Chronique de Pierre Schroven
Accueil de l’exil, Anne Moser, Jean-Louis Bernard, Strasbourg, Les Lieux Dits éditions, 2015, (collection 2Rives)
Dirigée par Claudine Bohi et Germain Roesz, la collection 2Rives propose, je cite, de rapprocher les rives de la peinture, du dessin, du collage, de la langue et de la poésie. Issu d’une rencontre entre la peintre Anne Moser et le poète Jean-Louis Bernard, Accueil de l’exil est un livre où l’écriture prend appui sur l’espace suggéré des peintures et devient elle-même encre…
Parcourus de vent, de lumière, de traces, de désirs et d’espace, les poèmes de Jean-Louis Bernard ouvrent notre esprit à la présence des mystères, traquent ce que la vie dissimule et célèbrent la nature dans son mouvement perpétuel ; en outre, ils s’appuient sur un silence antérieur au langage pour construire une pensée à partir de tout ce qui nous échappe et capter le chant originel d’un ailleurs à vivre.
Ici, peintures et textes s’unissent avec bonheur pour devenir un lieu de questionnement où la vie est sans cesse réinventée ; ici, tout semble chuchoter l’existence d’un monde que le langage ne peut atteindre ; ici, enfin, tout donne parole à ce qui exulte en nous et autour de nous.
Accueil de l’exil est un recueil qui ouvre la voie à une autre écriture du réel, ajoute une dimension à la vie et ouvre des espaces auquel aucun regard ne s’habitue…
Ici veille
la poudre des chemins
légère souveraine
ici demeure
un silence millénaire
loin des voix à l’encan
tisse les matins arasés
au plombé d’une saison blanche
et les soirs au regard dentelle
des vieilles villes
dans les surplis du crépuscule
quelques spectres à contre-jour
quelques escales éphémères
entre-monde
où zodiaque et limon
s’enchevêtrent
jusqu’à n’être plus
que la cartographie ultime
du désir