Chronique de Nadine Doyen
Ultimes messages d’amour, Jean Chalon (95 pages- 12€) ; Éditions du Tourneciel, collection l’ Écureuil volant (1)
Jean Chalon, à l’oeuvre impressionnante (2) nous émeut dès son titre.
Voyons quels sont les messages d’amour qu’il distille dans cet opus.
Il débute par un vibrant et poignant hymne à celui qui fut « [son] soleil », une vraie déclaration d’amour absolu, éternel. Il lui dédie d’ailleurs ce recueil.
Il se remémore avec nostalgie ses 20 années à contempler chaque jour « [son] cher Ventoux », « Olympe d’aridité », « qui surpasse en splendeur le Kilimandjaro » et qu’il vénère comme « un dieu protecteur », un confident. Cette montagne aimée, il la considère comme sa seconde mère. Il avoue volontiers : « Je suis né du Ventoux » !
Il l’apostrophe et nous laisse entendre les secrets qu’il lui murmure.
Il ravive son enfance à Carpentras avec la sortie du vendredi matin au marché qui offrait un vrai spectacle.
Jean Chalon évoque ses disparus, présents dans « [son] éventail de la mémoire », qu’il peut déplier à son gré. La phrase qui clôt cet opus traduit la morsure de l’absence : « Toute heure passée loin de toi est une heure perdue. »
Il rend hommage à toutes les figures tutélaires qui l’ont accompagné : Colette, G.Sand, Natalie Barney, Alexandra David-Neil, Louise de Vilmorin, Michel Tournier.
Ceux-ci restent omniprésents dans ses journaux.
Rappelons que l’auteur a rédigé des biographies qui ont fait son succès. En tant que chroniqueur littéraire, il a fréquenté le Tout-Paris littéraire et côtoie toujours de nombreux écrivains. Il nous restitue certaines de leurs confidences (Julien Green : « Je déteste la mer, la montagnes m’ennuie. Les arbres ont toujours été des amis pour moi et je les ai toujours considérés comme des personnes ».
Il convoque les héroïnes de ses biographies. Trop de noms à citer, mais ne passons pas sous silence celui de Lola Flores , celle qui « incendia son coeur ».
Nul doute que vous partagez avec lui l’amour des arbres, des fleurs.
Sa passion pour les arbres, il la doit à un grand-père pépiniériste. Lui, que Marguerite Yourcenar appelait « l’ami des arbres » décline un vibrant plaidoyer pour leur protection, soulignant que certains sont guérisseurs et qu’ils communiquent entre eux.
Si des voyageurs collectionnent les cailloux, les coquillages lors de leurs périples, Jean Chalon, lui, rapportait « un morceau d’écorce d’arbre inoubliable ».
Comme Christian Bobin, il affectionne les nuages et sait débusquer des diamants dans trois fois rien. Par exemple une passagère dans le bus qui sort et dit : « Une caresse à tout le monde ». Il se délecte de « trésors » comme : « le sourire de l’iris, le chant du rossignol ». Il s’émerveille devant la beauté d’une pivoine, des roses. Parmi d’autres plaisirs simples qui le comblent : « Un chat qui dort. La visite d’un oiseau ».
Il égrène ses pensées au sujet de Dieu, de Narcisse, de la vie, de la vieillesse,
de la mort (« qui devrait être une fête »), du temps. Ajoute quelques confidences.
En diariste, il commente la vie contemporaine : « Les hommes sont devenus fous . Ils sont prêts à s’entre-tuer partout.Et la terre qui a peur se met à trembler. »
Jean Chalon livre un retour aux sources touchant, émaillé de poésie. Des moments de grâce qui n’occultent pas la gravité de la vie. Les nombreuses références littéraires, les anecdotes, les proverbes, enrichissent la lecture et réservent d’agréables surprises.
Pour puiser toute la quintessence de cet opus, soyez « un relecteur », comme lui.
©Nadine Doyen
31, rue des Chalets
67730 La Vancelle
(2)Voir en fin d’ouvrage la bibliographie augmentée de nombreuses préfaces.
BIOGRAPHIE & INFORMATIONS
Sur le site de Babelio
Sur la wikipédia