Une chronique de Pierre Schroven
Jean-Marie Corbusier, Yves Namur, L’écrit se creuse, Montpellier : Editions Méridianes, collection Duo, 2025.
Malgré nos belles théories, l’essentiel et la réalité du monde nous échappe ; mieux, on vit la plupart du temps dans l’ignorance de soi et des choses. Bref, on à tout à découvrir d’une vie qu’on ne sait plus voir ni entendre. À travers ce recueil, Jean-Marie Corbusier et Yves Namur tentent précisément de nous donner à voir un aperçu du réel, une lueur éphémère de ce qui est. Se référant à l’innomé qui nous entoure, les deux poètes méditent ici la relation entre l’être et le langage, évoquent l’essence secrète des choses et sondent l’invisible réalité sensible pour en faire renaître les vibrations secrètes. Ici, chaque poème nous fait toucher à l’étrangeté de notre présence au monde, nous confronte à l’altérité du regard, nous éveille à une réalité autre tout en approfondissant le oui à la vie ; ici, chaque poème s’ouvre à ce qui n’a pas de nom, nous aide à appeler la vie en nous, à être plus présent à ce qui s’offre ; ici, enfin, chaque poème ouvre un espace à un silence qui n’a d’autre message que la vie dans son en train d’être, son mystère et sa lumière.
« L’écrit – disait-il – se
creuse »
et en parler n’est rien d’autre
qu’une lame de silence
posée
à même le sable mouvant
là sur l’éclat écarlate
éclaté
Fracture
qui mendie un regard
ramasser les mots
que vont-ils dire
tu apparais
tu disparais
tout est là

