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Robert Varlez, « HAahh ! », Editions The Hoochie Coochie, Poitiers, non paginé, 10 €, 2014.
Le trait dessine le corps deux à deux, immergés (ou presque) l’un dans l’autre par la limite mais distinct par le désir de l’un vers l’autre. Mais exit les détails, les décors. Le corps monte, descend : il faut que la profondeur soit haute. Il habite l’air respiré avec sa compagne. Elle le prend comme la soif. Mais selon un protocole presque (le presque est important) pudique. Stratège du corps et de son dessein dessiné Varlez esquisse l’essentiel, affamé de noir comme de blanc. Du monde ne reste que l’origine dans la courbure. Les racines des mains sont reliées à un fil où tout bascule : si bien que le corps voyage au fond de soi. Dans le dédale du noir perdure l’écume du blanc. Tout plonge et émerge. Le corps suffit au monde jusqu’au delta des fleuves et des flux. Reste le jeu du fixe et de la mobilité. L’être s’étire dans l’espace par le jeu des vignettes jusqu’à ce point où s’abandonnent les jambes. Robert Varlez en rameute la rançon de l’éclat : il ou elle se retourne en prise en devenant l’otage de ses désirs.
©Jean-Paul Gavard-Perret