Une chronique de Xavier Bordes
Jean Maison – Quatorze précédé de Tranchée Ouverte– (poèmes – Ed. Citadelle, 7 €)
Dans cette belle plaquette de poèmes, l’émotion est à chaque page, en poèmes brefs mais denses et limpides. Un poète « fils, petit fils et neveu » y célèbre en des vers très beaux la mémoire d’un père et d’un grand-père ré-imaginés – sans doute à partir de données mémorielles familiales – dans la période de leur participation à la guerre de 14-18 (de laquelle tous ne sont pas revenus, évidemment). Pas de noirceur ni de pathos dans ces poèmes. Juste l’expression de la force vitale et de la grandeur d’hommes confrontés à la face la plus menaçante de leur vie : la possibilité de la perdre. Dans cette situation, le poète revit et exprime les « essentiels » qui traversent la conscience de ces humbles héros, et la sienne, en des poèmes concis et magnifiquement justes, auxquels j’ai adhéré tout à fait :
Certains partent sans se sauver
Et rassemblent
Dans l’intimité du devenir
La lueur instinctive du présent
Avec leur parole d’hommes
En période de pandémie de Covid-19 où il est naturel que chacun se sente plus ou moins menacé du pire, la méditation à laquelle ces courts poèmes nous exercent m’a paru paradoxalement rassérénante et salutaire ! Le petit recueil est précédé d’une page et demie d’avant propos intitulé « Une mémoire inconnue », qui situe en une prose très pure la perspective des poèmes qui suivront. Une plaquette qui est un objet poétique parfait. Jean Maison est un discret grand poète.
©Xavier Bordes (Fév. 2021)