Annie Préaux, Bird et le mage Chô, roman, éditions M.E.O., septembre 2017, 216 pages, 17€

Chronique de Lieven Callant

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Annie Préaux, Bird et le mage Chô, roman, éditions M.E.O., septembre 2017, 216 pages, 17€ 

Les ingrédients de ce roman sont des personnages et leurs histoires personnelles qui se croisent, de multiples références à un livre « Le baiser cannibale » de Daniel Odier, mais aussi à d’autres livres et entre autre aussi celui qui est probablement en train de s’écrire sous mes yeux de lecteur.

Le point commun entre tous les personnages: une déroute personnelle mais aussi une prise de conscience douloureuse de ce que la vie, la société exigent d’eux, extirpent d’eux jusqu’à les briser, réduire les vies à produire toujours plus au détriment d’une réalisation personnelle, d’un idéal humaniste ou d’un rêve. À l’enseignant on confie une mission d’éducation sans lui offrir les armes, les outils nécessaires pour l’accomplir.

Face aux désarrois, à l’ampleur des tâches exigées se cherchent des êtres humains qui tentent éperdument d’y répondre. Où trouver la réponse? Comment trouver en soi les ressources nécessaires tout en acceptant ses propres faiblesses? Voilà qui constitue les thématiques centrales du roman. Chacun finalement trouvera-t-il une solution acceptable?

Sandrine ex-cadre commercial vient d’être brutalement licenciée sans d’autres raisons apparentes qu’une lutte interne entre les cadres pour une place, un pouvoir illusoire sur les autres au sein d’une multi-nationale où le rendement l’emporte sur le bien-être des salariés. Elle rencontre Jean-Marc, jeune enseignant, divorcé en arrêt maladie après avoir été agressé par l’un de ses élèves. Jean-marc  a le projet d’écrire un livre dans la trempe de son livre préféré « Le baiser cannibale ». Il croit deviner que Sandrine est LE personnage de son futur livre.

Autour de ces deux personnages en gravitent d’autres: Lionel, le géniteur de Sandrine décédé quelques semaines avant son licenciement, Simon, le voisin et ami de ce père absent qui  a toujours refusé l’affection paternelle dont Sandrine avait besoin. Alexandre, vieil homme, ancien professeur de grec, féru de culture et qui a commandé une stèle funéraire au sculpteur qu’est Simon et qui rêve de s’établir au Pérou. Xavier, Olga amis de Jean-Marc.

Ce roman bien construit se lit d’une seule traite. En se basant sur des faits d’actualité: attentats meurtriers, montée en flèche des extrémismes et de l’intolérance, déshumanisation constante des travailleurs au sein d’une société basée sur le profit et la rentabilité, il recherche des réponses acceptables aux problèmes des gens ordinaires, des personnes aux quelles on confie des missions qui les dépassent largement sans vouloir se rendre compte qu’en les accablant on amplifie le problème. Les responsabilités de l’échec organisé reposent sur ceux justement qui s’évertuent à le combattre par leur engagement personnel.

©Lieven Callant

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