Une chronique de Pierre Schroven
Carino Bucciarelli, Une poignée de secondes, images de Laurent Danloy, Billère : L’herbe qui tremble, 2025.
Dans « une poignée de secondes », Carino Bucciarelli met au jour l’absurdité du cours incompréhensible des choses, les limites de notre identité ainsi que l’absurdité d’un monde troué de vie absente. En effet, ici, le monde apparait comme étant un objet étrange dénué de sens tandis que les personnages, souvent confus et infiniment seuls, sont le jouet du vouloir des autres et d’un univers aussi instable qu’hostile ; ici, le moi profond se dilue, l’illusion et la réalité se confondent tandis que la vie apparait dans ce qu’elle a de convenu, de pathétique et de dérisoire. En bref, à travers ces textes insolites et souvent drôles, le poète pose malicieusement la question de savoir s’il y a bien une vie avant la mort ; mieux, pariant sur l’incertitude du réel, il prend un malin plaisir à stigmatiser notre difficulté d’être et de communiquer dans un monde où nous sommes, le plus souvent, étrangers aux autres et à nous-mêmes. En bref, « Une poignée de secondes » est un livre à travers lequel le poète questionne une nouvelle fois, avec le talent et la subtilité qu’on lui connait, l’être, la parole, le quotidien, les apparences et en définitive, notre condition humaine.
Retire ton masque !
Je n’en porte pas
Retire tes gants
alors !
Je n’en porte pas
tu le vois bien
Retire ta personne
de ce monde trop peuplé !
Cela oui je le peux

