Auteur : Anthologie établie par Thierry Renard et Bruno Doucey
Éditeur : Bruno Doucey
Année de parution : 2 023
Un petit atlas car les poètes présentés ici viennent de plusieurs pays. Ils sont un peu plus d’une centaine. Des écritures variées donc autour de ce mot qui trace des lignes entre les humains, et sur le sol de leur planète. Richesses des points de vue. Témoignages et solidarités. Un livre dense !
Un livre à lire et à relire, lentement, et à méditer. Un livre pour accompagner ceux qui cherchent un monde plus riche en humanité.
Une anthologie qui au-delà du Printemps des Poètes 2023 jalonnera longtemps la poésie du 21e siècle.
On est parti. On est en marche. Grâce à l’usage d’untu l’autrice nous embarque. Elle nous suit telle une ombre ; la solitude du marcheur ne craint pas l’ombre.
…
Toi, séduit par l’âpre beauté du paysage, tu t’attardes.
Tu te laisses dévisager par les arbres.
La patience de la roche ;
La danse lente du chemin.
…
Les mots viennent à leur rythme et pas après pas deviennent texte, puis plus tard livre. La méditation du marcheur… Combien de poètes l’ont suivie ? Combien de marcheurs ont rencontré la poésie en chemin ?
L’écriture et la marche, complices de longue date… La marche et la réflexion ; l’écoute et l’attention à l’instant aussi. On tourne ainsi les pages de ce livre comme des lacets pour atteindre ces espaces plus hauts que soi-même et se mettre au monde. Traverser des espaces que le temps a traversés, laissant quelques traces que l’on écoute ou contemple en passant. On s’interroge sur le futile des jours. Sur ces jours bâtis sur l’absence. Absence des ancêtres, des trop tôt partis, multiples absences qui nous tiennent les mains au fond des poches.
On marche sur un sentier. On sait qu’il a mille ans autant qu’un jour. On sait qu’au fond l’horizon se fermera un jour. On avance, on pense, on s’accorde et puis, paisible, on rentre.
Roman
Titre : Sidéral
Auteur : Antoine Blocier
Éditeur : Horsain
Année de parution : 2 021
Voici un roman de Science Fiction qui interpelle. On est dans un futur relativement proche. Pas bien loin de la Terre : dans une station spatiale internationale. L’héritière de l’ISS. On y retrouve des ingrédients dont on est déjà abreuvé aujourd’hui : l’intelligence artificielle, la recherche scientifique, les mille pauvretés des peuples, l’espoir d’un monde meilleur, le pouvoir politique, le pouvoir économique.
Autrement dit on est en équilibre entre la fiction et la réalité. C’est subtil et puissant. Bref, tout en tenant le lecteur en haleine, ça interroe et interpelle.
Patrick Joquel, Page control, éditions de la Pointe Sarène.
Cairns 32 : Frontières, hiver 2023
Prochains voyages/livres :
Peymeinade, 13 et 14 mars. Rencontres avec les classes cycle deux des trois écoles de la ville pour préparer le 3e festival Mots et Papiers. Atelier d’écriture : un poème/classe sur le thème l’école ici/ailleurs, l’école de nos rêves, l’école pour tous. Le jour du festival, avec un artiste, illustration du poème à la craie sur le goudron de la cour de l’école Mirabeau. Le 13 mai de 17h à 22h
15 mars, atelier d’écriture à la médiathèque de Signes (83). haïku.
Jeudi des mots chez Pauline à Nice école de Coaraze 06 le matin Anthologie Frontières éditions Pourquoi viens-tu si tard/ cairns 32 Frontières le soir chez Pauline, Nice le Port 16 mars 20 avril 15 juin
Printemps des poètes : Frontières 21 mars : Breil/Roya 06 22 mars, printemps des poètes à Cannes, avec Cannes Jeunesse.
23 au 25 mars, ateliers d’écriture à la Médiathèque d’Antibes (06) ; en lien avec une expo Prévert. Intervention également durant la journée professionnelle : pratiques d’écriture : pistes pour lancer de l’écriture.
30 mars école Fénelon, Grasse ; suite du projet ce2 en voyage ;
1er mai : chemin de Durcet (61) : inauguration des nouvelles balises/poèmes et signatures.
INSPE de Nice (06) : formation 2de deux groupes d’étudiants à la poésie
Mercredi 21 septembre découverte de l’édition poésie contemporaine (jeunesse) présence du poème dans la classe, éléments de regards…
mercredi 7 décembre
ateliers d’écriture
– retour sur les premières semaines de classes
– lecture suivie d’un livre de poèmes
– ateliers d’écriture
mercredi 10 mai 2023 : haïkus et lecture suivie
Peymeinade, 06, troisième festival du livre en plein air, le samedi 13 mai 2023. Cette année l’événement se fera en semi-nocturne de 17h à 22h.
14 mai 9e fête du livre de Gonfaron (83)
Du 2 au 4 juin : festival du livre de Grimaud (83).
Éditeur : L’Ail des ours, collection Graines d’ours 1
Année de parution : 2 022
Un livre de poèmes se joue sur le temps long. Sur des années. Bien souvent les éditeurs de poésie ne disposent pas de ce temps long, pour diverses raisons (santé, économie…). Au fil des années, un livre de poèmes devient plus ou moins « collector », rare et une bibliothèque de poésie recèle ainsi des trésors de poèmes bien sûr, mais aussi d’objets rares, d’histoires humaines partagées. Ce livre d’Albane Gellé, elle l’explique elle-même, a une histoire qui commence en 2001 au Dé Bleu, puis s’est poursuivie en 2014 chez Cadex. Les deux tirages sont épuisés depuis longtemps ( j’ai un exemplaire du Dé Bleu : En toutes circonstances). Le livre renait aujourd’hui dans la collection Graines d’ours des éditions L’Ail des ours.
