Une chronique de Patrice Breno

Dominique Zachary, Les frémissements du silence, roman thérapeutique, éditions Kiwi, 5, rue de Charonne, 75011 Paris, France, 2020, 283 pages. Préface de David Le Breton.
Dominique Zachary, journaliste et chroniqueur régional et judiciaire à l’Avenir du Luxembourg, essayiste, conteur, historien et romancier, a une panoplie de cordes à son arc d’écrivain. Chacune de ses publications est une découverte, tant il se révèle un passionné : l’histoire (La patrouille des enfants juifs, Racine, 2005 et 2012 ; Marie-Antoinette, La fuite en Belgique, Racine, 2001 ; Madeleine Ozeray, Racine, 2008), le conte (Le trou des fées, Memor, 1988, Weyrich, 2009) ; le roman (La traîtresse, Michalon, 2013)… ainsi que d’innombrables articles très pointus.
Revenons à son deuxième roman, publié en début d’année, juste avant le confinement : « Les frémissements du silence », publié aux éditions Kiwi.
Les éditions Kiwi (www.editionskiwi.fr), dont le siège est à Paris, proposent des livres de développement personnel, ainsi que des ouvrages sociologiques et ludiques.
Françoise, infirmière aux soins palliatifs « croisait la mort et l’inéluctable plusieurs fois par semaine », où « le patient prend irrémédiablement le train du terminus, sans billet de retour ». Françoise, à ses heures perdues, peint « les portraits des âmes douces ».
Alex, chef d’entreprise, est accaparé par son boulot et n’a pas le temps de faire autre chose, même pas de rejoindre sa mère qui vit ses derniers jours en clinique. Arrogant et sûr de lui, quand sa mère meurt, il règle les funérailles comme une formalité, en deux temps trois mouvements !
C’est la rencontre improbable de ces deux personnes, aux facettes humaines diamétralement opposées, qui va constituer la trame de ce roman. Une remise en questions qui provoquera un basculement, une forme d’apaisement aussi… conduisant à la patience et à la sagesse.
Ce roman est dans la veine des romans « feel good », ce qui fait du bien aussi dans les périodes incertaines que l’on vit actuellement. Au départ, un anti-héros, du pessimisme… Et puis, au loin, un coin de ciel bleu !
Le dévouement du personnel soignant non seulement mais de tout le personnel (administratif, ouvrier, de nettoyage, de cuisine…) qui gravite autour des malades n’est plus à démontrer. Dominique Zachary, inspiré par son expérience vécue avec ses proches, s’est amplement documenté pour écrire son roman thérapeutique (et il est vrai que ça fait du bien non seulement de penser à d’autres que soi, mais aussi d’agir selon ses propres moyens !). L’ont aidé dans sa démarche d’écrivain les responsables de l’unité de soins palliatifs, Eole, à Virton. (https://www.vivalia.be/servicesoins-palliatifs-virton). Le Docteur Michel Marion, fondateur et directeur de cette unité pendant de nombreuses années, actuellement directeur médical des Cliniques du Sud-Luxembourg à Arlon (Belgique), ainsi que l’Infirmière en chef Michelle Devos, ont relu « le manuscrit de ce roman et y ont apporté des remarques judicieuses ».
Dans un moment où des métiers plutôt occultés et peu soutenus comme ceux du personnel de soins et de santé et leurs auxiliaires de travail, le roman de Dominique Zachary prend ici toute son importance. Se dévouer, même s’il s’agit de « gagner sa croûte », à l’accompagnement, aux soins et au soutien des malades, des personnes âgées, grabataires, en fin de vie, atteintes de démence…, se dévouer pour ces personnes fragiles et fragilisées relève de la vocation pure et simple. De la grandeur d’âme ! Rien que le titre donne le frisson : « Les frémissements du silence » est bien un roman thérapeutique, car il ouvre les yeux sur un monde que l’on connaît trop peu ou mal ! Les soins palliatifs ou comment aider à mourir en toute dignité.
Il en faut du courage, de l’abnégation pour faire la part des choses quand on vient aussi près de la mort. Puis, sa journée de travail terminée, retourner chez soi, près des siens.
Rien ne prédestine à autant de patience et de sagesse !
Merci Dominique pour ces pages magnifiques sur un sujet pas facile du tout !
©Patrice Breno