Une chronique de Lieven Callant

Thierry Radière, Tercets du dimanche, Éditions Gros Textes, 54p, 2019
Le titre en lui-même pourrait faire référence aux peintures du dimanche, celles qu’on obtient avec patience, pertinence et qui ont cette innocence, cette pudeur tendre, ces ouvertures propres à l’enfant qui apprend ou à l’esprit qui sort volontairement du chemin que tous les autres jours lui imposent.
Les samedis sont au marché mais le dimanche est à la rêverie, au souvenirs, aux jeux, à la poésie et à ce qu’elle suppose de remise en question de soi, de l’autre que l’on est tous les autres jours. Le dimanche est la frontière qu’il faut traverser.
« C’est un jour
où même chez soi
on se sent ailleurs. »
Le dimanche nait et meurt en nous et à l’extérieur quelque chose qui parfois nous dépasse mais s’impose pourtant en trois lignes légères, en une image furtive ou pesante comme les sournoises angoisses qu’on a le droit d’oublier tous les autres jours parce qu’on ne peut arrêter le temps, les souvenirs ou les espoirs comme on le peut le dimanche.
« En un rien de temps
quelque chose se glisse dans les coeurs
et ne veut plus partir. »
Le dimanche c’est le jour où plus rien ne compte.
« En faisant de la balançoire
une fois sur deux
les pieds sont des feuilles de cerisiers. »
On dirait que le ciel
dès que c’est jour de repos
perd le nord et fait n’importe quoi. »
Le dimanche c’est le jour où tout soudain fait mal et pèse lourd.
« Presque déjà saoul à onze heures
il rejoignait le grenier
pour dormir près des souris. »
« L’envie de tout casser était là
tapie dans le creux du ventre
à ne jamais s’exprimer. »
Thierry Radière avec « Tercets du dimanche » se permet de transformer nos dimanches en menus couplets qui se partagent la page comme les jours la semaine. Il nous offre les battements d’ailes avant l’envol, des petits portraits à emporter avec soi et autant de mots, juste ce qu’il faut pour nous éblouir, nous alerter, nous réconforter ou nous transporter vers des ailleurs.
Regarderais-je encore le dimanche comme le dernier des jours, le plus lent, le plus docile ou écouterais-je à l’avenir tout ce que la poésie peut me dire en quelques strophes?
© Lieven Callant
MERCI pour cet avant goût de poésie dominicale ! Je vais illico acheter ces »Tercets du dimanche » de Thierry Radière car pour moi, depuis toujours, réussir son dimanche c’est cinq paires de manches ! J.C.G.
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