Une chronique de Georges Cathalo
Eric Dejaeger, Streets, Gros Textes éd., 2017, 112 pages, 10 euros –
Fontfourane – 05380 Chäteauroux-les-Alpes ou gros.textes@laposte.net
Alors que la moindre petite parcelle de notre planète est livrée aux décrypteurs, gougueulsmapeurs et consorts, il est rafraîchissant de se laisser entraîner dans une errance urbaine au fil de rues imaginaires. C’est la mission que s’est fixée Dejaeger avec 99 rues ou streets, anglicisme oblige… L’exergue de Philippe Soupault (« J’invente des rues inconnues ») va permettre à l’auteur toutes les fantaisies que sa créativité ne va pas manquer de mettre en œuvre pour aboutir à un bel ensemble.
Ces rues, plus originales les unes que les autres, nous accompagnent au fil d’un itinéraire riche en découvertes de toutes sortes. Le nom de chacune de ces artères ouvre une perspective alimentée par l’imagination débordante et délirante du poète. Tout cela est bien vu, bien ressenti, dans un parcours salutaire.
Certaines portent des noms capables d’aller plus loin dans le rêve et l’utopie : Rue des Etoiles Filantes, Rue du Temps Perdu,… D’autres témoignent d’une belle singularité : Rue de la Petite Bougeotte, Rue des Idées Perdues,… Pour d’autres, Eric Dejaeger se laisse aller à une saine trivialité : Rue des Crachats, Rue de l’Anus, … Et puis il y en a tant d’autres, surprenantes et inattendues, qu’on laissera le lecteur aller à leur découverte.
Tout cela ne pouvait que déboucher sur une rue introuvable, celle qui va focaliser les recherches des fins limiers, toujours en marche pour « arpenter la ville / à la recherche / de la légendaire / et mythique / Rue Sans Nom ».
©Georges Cathalo