Adelheid Duvanel, Délai de grâce, traduit de l’allemand (Suisse) par Catherine Fagnot, éditions Vies Parallèles, Bruxelles, 2018.

Adelheid Duvanel, Délai de grâce, traduit de l’allemand (Suisse) par Catherine Fagnot, éditions Vies Parallèles, Bruxelles, 2018.

Les pages ne sont pas numérotées

Sont rassemblés sous ce titre quelques textes courts. En une seule page, grâce à quelques mots simples, incisifs, Adelheid Duvanel dresse des portraits aux teintes bouleversantes. Elle raconte la vie de ceux qu’elle croise, elle se reconnait parfois dans leurs déboires, leurs désarrois, leurs solitudes et dans la façon qu’on a de les juger et puis de les condamner. Presque tous les personnages ont une blessure commune qui les exile, les mutile, les enferme. 

Ce sont les liens filiaux, ce qui unit ou désunit les humains, Ce sont des bouts de vie, des morceaux de tempêtes et ce qu’il en reste après lorsqu’on est forcé de continuer qu’Adelheid Duvanel met sous sa loupe et interroge. Quels sont nos abris et nos réponses possibles? Comment se protéger, évacuer les souffrances? 

Dans les réponses qu’on pourrait échafauder, il n’y a pas de certitudes, de lignes droites, il n’y a que des boucles, des courbes qui s’enchâssent et ne finissent pas de s’enrouler sur elles-mêmes. Finalement, on devrait cesser de se fier arbitrairement aux apparences, aux évidences et à quelques faits sommaires avant de proférer la sentence d’un mot, la condamnation définitive du symptôme d’une maladie, d’un mal-être car il est toujours quelque chose qui nous échappe, que nous ne connaissons pas, ne savons pas ou ne voulons ne pas savoir.

Adelheid Duvanel réclame sans s’apitoyer, sans se perdre dans les détours « le droit d’être inapte à la vie ». Demande qu’il soit accordé pour tous un sursis, « un délai de grâce ».

« Quand on parle, on rate la vérité de peu. C’est seulement quand on écrit, qu’on barre des mots, qu’on en trouve d’autres, qu’on peut l’atteindre. ».

©Lieven Callant