Pas tout à fait le même, pas tout à fait un autre, il aura sa place dès la maternelle et au-delà bien sûr. Les images de Valérie Linder portent la légèreté des rêves et s’accordent ainsi aux poèmes. Des poèmes courts, des poèmes pour regarder le monde d’un autre œil, celui d’un imaginaire rêveur et tranquille. Une jolie pépite que cette nouvelle édition.
Le temps du livre échappe à l’actualité, au rythme des infos qui jalonnent nos jours. Il aura mis dix ans à me rejoindre, au hasard d’une rencontre avec l’auteur lors d’une dédicace à Cogolin. Jean-Michel Delambre a écrit ce livre dans le Nord. Près de ce qu’on a appelé « la jungle de Calais ».
Une traversée de France. Comme un écho aux traversées de ceux qu’on appelle « migrants » ou « sans papiers »…
Ce petit livre de poèmes est une rencontre avec quelques uns de ces hommes partis de chez eux pour une lointaine Angleterre.
Un témoignage. Un bouleversement.
On ne peut pas rester insensible à ces détresses, à ces volontés. Les mots aussi les accompagnent autant que les repas gratuits des associations, les tentes et couvertures offertes ou les soins des Médecins sans Frontières.
Un petit livre qu’on lit sans le lâcher ; puis qu’on relit. Le temps de mettre des corps, des regards, des espoirs sur ces silhouettes, ombres évoquées.
Comment la poésie s’empare des actualités ? Comment créer des passerelles entre le réel, l’humain et les mots ?
Jean D’Amérique propose dans ce livre une piste de réponse. Une piste car chaque poète arpente la sienne et aucune ne se ressemble sinon par le sujet.
Des poèmes oui, chacun peut se rendre indépendant ; mais aussi un « comme un récit ». Une suite de texte qu’on peut lire d’une traite, qui offre une possibilité de mise en voix autant qu’en scène (ce qui a été réalisé en Avignon en 2021).
Des poèmes sur la liberté, le désir d’aller, d’ouvrir portes, fenêtres et cœurs. Des poèmes sur l’exil, la migration. Des poèmes sur la douleur de vivre en chemin, en terre inconnue autant que sur la joie d’être vivant sur le chemin.
Un livre dense, fort et plein d’espoir. D’optimisme. Aller de l’avant, prendre le risque, oser la liberté. Des mots qui accompagnent toutes celles et tous ceux qui hésitent à se mettre debout, ou bien qui ont déjà commencé à marcher.
anthologie établie par Ella Yevtouchenko et Bruno Doucey
Éditions Bruno Doucey
Année de parution : 2 022
Un livre né dans l’urgence. Les premières pages témoignent de la gestation et de la préparation de cet ouvrage. À quoi bon des poètes ? Une tentative de réponse parmi tant d’autres. En un peu moins de 300 pages. Une tentative de donner la parole à ceux qu’on n’entend pas, à ceux dont la voix est couverte par le fracas de la guerre. La langue en partage, au-delà des langages, la langue des humains pour tenter de vivre plus haut que possible.
C’est la génération Maïdan qui ouvre cette anthologie, une génération née dans les années 80/90. Puis au fil des pages, les poètes vieillissent…
Ella Yevtouchenko, une jeune femme devenue passeuse de tous ces textes ; elle les a traduits en français, Bruno Doucey a veillé à leur adaptation (j’en sais quelque chose pour adapter les textes de BD et de mangas Ukrainien des éditions Studios Minimus en français).
colliers de jours identiques
matins d’espoir soirs de fatigue
jours gris comme perles d epluie
fil après fil
le temps de la guerre tresse sa corde
entre une ville et une autre ville
entre hier et demain
entre pouvoir et devoir
notre amour
vaillant
funambule au-dessus de l’abîme
Olena Herasymiouk
Avec deux extraits de sa Chanson de prison, poème épique mis en scène en 2016 à Kyiv.
j’ouvre les fenêtres et j’entends le feu
j’ouvre les yeux et je vois le feu
je sors sur la place et je vois le feu
les garrots tourniquets fondent
las wagons transportent du feu
ce n’est pas de la musique qui tinte des cafés, mais du feu
je rencontre des gens mais ne vois que le feu
….
*
Grygoriy Sementchouk dirige depuis 2015 le festival international Mois des lectures et des auteurs à Lviv.
… je rêve parfois de cette journée d’août
et du silence
le silence
le silence déprimant de la guerre
qui dure réellement
et pas seulement en rêve
*
Bohdan-Oleh Horobtchouk
les poèmes se répondent, comme des échos d’humanité.
… le silence est le chant des torturés à mort
qu’il est impossible d’entendre
le monde tourne comme un disque rayé
avec des sillons circulaires comblés de corps
et des trous d’obus sur lesquels trébuche l’aiguille de l’attention
les restes calcinés de la poésie
attendent qu’on les enterre
la corneille
mère noircie
s’incline sous le cri
3 avril 2022
…
*
Iryna Tsylik
Que perdons-nous alors ? Nous, libres, joyeux et amers.
Nous tenons un bouquet de souvenirs et une touffe de bonheur.
…
mais ici nous détenons pour l’heure
des aubes rouges dans les champs de mines et de coquelicots,
des petits-déjeuners paresseux, du vin, de la rosée, de l’eau.
Des visages bronzés et tannés. La route et sa poussière.
Printemps, été, automne, hiver… et puis la guerre.
*
et ce poème d’Oleh Kotsarev qui me renvoie à un autre d’Henri Michaux
Henri Michaux d’abord :
J’étais autrefois bien nerveux.
Me voici sur une nouvelle voie :
Je mets une pomme sur ma table.
