Jean-Louis Bernard, Sève noire pour voix blanches ; Editions Alcyone, 2021 ; Collection Surya

Une note de lecture de Pierre Schroven

Jean-Louis Bernard, Sève noire pour voix blanches ; Editions Alcyone, 2021 ; Collection Surya


Dans ce livre, le poète érige l’errance en apprentissage de la vie et de la poésie ; mieux, dans ce livre, le poète explore les contraires,  tente de rendre la sensation d’un monde qui se révèle toujours autre qu’on le croyait,  s’emploie à capter les étincelles du vivant et à traduire toute  la subtilité du présent. Soucieux d’échapper au vide existentiel qu’il appréhende quotidiennement et de redonner son rythme et ses pulsations à notre existence, Jean-Louis Bernard nous met ici en présence d’une poésie dans laquelle on perçoit un cri pour retrouver une innocence, un amour et un absolu venu d’un ailleurs inconnu. Ici, le poète ouvre un temps qui n’est pas encore, célèbre la terrestre sensualité, interroge, écoute et accueille la nature afin de se connaitre, se  révéler à lui-même voire s’habiller du corps d’une liberté s’écoulant comme une rivière dans l’infini du monde ; ici, enfin, le poète en appelle à renouer des liens avec le réel fulgurant et à faire du silence un moyen de recueillir l’instant(le silence, c’est le vase à recueillir l’instant/Guillevic). En bref, à travers ce livre, Jean-Louis Bernard  cherche à rendre la sensation du monde,  à combattre la mort vivante qui se représente à nous quotidiennement, à faire un pas vers la lumière du mystère qui nous traverse et enfin,  à dépasser le visible pour en donner lecture selon le mystère oublié de son surgissement continuel.

Recherche d’un souffle 

qui ferait monde

sous sa dictée

un nom égaré

derrière la flamme obscure

des confins

et puis un autre

perdu dans les faubourgs

du songe

voici que se profile

le dit des lisières

et la liturgie revenante

de l’éclair

affiché

sur les ruines du silence

le dessin d’un souffle

©Pierre Schroven