Service de presse n°60

Traversées a reçu :

Les recueils suivants :

  • Les beaux jours

roman

Annie Préaux

M.E.O., 2020, 145 pages

Les beaux jours d’Annette s’arrêteront à sa puberté : telle est la sentence proférée par une de ses grands-mères. Ce ne sera pas l’unique prédiction empreinte de stéréotypes, voire de superstitions, à laquelle la toute jeune fille est confrontée. Durant ses années de jeunesse, elle va craindre pour sa vie, mais aussi chercher à comprendre, à trouver le sens de l’existence dans le monde du vivant et des humains. Contrairement à sa cousine Jeannette, qui, elle, restera mal à l’aise avec elle-même et la société, « clouée à quelque pilori fabriqué par ses croyances les plus profondes » et persuadée d’être promise à l’Enfer.

  • Branche d’acacia brassée par le vent

poésie

Florence Noël

Huit mouvements sur des photographies de Pierre Gaudu

Le chat polaire, 2020, 58 pages

 » C’est là: dans le bougé des sèves, poussée organiste, ligneuse impatience – infléchie d’un soubresaut – dans le bougé des lèvres gonflées et si tendues dans le vouloir te dire. « 

Inspirés par le Cantique des cantiques, voici huit moments d’une rencontre amoureuse sous un acacia agité par le vent que Florence Noël vous invite à vivre comme huit mouvements mettant en musique les saisons d’une vie d’amour.

  • Le chant de la mer à l’ombre du héron cendré

poésie

Sonia Elvireanu

L’Harmattan, 2020, 123 pages

La solitude s’allège doucement de ses fardeaux anciens.  Après  l’errance,  le désert, il vient l’instant de trouver la Voie, rencontrer le héron cendré, le cygne des confluences,  le rêve d’autres rivages.

En « quête d’infini », elle apprivoise les lointains, le chant de la mer, la soif, le berceau où la lumière se pose. Alliance d’eau et d’espace.

La présence de l’Etre aimé, devient indicible rayonnement intérieur, avec la grâce de l’horizon retrouvé,  « enfants de lumière, nous galopons le ciel dans les bras ».

L’errance devient légère. Un bleu nouveau, la Beauté chante, le brouillard fleurit dans l’Arbre.  « Le cœur du jour » accepte la coexistence douleur et joie sur la même branche.

L’Ombre et la lumière, réunis,  la neige et l’été brûlant, l’herbe et la mer, l’écorce et le nuage.

L’Amour est la grande force qui soulève l’écriture vers l’harmonie paisible des paysages, l’âme liée au secret d’une parcelle d’éternité.

Ecriture née de l’expérience d’un état extrême qui brise les limites, foudre dans le cœur où se niche la poésie. Passage du personnel à l’universel, le chant touche le lecteur, par son émouvante limpidité. Les  mots de Sonia Elviréanu  sont autant de gal ets ronds posés sur les traces de l’Etre aimé, jusqu’au rivage où « un mot s’élève de la mer » le mot de la Renaissance.

  • Eau donnée

Alain Clastres

poèmes

Unicité, 2020, 54 pages

Ce recueil, en même temps que de marquer un étonnement ou un émerveillement devant l’étrangeté ou la beauté des choses, essaie de faire ressortir que chaque chose, chaque être est l’expression, la cristallisation, la réponse silencieuse de la réalité mystérieuse qui ne peut cesser d’être.

Et même si l’on vit les changements, les transformations du monde, l’unité, l’éternité du réel, au fond nos natures profondes, restent toujours présentes. Pourrait-il, d’ailleurs, en être autrement ?

Cette perception peut amener un sentiment de plénitude, d’apaise ment, de respect ou de joie. Mais elle peut aussi amener à un sentiment moins conflictuel avec le monde et les autres.

L’attitude générale d’opposition des hommes entre eux, et tous les conflits meurtriers qui vont avec, tient, pour une large part, à une vision limitée d’eux-mêmes et du monde qui les entoure, une vison largement repliée, centrée sur eux-mêmes.