Puis je me mets dans cette pomme.
Quelle tranquillité !
Et celui d’ Oleh Kotsarev
Conversation pendant le ménage
à quoi penses-tu ?
Certainement pas à la pomme sous le canapé
je suis poète tout de même
oui tu es poète
et c’est pourquoi tu dois penser
à la pomme sous le canapé
*
Halyna Drouk
Vieillir à cause de l’actualité,
avoir les cheveux gris de fumée noire,
à travers le trou béant
d’un immeuble qui fume encore
voir le lointain soleil de l’Europe se coucher
…
supporte-nous comme de mauvaises actualités
supporte-nous comme des médicaments incommodants
supporte-nous comme un accouchement prématuré
ce qui naîtra sera à toi
que ce soit suave
que ce soit amer
*
ludmyla Khersonsky
guerre. Jour 102
bonjour, bienvenue à la maison.
Pardon, on n’a pas fait le ménage.
Hier un missile est tombé dans la cuisine
après avoir détruit plusieurs étages.
Pour cuisiner c’est très inconfortable,
ici il y avait un poêle, là une table,
pas grande, couverte d’une nappe brodée,
ne vous déchaussez pas, il y a partout des éclats,
allez dans le couloir qui se trouve entre deux murs,
asseyez-vous sur le sol, je vais y poser une couverture,
servez-vous, mangez des sucreries, prenez-en plus,
faites comme chez vous.
Juin 2022
*
impossible de citer tous les poètes de cette anthologie, une seule urgence : entrer dans une librairie et se le procurer. Des textes d’absence. Des textes du quotidien : abris anti-aériens, cimetières, soldats… des textes qui résonnent avec les images que l’on reçoit en France ou ailleurs. Leur force est dans les mots, dans la voix. Les poètes complètent l’information. Ils l’accompagnent de leurs voix, de leurs mots, de leurs émotions. Il ne s’agit pas de débattre entre le journaliste, le combattant, le civil, le poète mais simplement de rester unis dans la détresse, unis dans l’espoir d’un jour la paix.
à découvrir sur mon site page d’accueil avec le dernier cairns, et les trois bandes dessinées Ukrainiennes que j’ai adaptées en Français.: https://www.patrick-joquel.com/
jeudi 17 et vendredi 18 novembre : à l’école Fénelon de Grasse (06) trois classes Ce2, thème Voyage. Suite et suivi du projet. Autour des livres : Que sais-tu des rêves du lézard, Qu’est-ce qu’un regard, Éphémères d’un bouquetin, Bomoth O’Baldourke.
1 et 2 décembre : Collège Monnet, Magny-en-Vexin (95). Rencontres avec cinq classes de 3e autour du haïku.
3 et 4 décembre : Salon du livre de Montreuil. Signatures au Calicot, au Jasmin et à l’Initiale.
mercredi 7 décembre : INSPE de Nice (06) : formation 2de deux groupes d’étudiants à la poésie
– découverte de l’édition poésie contemporaine (jeunesse)présence du poème dans la classe, éléments de regards… Mercredi 21 septembre
– ateliers d’écriture
– retour sur les premières semaines de classes
– lecture suivie d’un livre de poèmes
– ateliers d’écriture
le 9 décembre Cannes jeunesse ; Printemps des Poètes 23. Formation des animateurs14 /16h à Giaume. Puis rencontre avec les enfants des quatre maisons en janvier :
16/01/2023 : intervention Patrick EEL Riou 17h00-18h00
17/01/2023 : intervention Patrick EEL GIAUME 17H-18H
18/01/2023 : intervention Patrick EEL Picaud 9h30-11h00
20/01/2023 : intervention Patrick EEL RANGUIN 17h-18h
janvier/février 2023 : cap G (Grasse haut pays)(06) : Cette année, nous travaillerons avec 3 classes de primaire (Thorenc, Briançonnet et Escragnolles). Ainsi, chaque classe aura sur l’année 2 rencontres « atelier d’écriture avec un auteur ».
Les ateliers seront programmés sur les mois de janvier et de février (date à définir) et déclinés autour du thème « Le monde en mouvement d’hier, d’aujourd’hui et de demain » qui fait notamment référence au pastoralisme (berger, pâturage, transhumance…)
9 et 10 janvier : Escragnolles/Thorenc/Briançonnet (06)
6 et 7 février : Escragnolles/Thorenc/Briançonnet (06)
Printemps des poètes : Frontières
22 mars, printemps des poètes à Cannes, avec Cannes Jeunesse.
23 au 25 mars, ateliers d’écriture à la Médiathèque d’Antibes (06) ; en lien avec une expo Prévert.
plusieurs livres poésie, et en fin de dossier deux romans chroniqués.
poésie
Titre : Paradis
Auteur : Maxime Koulitz Thomas
Éditeur : Fatrasies éditions
Année de parution : 2 022
10,50€
Une première partie intitulée tourbe présente en une douzaine de petits pavés de prose un monde inédit ; rêve ou bien création en marche… On traverse avec l’auteur ce jardin pour finalement passer une porte qui pourrait bien se nommer Éden. C’est enjouée, drôle et mystérieux à la fois. Rimbaldien dans le ton et plein de surprises comme celle-ci :
...Seul un démon mesquin aurait pu vouloir leur mettre des bâtons dans les roues, ou verser un laxatif dans la bassine de sangria.
Une seconde partie vers tendre joue avec le sentiment amoureux. Un printemps enchanté, enchanteur où la personne aimée entre enfin dans la vie de l’auteur de ces poèmes. Les textes explorent les terres du désir et du manque avec force, humour et sensualité. Le lecteur se laisse emporter dans cette fougue et cet enthousiasme.
