Une chronique de Patrice Breno

Daniel Charneux nous met en nage du début à la fin avec ce superbe roman, où la volonté d’aller plus loin, plus vite et l’amitié sans détours sont les thèmes-phares de cet opus.
Pete Miller veut rendre hommage à son ami Steve Prefontaine, dit « Pre ». Plus de 40 ans après, il veut se souvenir de ce qu’était Pre, champion mondial de la course à pied ; il a côtoyé les grands, comme Puttemans ou Viren.
Il faut avoir couru, comme je l’ai fait moi-même à un niveau amateur, entendons-nous, pour comprendre l’adrénaline qui nous pousse à vouloir davantage, dépasser celui qui était trop souvent devant soi, battre son propre chrono, savoir souffrir…
Pete, sous forme de journal, raconte l’aventure sportive de son ami Pre, avec qui il courait dans les années 1970. Des années 50 à nos jours, sur fond d’histoire américaine, nous suivons une véritable épopée sportive.
En parallèle, avec quelques amis, le narrateur nous relate une course-relais « Hood to coast relay », qui compte 1050 équipes de 12 coureurs, soit 12600 participants. En faveur de l’association pour le cancer, maladie fatale à l’épouse de Pete. Ce dernier et ses coéquipiers, hommes et femmes, s’y étaient engagés en 2018.
Ce roman se lit avec plaisir et le lecteur souffre avec les coureurs, applaudit les performances et prend un fameux bol d’air.
Des moments émouvants aussi !
Par exemple, quand Pete nous parle de la Saint-Valentin, nous retenons comme une boule dans le fond de la gorge.
Daniel Charneux, en véritable conteur, sait nous captiver ! Difficile, voire impossible de ne pas lire ces 150 pages d’une traite.
Quelques extraits qui sont aussi des modèles d’espérance et de bonheur :
« L’inspiration, nous le savons bien grâce à la course, est inséparable de l’expiration. »
« Sorte de Léonard de Vinci de l’époque, un décathlonien de l’existence. »
« Dans tous les domaines, amitié, courses ou filles, c’était un vainqueur ! »
« Ses performances, Steve ne les devait qu’à sa classe et à son travail. »
« Chacun de nous devrait peut-être noter sa vie avant de l’oublier. »
Daniel Charneux, né en 1955, a publié
- un recueil de nouvelles : « Vingt-quatre préludes » (2004) ;
- huit romans : Une semaine de vacance (2001), Recyclages (2002), Norma, roman (2006), Nuage et eau (2008), Maman Jeanne (2009), Comme un roman-fleuve (2012), Trop lourd pour moi (2014) et Si près de l’aurore (2018) ;
- des haïkus : Pruine du temps (2008) et de Si longues secondes (2010).
©Patrice Breno