La poésie, par ses modes d’expressions, qui bouscule une rationalité étroite, qui peut relier des réalités éloignées, qui peut créer des images, faire surgir des sentiments nouveaux ou des intuitions nouvelles, peut participer à une saisie différente, plus large du monde et, peut-être un peu, à un apaisement du monde.

Les poèmes à la fin du recueil sont d’ailleurs une défense de la poésie.

  • Essent’ciels

Fabienne Moineaud

poèmes

Interventions à Haute Voix, 2019, 60 pages

  • Haïkus des bords de Marne

Jean-Hugues Chuix

Association francophone du haïku, collection Solstice, 2020, 63 pages

Jean-Hugues nous invite dans ce recueil (bilingue) à partager ses moments de découvertes et de petits bonheurs lors de ses déambulations au fil des saisons en bord de Marne, non loin des célèbres guinguettes pour notre plus grand plaisir. Et comme le dit Jean-Hugues mieux que moi: La Marne, toujours la même, jamais la même, simple, belle, changeante et éternelle, qui accroche et décroche le regard, accompagne la rêverie du promeneur, au fil de l’eau et des saisons…

Les jupettes, les kayaks et les hérons guinchent ensemble.

Suivons-les, approchons le pêcheur, vient une ablette… ou un kaïku!

Daniel Py

  • Jardin(s)

Francis Denis

La route de la soie, 2020, 159 pages

« Préfacer, postfacer, nous préférons passer, glisser, nous « effacer », comme les personnages si attachants et tristement oubliés de Francis Denis.

Rêveurs et acharnés, pitoyables démons venant gratter les portes de nos cerveaux-greniers.

Tant de tendresse inaboutie ! Combien de crimes n’avons-nous pas commis au nom d’impossibles amours ? Combien de rêves avons-nous faits brouillant les cartes du réel ? Vagabonds de l’esprit…

Mais que sommes-nous d’autre ? Connus ou inconnus, encensés ou méprisés, nous ne sommes que des naufragés sans boussole. Les uns bien à l’abri, dans le carré des officiers, exhibant un galon dans un galion à la dérive, les autres nus et solitaires, sur des radeaux de déraison.

Où nous allons, nul n’en sait rien.

Mais peut-être à la fin il n’y a que nos songes, accostant sans fanfare, sur les terres astrales, aurores boréales de Mondes inventés. « 

Alain Cadéo

  • Lapidaires

Gabriel Zimmermann

poésie

Tarabuste, 2020, 173 pages

Des textes poétiques en vers libres qui évoquent l’énurésie infantile, la mort des chemins, un ciel obscurci par l’orage, l’évanescence des mots, l’estompage des souvenirs, le léchage d’une flammèche, des éclats de lumière, le poids du silence et le hennissement d’un cheval bleu.

  • La mémoire des trembles

Robert Nédélec

Petra, 2019, 115 pages

Les poèmes en prose de Robert Nédélec sont d’étranges mises en scène de ce que le regard et la mémoire des autres poètes ignorent. Les vignettes sont pourtant “évidentes” dans leur propos mais généralement le regard se porte ailleurs.

Il faut donc se laisser diriger par l’auteur à l’image de celle qui dans le texte “Réouverture provisoire” engage à ressortir — en un effet de rattrapage de nos coffres ou oripeaux — ce qui permet de ressusciter des morts.

De fait, Nedelec est tout sauf un économe. Et il apprend par son écriture et ses propos à rouvrir les yeux là où le texte échappe au papier glacé et aux règles édictées par les maîtres des octrois poétiques. A savoir les seigneurs qui obligent le poète quidam à parler dans l’hygiaphone là où son écoute est pour le moins dubitative.

Qu’importe à Nédelec : il ose brasser sa poussière de phrases qui a priori n’ont rien à voir avec la vague géante où les ego-albatros plongent  en leurs costumes emplumés.