10
Christ immense
et pleine d’amour
accepte-moi
au creux de toi
qu’il me soit permis
de croire en toi
Aborder ainsi le thème de la Foi aujourd’hui en poésie est difficile, l’auteur y réussit avec une belle économie de moyens ; sans jamais tomber dans la mièvrerie mais au contraire en ouvrant des perspectives à méditer. Une Foi tournée vers l’Autre et vers les autres. L’écriture ici témoigne d’une dynamique de vie au quotidien. Cette dynamique rejoint le lecteur et l’entraîne vers un au-delà de soi-même.
Les deux dernières parties de ce recueil : la cuirasse craquée et infiniment merci présentent de courts poèmes en prose. On y navigue à vue, de l’un à l’autre, comme on traverserait un torrent de montagne en sautant d’une pierre à l’autre. En prenant le temps d’observer sur chaque caillou le paysage (visuel, sonore, tactile…).
Toujours faire chemin seul, mais laisser ce fantôme rosâtre souffler dans votre cou. Constater que cela est bon.
Vivre nu parmi les Adamistes et les grenouilles qui bondissent. S’endormir dans un fossé comme un ivrogne ou un bienheureux de l’âge d’or, gavé de contentement. Oh ! Qu’il en soit ainsi !
Un livre à lire et à relire dès seize ans et jusqu’à l’infini pour les questionnements qu’il porte, les jubilations qu’il offre et les surprises qu’il ouvre au lecteur.
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Titre : Forêt(s)
Auteur : Anthologie
Éditeur : Donner à Voir
Année de parution : 2 022
9€
Une anthologie en format petit carré, la collection phare de Donner à Voir. Papier recyclé et 365 exemplaires. Premier livre édité depuis le décès du fondateur Alain Boudet. Cela marque le désir de poursuivre l’aventure de la part de l’association.
46 poètes ou artistes et presqu’autant de poèmes sur le thème de la forêt. Un thème cher à Donner à Voir : arbre, forêt, papier recyclé et autres titres en témoignent.
Des poèmes courts. Lisibles par tous. Bien terrestres. À mettre dans les mains de tout lecteur à partir de 6 ans.
Éditeur : éditions du Centre de Créations poru l’Enfance de Tinqueux
Année de parution : 2 022
5€
Où est la poésie ? Qui est-elle ? D’où vient-elle et où va-t-elle ? Dans ces petits pavés de prose Jean-Louis Massot s’interroge autant qu’il nous interroge. Cette indéfinissable poésie. Ce moment où elle passe dans notre vie. Bref instant. Dont on se souvient ensuite. Longtemps.
Elle n’est jamais là où on le croit. Toujours ailleurs. Toujours différente. Toujours en décalage. Une invitation à l’autrement.
C’est aussi un jeu. Celui de l’humour façon il court il court le furet… et cet esprit d’enfance que j’appelle dans un de mes livres (Vivre m’étonne, marcher m’interpelle) le petit surpris que tout étonne et amuse.
La poésie, c’est aussi les gens. Ce sont les trois derniers mots de ce petit ouvrage et ils témoignent de toute l’humanité bienveillante de Jean-Louis Massot.
un livre comme un itinéraire, peut-être. On part. De loin. En fait non, on part de chez soi et on va loin. On laisse beaucoup derrière soi. Il y a la mémoire, certes, mais elle aussi s’efface… on arrive quelque part. On s’y installe et on commence un jardin. Comme ceux qui ont vécu là avant nous, autour du même puits ; sur le même plateau… On vit. Un enfant. La vie. Une maison. Ses aubes. Une vie comme une carte postale : toujours en mouvement.
Un livre silencieux. Contemplatif. À l’image de ce territoire du Sud de la France : aride et rocailleux.
Un livre à emporter avec soi pour les journées d’extérieur et de solitude.
À partir du collège et bien au-delà ; car la poésie échappe aux cases lecteurs.
220 pages. Autant de poèmes, autant de poètes. Jacques Ferlay a rencontré des dizaines de poètes au cours de sa vie. Chez eux. Lors de salons du livre ou de rencontres poétiques, de lectures. Chaque rencontre donne lieu à un poème. Un souvenir de la rencontre. Un portrait du poète rencontré. Ou de la poète. Il nous offre ici un panorama de la poésie des années cinquante jusqu’au années 2015. C’est l’œuvre d’une vie. Un parcours. Une amitié en mouvement.
En toute simplicité, il nous la partage.
Un livre que toute bibliothèque spécialisée en poésie se doit de mettre en rayon et en valeur.
la neige sur la terre. Les traces de la vie qui passe. Le blanc du papier. Les traces de la vie qui écrit. On écrit sur la neige ; ça disparaît. On écrit sur le papier ; ça dure un peu plus.
La neige. Le poème. Dans les deux cas : le silence à perte de vue ; à perte d’oreille. Ça éblouit tout ce silence ; toute cette lumière.
Ça reste mystérieux :
Sur la neige
le pas
sous la neige
Poème
comme une neige d’avril
comme la surprise au matin devant ce paysage nouveau, immaculé, lumineux. Le poème place le lecteur dans cet état de contemplation. Pas forcément tous les poèmes, bien sûr (il y a tant de voies et de voix dans la poésie) mais certains poèmes portent un silence ébloui. Comme une neige d’avril.
Neige sans nom
à heurter l’infini
deux vers qui parlent au skieur que je suis et qui dans les longues randonnées hivernales vers un col ou une crête du Mercantour monte ainsi vers le bleu pur de l’hiver.
Bleu une brûlure cet absolu
Un livre à lire en tournant les pages face aux flocons dehors. Ou bien en contemplant le paysage immaculé à l’aurore et au petit matin. Ou bien aussi au crépuscule. À chaque heure la couleur de la neige évolue.
