

Michel Deguy, Éditorial

Claude Mouchard, Rhapsodie Europe(s) – une amorce ?

*

Marc Augé, Un rêve d’Europe

Pierre Caye, Gouvernance et souveraineté européennes

François Cornilliat, Union européenne (récollection)

Jean-Patrice Courtois, Neuf poèmes pour l’Europe

Michel Deguy, Il n’y a pas de race blanche

Denis Guénoun, Pourquoi passionnément européens ?

Alphonso Lingis, L’autre communauté, traduit de l’anglais (États-Unis) par Denise Medico et Vincent Barras

Éric Marty, Europa – Citations/Digressions

Jean-Luc Nancy, Contes et légendes d’Europe

Heinz Wismann, Devant nous, l’Europe

*

Patrick Boucheron, Les Pères de l’Europe

Luciano Cecchinel, Nemesis, traduit de l’italien par Martin Rueff

Roselyne Chenu, Le Congrès pour la liberté de la culture – Un programme européen

Yves Hersant, L’Europe microcosme

*

Karol Beffa, L’Europe intense

Elfriede Jelinek, Les Suppliants. La riposte de l’Europe. Ça bouchonne à l’entrée ! (Épilogue à terre)

Guillaume Métayer, De notre envoyé spécial en poésie

*

Horace, [Adieu Galatée] Ode III, XXVII, traduite du latin par Dominique Buisset

Mohammed Bennis, La poésie amoureuse arabe et la passion pour l’Autre, traduit de l’arabe par l’auteur en collaboration avec Rodrigue Marques de Souza

Barbara Cassin, La langue de l’Europe

Michael Edwards, L’Europe ?

Haïm Gradè, Poèmes traduits du yiddish et présentés par Rachel Ertel

Toby D. Griffen, « R pour Europe » – Propos recueillis et traduits de l’anglais (États-Unis) par Aram Kebabdjian

Maurice Olender, L’Europe étymologique. Quelques échantillons d’une économie sémantique de « la vérité »

Antonio Prete, Entre les langues, Leopardi

Karlheinz Stierle, Le monde de Dante et le monde de Pétrarque, traduit de l’allemand par Françoise Delignon et Hédi Kaddour

*

Jacques Darras, Lettre à l’Europe depuis Ellis Island

Eugenio De Signoribus, Lettres vers Paris, traduites de l’italien par Martin Rueff

Gerfried Horst, Königsberg en Europe. La ville imaginaire d’Emmanuel Kant, Version française établie avec la collaboration de Stéphane Michaud

Wulf Kirsten, Pour une Europe enracinée dans ses provinces, traduit de l’allemand par Stéphane Michaud

Michel Deguy, Königsberg ou Kaliningrad

Denis Thouard, Yourope

Nouvelles voix en Ukraine – Lioubov (Liouboff) Iakimtchouk, Evguénia Tchouprina, Vano, Kruger (Ivan Kolomiets), Elena Malichevskaïa, la Kiva – présentées par Irina Emelianova ;, poèmes traduits par Gérard Abensour

*

Marc Goldschmit, En-deçà et au-delà de l’Europe. Les ruses du Jewgreek entre Ulysse et Moïse

Delfine Guy, Odyssée Mouvement

Jean Lacoste, Nietzsche et l’Europe

Jean-Claude Milner, Mallarmé, fondateur d’institution

Carlo Ossola, Énée et Ulysse : un ancien mythe pour la nouvelle Europe

Jacqueline Risset, Les femmes et les Lumières dans la nouvelle Europe

Hélène Mouchard-Zay, Simone Veil : « La Shoah : l’événement le plus européen de tout l’histoire du XXe siècle »

  • 320 Pages
  • 30,00 €
  • ISBN : 978-2-410-00995-8
  • Date de parution : 28/12/2017

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