Une chronique de Claude Luezior
Chemin d’errance de JAMILA ABITAR, Éd. Traversées, Poésie, 55 p., Virton (Belgique), ISBN : 9782931077030
Monologue où tout semble souple, coulant de soi telle une poignée de sable brûlant entre les doigts du destin, comme le suggère l’élégante couverture.
Terre de semailles nourricières également :
J’ai embrassé le soleil
et j’ai surpris debout les blés
faisant l’amour
Terre où le « tu » donne une dimension empathique :
Mes battements du cœur
suspendus à ton horloge
ont écouté ta voix.
À chaque dune de son itinéraire, Abitar burine une beauté rare et sculpte une fleur des sables, une fleur de partage. Bienveillance et humanité ourlent chaque vers. L’auteure transculturelle se meut à travers les âmes avec l’aisance d’une très haute tolérance et l’étonnement naturel du poète. Un Petit Prince semble se profiler à l’horizon.
Oui, la parole est vent thérapeutique qui dénoue, malaxe, bâtit :
Réussir à nous entendre
C’est résoudre les conflits par la langue.
Nous oublions souvent,
Que sous une montagne de colère,
Il y a un enfant à consoler.
La fin se cristallise en une sorte de « lève-toi et marche » : Il suffit parfois d’un mot / pour réveiller un mort. Même si l’on a sommeillé sur un tas de boue / de craintes, de fugitifs / j’ai armé mon corps / de l’impuissance de ce monde. Paroles quasi-bibliques.
Avec la magie de ses mots et beaucoup d’élégance, Jamila Abitar, par son amour, avive l’espoir au bord du puits.