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Autrices : Samantha Barendson / Estelle Fenzy
Éditeur : La Boucherie Littéraire
Année de parution : 2 022
14€
De toutes façons
après 50 ans
si au réveil
tu n’as mal nulle part
c’est que tu es morte
Voilà pour donner le ton de ce livre. 50, c’est donc les années. La cinquantaine, pour les femmes, c’est une étape que nous ne connaissons pas, nous les hommes. On est comme ici le lecteur : présent.
Une étape traitée ici en poésie. C’est rare et tendre. Osé aussi. Mais nécessaire. C’est surtout traité avec humour. L’humour cette élégance qui permet de dire, y compris ses douleurs, ses doutes, ses peurs, comme ça, l’air de rien et sans y toucher. Avec le sourire. Se moquer de soi et du monde, pour continuer à tourner les pages des jours. Tenir. Aller vers. L’objectif n’est pas de s’arrêter au mitan de sa vie (ou à peu près) mais d’aller plus loin bon pied bon œil.
C’est ainsi qu’on suit les deux autrices de ce petit bijou : d’étincelle en étincelle et avec cette bienveillance de ceux qui partagent ce « tu sais, c’est pas toujours si facile… ».
un livre à offrir à toutes les femmes bien sûr, mais aussi à leurs compagnons.
Des photos prises il y a une quarantaine d’années en Bretagne. En argentique. Si la photographie a évolué depuis, la rivière coule toujours et les fougères continuent à pousser. Des paysages tranquilles, paisibles. On feuillette ces photos avec une fraîcheur « elfique ».
Jean-Claude Touzeil les accompagne de courts poèmes, en écho. Il mêle son imaginaire et ses émotions aux regards d’Yvon Kervinio. Son humour pétillant aussi. La rumeur du monde est présente également, comment l’ignorer ?
Cela donne un livre lumineux. Tout simplement. À offrir à Noël, pour un moment de paix (ou à une autre occasion). À offrir et à s’offrir aussi.
Colombe
Il en coulera
de l’eau
sous les ponts
avant que la colombe
ne revienne
entre deux missiles
nous apporter
son brin d’olivier
Parfois j’ai peur
qu’à son retour
on la retrouve
le bec dans l’eau
*
ronds
Il te faudra
prendre un bel élan
à partir de la berge
pour sauter franco
au milieu de la rivière
et traverser
les flaques du soleil
Aller à la rencontre
de l’enfant
que tu fus
assis sur la rive
à la pêche aux images
De l’enfant
que tu es encore
celui qui lance
des cailloux
histoire de faire
des ricochets
trois ronds
dans l’eau
*********
Titre :Brisées
Auteur : Gérard Le Goff
Éditeur : Encres Vives 516e
Année de parution : 2 022
6,20€
On ouvre ce 516e cahier d’Encres Vives sur 64 quatrains en vers octosyllabiques. Et on se retrouve à un rendez-vous : en fin de nuit, direction l’aube. Ce moment souvent paisible où la lumière revient de l’Est jusqu’à l’aurore et le nouveau jour. D’abord le silence, celui de la hulotte et des chauve-souris… puis l’envol des oiseaux, de tous les oiseaux du matin. On entre dans le jour, direction midi. Les aventures du jour, jusqu’au crépuscule. Jusqu’à la nuit.
Puisque jamais ne dort le monde
Ecoute les bois de la maison
Craquer leur rêverie de forêt
Au jour ignore les fausses nouvelles
La seconde partie de ce cahier nous emmène en voyage : Londres, Inverness, Rome, Florence, Venise, Bruges, Barcelone… Europe, Méditerranée… Des quatrains de voyage… à contempler comme autant de souvenirs.
Troisième partie a pour titre : Nul dit jamais ne restitue. Le poème comme vecteur de la perte. Il fixe et perd en même temps son objet. Les mots ne sont jamais à la hauteur du réel ; juste un miroir voilé.
Un long poème coupé en strophes de dix vers. Une strophe par page. Un personnage : Line (que chacun peut nommer à son goût) ; un paysage : le Nord Ouest de la France, baie d’Authie, la Somme. Une mélancolie. Une rivière. Les bains dans la rivière l’Avre. Une vie. Une vie de femme. Avec ses fils à linge dans le vent, comme un clavier. Ses parties de cache-cache, ses marches funambules sur la margelle du trottoir. Ses moments de cuisine, de bals etc. Tout le quotidien de chacun. Une vie. Une vie de mère. Un enfant, un garçon. Qui grandit, qui échappe, qui s’échappe définitivement emporté par la mort. Reste le silence. Les souvenirs. Tous les morts de ce territoire qui a connu multiples guerres. Tous ces squelettes, ceux des morts qui ont dansé un jour et ceux des vivants qui dansent aujourd’hui. Les mûres de la fin d’été que tous ont goûté, les uns après les autres. Les moments de faim, de peur, d’amour, de désespoir. Toutes ses vies. Une seule vie humaine.
Nous portons les mêmes interrogations, les mêmes souvenirs, les mêmes désirs. Chacun à son degré, nos vies ne sont pas toutes exactement pareilles. Chacun selon sa différence. Chacun unique et tous pareils.
Un livre comme une méditation sur le vivre et mourir. Sur ce mystère de la vie. Un livre comme une petite voix amie, à lire à petites gorgées.
Un numéro consacré en grande partie à Anne-Lise Blanchard. Un panorama de son écriture via différents regards, de ses engagements poétiques et bénévoles en Irak en particulier. L’écriture poétique est en soi un engagement humain et politique, Anne-Lise Blanchard en est un exemple.
Nos cœurs
peuvent-ils trembler du poids
de l’hiver
en même temps que
ceux qui dorment
sous le vent
*
Le jour pousse la fenêtre
m’accordant la grâce
de sa splendeur et demain
me visitera
singulier aussi
un autre jour qui suppliera
plus grande présence
entre la mésange du matin
et la résonance de la nuit
*
parmi les regards portés sur le travail d’Anne-Lise Blanchard, on trouve parmi d’autres, Florence Noël, Angèle Paoli, Jacqueline Persini qui lui consacre un long et bel entretien, au plus près du quotidien.
*
Parmi les autres poètes que ce numéro 101 de Traversées invite j’ai eu plaisir à retrouver Nadine Travacca, Chantal Couliou que nous avons publiées dans Cairns. J’ai découvert à travers quelques poèmes Fidèle Mabanza :
mot du voyage
une brume émerge de la terre
comme une île au milieu des eaux
la nuit enflée dissémine ses ténèbres
la tristesse demeure en moi
comme la pluie du ciel demeure dans la terre
traversant les couches de mes accablements
mes souvenirs chargés de supplices et d’angoisses
ressemblent à la nuit de dunes géantes
où le vent vient effacer les sillages du voyage
entre le rêve d’enfant et la nuit du voyage
comme un passé recouvert dans un linceul
s’interpose le vélum des nuages ombreux
*
la guerre est un jeu
il était là,
parmi les feuilles
accrochées au corps des branches
parmi ceux combattaient.
Il torturait la brume et les ténèbres
entre les formes et le silence des mers
entre la chair et l’os
sous l’effroyable
l’incroyable tempête des cris à mi-vois.
C’était un enfant de mon quartier
il était devenu le soldat
dont l’arme avait un visage,
un langage et un pouvoir.
Lui, l’enfant soldat du peuple,
n’avait pas de drapeau à défendre
ses jours étaient sans regard
son ennemi n’avait pas de visage.
Ses nuits inutiles
se passaient sur des corps mutilés.
Du fond de la vacuité
la guerre était un jeu,
le jet de grenade
était un jeu d’enfant.
Titre : Portulan 38
Auteur : revue
Éditeur : Voix tissées
Année de parution : mai 2 022
En couverture une œuvre de Danielle Le Bricquir. Le thème de ce numéro : l’éphémère. Thème traité par plusieurs poètes, vers libres ou bien classiques ; c’est varié. Quelques haïkus aussi, un entretien avec Catherine Andrieu, quelques notes de lecture. Un numéro bien plaisant à lire. On y retrouve entr’autres Chantal Couliou, Jean-Claude Touzeil, Nadine Travacca.
Voilà un roman que j’ai lu d’une traite un après-midi d’été. Le début déroute un peu : je me demandais où Raphaëlle Giordano allait m’emmener. Et puis j’y suis allé. Un bien joli bazar !
Dans ce roman vous allez trouver outre ce zèbre à pois, improbable magasin qui va déranger la ville où il s’est installé, des termes inventés comme l’audacité, un audaciel (ils seront plusieurs dans le livre, mais chacun est unique), des amateurs de rencontres silex. Des empêcheurs de rêver en liberté aussi.
Je ne dirai rien de l’histoire : ce serait gâcher la surprise.
Un livre à lire dès seize ans, et pendant les vacances, celles d’été ou les prochaines- histoire de se mettre en pause et comme on dit de prendre de bonnes résolutions pour vivre plus haut que possible.
Ambre, une adolescente, a un souci héréditaire : elle est une louve garou. À chaque pleine lune, elle va voir son grand-père qui l’enferme le temps de la transformation ; pour sa sécurité et celle des autres. Un secret bien gardé. Personne au collège ni en ville n’est au courant.
Problème : un loup garou entre en scène. Un autre. Qui ?
Autre problème : un nouvel élève dans sa classe. Un magnifique jeune homme. Entre l’ami historique et ce nouveau que va devenir le coeur d’Ambre ?
Une histoire comme on les aime : qui prend le lecteur par la main et le suit des yeux, page après page. Un univers incroyable et pourtant si proche de la réalité. Des sentiments. Des adultes pas toujours très clairs, ni très responsables. La vie. Comme quoi l’imaginaire vient vite confronter le réel et incite à la réflexion. Un livre dès le collège.
Ambre est recroquevillée sur le sol. Elle vérifie si elle peut bouger sans risque. Les chaînes de ses poignets glissent sur son flanc et lle faufile ses mains au travers des anneaux pour se libérer de leur étreinte. La jeune fille s’agneouille. Elle passe les doigts dans le collier de fer qui lui enserre le cou et griamce. L’odeur qui flotte dans la pièce lui donne un haut-le-cœur. Puanteur animale…
samedi 10 septembre : salon du livre de Breil/Roya (06)
Mercredi 21 septembre matinée INSPE de Nice (06) : formation 1 d’un groupe d’étudiants à la poésie
découverte de l’édition poésie contemporaine (jeunesse).
présence du poème dans la classe, éléments de regards…
ateliers d’écriture
dimanche 25 septembre : Cipières (06) fête du Parc Naturel Régional des Préalpes de Grasse, exposition photos/haïkus avec Laurent Del Fabbro et signatures.
Châteauroux les Alpes (05) : mercredi 28 septembre lecture à l’épicerie littraire à 18 h 30 pour la publication de Page Control aux éditions de la Pointe Sarène, ainsi que du cairns 31, et imprimés tous les deux sur les presses de Rions de Soleilpar Yves Artufel.
vendredi 7 au dimanche 9 octobre : salon du livre de Mouans-Sartoux (06) « être humain ? ». signatures avec la librairie Papiers Collés. Interventions dans les classes et
mercredi 7 décembre : matinée INSPE de Nice (06) : formation 2 d’un groupe d’étudiants à la poésie
retour sur les premières semaines de classes
lecture suivie d’un livre de poèmes
ateliers d’écriture
janvier/février 2023 : cap G (Grasse haut pays) : Cette année, nous travaillerons avec 3 classes de primaire (Thorenc, Briançonnet et Escragnolles). Ainsi, chaque classe aura sur l’année 2 rencontres « atelier d’écriture avec un auteur ».
Les ateliers seront programmés sur les mois de janvier et de février (date à définir) et déclinés autour du thème « Le monde en mouvement d’hier, d’aujourd’hui et de demain » qui fait notamment référence au pastoralisme (berger, pâturage, transhumance…)
Printemps des poètes : Frontières
23 au 25 mars, ateliers d’écriture à la Médiathèque d’Antibes (06)
Portées par la Province de Luxembourg, « Les Poésicales » ont pour ambition de mettre en relation des musiciens de la plateforme www.lampli.be et des poètes de la province de Luxembourg. Parmi ses objectifs, Les Poésicales cherchent ainsi d’autres manières de faire connaître un auteur, un musicien, un texte ou une œuvre pour toucher un large public et favoriser des rencontres inspirantes.
Cette année, Les Poésicales posent leurs valises dans un haut-lieu artistico-poétique de la province de Luxembourg : Virton. La finalité du projet sera la mise en chansons de textes poétiques, présentée lors d’un concert public à la salle « Le Franklin » (Virton), le dimanche 27 novembre à 15h00.
Les partenaires rassemblés autour de la Province de Luxembourg lors de cette 3e édition sont la Ville de Virton et sa Commission Culture, Musique Acoustique asbl, le Collectif Balaclava et la revue littéraire et maison d’édition « Traversées ».
Vous avez déjà écrit de la poésie dans la revue littéraire Traversées et vous avez une actualité poétique à proposer ?
Vous êtes un poète de la province de Luxembourg et vous avez publié un recueil ces 3 dernières années ?
Vous aimeriez soumettre un de vos textes à un compositeur, sélectionné par le jury artistique, pour entendre votre production transformée en chanson ?
Vous êtes disponible le 27 novembre 2022 pour découvrir le résultat, à Virton ?
Colette Andriot nous invite à passer un moment dans son jardin. Un jardin de ville. On s’y promène au milieu des fleurs, des arbres, des herbes folles. On y rencontre des oiseaux, des escargots, des lombrics. Du silence aussi. Des couleurs, des parfums.
Un voyage minuscule et quotidien : la vie tout simplement. La vie d’une planète, à hauteur de jardin. Un jardin de ville. Le tout petit rejoint l’immense. Rejoint aussi l’actualité : tout n’est pas aussi paisible que ce jardin en ce monde et l’autrice en est consciente. Consciente aussi des luttes pour vivre à hauteur de végétaux, d’animaux.
Rien n’est aussi simple qu’on croit le voir ; même le poème. Même ce livre. Y entrer, c’est entrer dans l’univers.
Les illustrations de Valérie Linder sont joyeuses et colorées. Elles incitent à la contemplation ; comme si on y était dans ce jardin.
Un beau livre à mettre dans toutes les mains et sans modération.
Le quinzième album carré de Voix Tissées, collection AAA. Une merveille de douceur et de couleurs. Les pages nous permettent d’entrer dans un jardin. De s’y promener. D’y rêver.
Bien sûr il y a la maison. Une de ses maisons à parfum de nostalgie d’enfance. La maison du bonheur innocent. Et le jardin. Immense. Mystérieux. Toujours pareil et jamais identique. Les jeux. Les oiseaux. Les fleurs. Les insectes. Les cachettes. Le fil des jours heureux. Des jours colorés.
Des poèmes pour embaumer l’esprit du lecteur.
On est bien dans ce livre et les illustrations donnent une part colorée aux rêves de lectures.
Une réussite.
À mettre dans les écoles dès la maternelle et bien au-delà bien sûr.
Titre : L’âcreté du kaki
Auteur : Gorguine Valougeorgis
illustrations : SIXN
Éditeur : Mars-A
Année de parution : 2 022
15€
première partie de ce livre : L’âcreté du kaki
Il y a la vie de tous les jours. Les mots de tous les jours. Les rues de tous les jours, comme celle qui mène à l’école. Les arbres de tous les jours, comme le kaki de la rue qui mène à l’école. Les fruits de saison, comme le kaki que l’on cueille et offre à sa petite sœur. Le kaki qu’on aspire et dont le jus dégouline au menton.
Rien n’est plus beau que les secondes…
qui font du kaki rond un jus
coulant son son menton que sèche son rire
La vie de tous les jours.
Et puis il y a la terreur.
Le ciel a
tous les cerfs-volants
avalés
plus un rêve ne vole dehors
il y a l’enfer maintenant
Le désir de partir pour survivre. Le départ.
Une frontière comme une ligne
une corde à sauter
L’exil. La vie d’un migrant comme on dit. La vie de tous les jours d’un migrant. Une vie à traverser les mers. Les pays. Les gens. Ceux qui te voient. Ceux qui ne te voient pas. Ceux qui te sourient et ceux qui ne te sourient pas.
La vie de tous les jours d’un jeune migrant vendeur à la sauvette de cigarettes place de la Chapelle à Paris
… cet œil adolescent
qui vient à peine d’éclore
mais qui
n’a déjà plus rien dedans
même plus une larme
où se baigner…
…il passe sa vie
à passer
d’un pays à l’autre
d’un trottoir à l’autre
d’un quartier à l’autre
d’un papier à l’autre
d’un rejet à l’autre
d’un boulot à l’autre
d’une pelle à l’autre
d’un balai à l’autre
sans qu’on le voie
…
voilà des mots pour accompagner le cheminement d’un adolescent migrant ou d’un migrant adolescent, on ne sait plus trop dans quel sens mettre les mots. Le cheminement d’un être humain. Des mots partagés lors de rencontres entre l’auteur et le jeune homme. Des mots à partager à notre tour. Des mots pour apprendre à voir aussi.
Deuxième partie : Reflet rouge
l’auteur, issue lui-même et comme tant d’entre nous, d’un voyage, d’un exil, d’une migration : parents, grands-parents… s’interroge à son tour sur sa présence ici. Comme beaucoup d’entre nous. À partir de combien de générations est-on d’ici ? Avec quel service rendu à cet ici qui pourrait être ailleurs ?
Qu’est-ce qu’on a perdu (sans le savoir vraiment puisque cette perte vient d’avant soi) ?
Gorguine Valougeorgis semble nous dire à travers ses textes que le langage avec ses langues multiples est une clef pour dire son identité. Une car il en existe plusieurs, comme celle qui permet de s’ouvrir à l’autre, de l’accueillir et de cheminer avec lui. Et tant d’autres à découvrir…
les encres et aquarelles de SIXN vibrent en silence avec les poèmes. On reste à les contempler en entendant résonner les mots du poème.
Un livre dense à offrir, à partager et à donner à lire dès le collège.
Une recueil de poèmes confinés. Périodes que nous avons tous traversés, chacun à notre manière. Pour Chantal Couliou, ce fut avec les mots (stylo, crayon ou clavier, peu importe). Elle n’est pas la seule poète à avoir exploré ainsi cette traversée. D’autres livres sont écrits et ont déjà été ou seront publiés autour de ces moments.
Des poèmes écrits derrière la fenêtre, alors qu’il fait si bleu dehors… Et le bleu en Bretagne…
des poèmes qui s’interrogent sur la fuite des jours. Sur la fragilité de la vie, de sa vie. Des poèmes qui cherchent l’espérance.
Inventer
une nouvelle cartographie
de la terre
pour se frotter au monde.
Pourquoi
ce besoin de bouger,
ce besoin d’échapper au quotidien,
ce besoin d’explorer l’inconnu, ce besoin de lever l’ancre ?
Un petit livre de poèmes pour accompagner les derniers mois d’une mère. Comment se tenir face à ce bientôt l’absence, ce bientôt vide ? Face à la douleur de l’autre ? Cette douleur physique qui prend le dessus sur tout le reste ? Cette tristesse infinie ?
La maman, dit Julien Bucci, se récite des poèmes. Des poèmes appris par coeur, pour atténuer sa douleur.
les mots mantras
s’approchent de ton chevet
ils viennent en nombre
te rassurer
ces mots
tu les tenais
les retenais par cœur
au fond ces mots c’était
déjà
de quoi tenir
On est tous confronté plus ou moins tôt, plus ou moins souvent à ce rendez-vous avec la mort. Le vide. L’absence. Avec cette interrogation sur la vie ? Les poèmes suivent ces points d’interrogation.
Les mots qu’on partage, aussi simples soient-ils, permettent de garder le lien entre celui qui reste et cette qui s’en va. Le langage et la pensée façonnent notre humanité. Quand disparaît toute parole, la vie disparaît aussi.
La solitude cependant n’est jamais totale, même au fin fond de la douleur
Éditeur : LE CENTRE DE CRÉATIONS POUR L’ENFANCE DE TINQUEUX www.danslalune.org
Année de parution : mai 2022
Un second numéro que l’on peut lire sur écran ou que l’on peut imprimer. Huit pages, 5 poèmes, 5 poètes et une règle de jeu d’écriture proposée par Bernard Friot.
Les cinq poètes : Chiara Carminati, Mélanie Leblanc, Sandra Lillo, Charles Pennequin,Thierry Renard.
Des poèmes à partager en classe, avec les amis, en bcd ou cdi, médiathèque. Lire ou écouter un poème par jour au minimum est bon pour la santé mentale, le moral et la vie, une petite revue supplémentaire permet ainsi d’augmenter même discrètement la présence du poème au quotidien. À chacun de la donner à d’autres comme une chaîne d’amitié.
Un numéro spécial consacré aux violences des guerres. Des poèmes, des images. L’art comme témoin, comme solidarité, comme partage, comme désir d’humanité. Pour aller un peu plus loin, un peu plus haut.
Un numéro spécial à donner à lire, à partager.
Ce sont ces petits signes d’humanité qui portent et accompagnent l’humanité vers un horizon un peu plus humain.
***
Aujourd’hui c’est mon jour de service… Aujourd’hui c’est mon jour de service, je veille sur notre champs dont la terre réchauffée sourit au printemps, au-dessus de moi des avions volent comme des oiseaux de fer, je les observe pour voir si c’est l’ennemi et si des visiteurs importuns avec leurs parachutes n’arrivent pas, mon chien est avec moi, j’appelle ma femme pour demander comment elles vont, elle et notre fille, elle me répond qu’elles sont dans un abri anti-aérien, qu’elles attendent que l’alerte soit finie et je pense que pour qu’il n’y ait pas de guerres, il faut fabriquer non pas les balles, mais les produits paisibles de la culture, la poésie de l’évolution du bonheur général est ma position principale, c’est pourquoi je défends la construction de l’État sur la base du bien poétique !
35 Сьогодні моя доба чергування, охороняю наше поле, яке зігрітою ріллею посміхається весні, наді мною залізними птахами пролітають літаки, придивляюся чи не летить ворожий, та чи не приземляються непрохані гості з парашутами, зі-мною друг пес, телефоную дружині, питаю як вона там з дочкою, відповідає що сидять в бомбосховищі, чекають на відбій повітряної тривоги, а взагалі, для того аби не було війн, більше за кулі треба виготовляти мирні продукти культури, і поезія еволюції всещастя є моя головна позиція, тому захищаю конструкцію держави в основному – добропоетичну!