Ici, parmi les trembles et le vent, on se promène, là où tout n’est pas transparent et l’air pas forcément sain.

C’est avec l’amour des lignes courbes, des chemins de traverse et des impasses que Nedelec se promène en divers temps et divers véhicules —  à moteur ou non — qui tintinnabulent ou grincent.

Mais l’auteur transforme ces textes en espaces singuliers d’un bien étrange jardin. Il est plein de surprises mais n’est pas créé pour le tourisme de masse. Dans chaque carré ( il ne fait jamais plus d’une page — sauf le dernier) croissent bien des fleurs de l’apocalypse.
Elles enflent, se craquellent mais ne se fanent pas. Elles n’ont pourtant rien d’artificiel et n’expirent jamais même lorsque l’ombre dérobe la clarté en de tels “récits” d’actions, réflexions et visions.

Jean-Paul Gavard-Perret

  • Mes orients

Michel Dunand

poésie

Jacques André éditeur, collection Poésie XXI, 2020, 83 pages

Michel Dunand dessine ici le lieu de l’écriture et de la vie. Ce sont là les seuls biens qu’il ne faut pas épargner tant que cela est possible. Le poète y trace son périple, brouille la mélancolie à travers lectures et paysages. À savoir : Tous les fruits [qui] font rêver. / Ceux qui ne tomberont jamais. / Ceux qui tomberont. La propre vie du poète – en ses « écarts » de voyages, de lectures, sa sagesse et son écriture – rappelle qu’il faut demeurer fidèle à qui et ce qui nous retient à l’existence. Que demander de plus à la poésie lorsqu’une telle décision radicale l’impose ? Dunand y ose son intimité sans le moindre égotisme. Il recolle par lambeaux les morceaux qui le font : seul l’idiot ne verra pas qu’il s’agit des nôtres. Et si l’auteur affirme : Dors en paix, monde inconnu, il poursuit son rêve fou. Je renonce à tout sauf au rien, écrit-il. Et ce au nom d’un instinct vital. Dès lors les déserts d’ennui se dissipent là où les chats glissent vers le tronc de nos heures sous divers pelages.

Jean-Paul Gavard-Perret

  • La noyée d’onagawa

Marilyne Bertoncini

poésie

Jacques André, 2020, 51 pages

« Elle me manque infiniment »

La femme de Yasuo Takamatsu a disparu, emportée par le tsunami qui détruisit Fukushima. Yasuo prend des cours de plongée sous-marine pour la retrouver. Ne souriez pas : depuis qu’Orphée descendit aux Enfers à la recherche de son Eurydice, nous avons appris à reconnaître l’universalité de certains drames intimes. La Noyée d’Onagawa nous fait voir, avec toute la densité et la délicatesse du poème, l’enchaînement des événements terrifiants qui bouleversèrent le Japon en 2011. On y voit d’abord le printemps naissant, délicat et ténu comme un haïku, puis la stupeur devant l’immensité de la vague qui se précipite vers la femme, on erre parmi les débris avec Yasuo, et on a le cœur qui se serre en le voyant prendre la décision d’aller la chercher. Ce n’est ni sensationnel ni voyeuriste : quand vous lisez ce texte, vous accompagnez le mari, votre main est sur son épaule, et vous imaginez les flots ondulants et tourbillonnants qui emportent la « noyée d’Onagawa ».

  • Nuée

Michel Gremeaux

roman

L’Anacoluthe, 2019, 200 pages

On dirait un lieu en coupe observé sous la loupe d’un entomologiste.

Il y est question d’une adolescente recueillie par une femme dans une maison retirée en haut d’un lac, d’une éthologue, d’un chat noir, de documents classés secret d’Etat, d’agents spéciaux qui guettent, en un mot d’une nuée de choses et d’êtres pendant que la durée s’allonge à n’en plus finir.

Quelque chose qui désigne et cache à la fois, met au jour et en même temps laisse dans l’ombre.

C’est en somme l’avènement d’un lieu qui serait comme une personne.

  • Paysage avec mare

Poèmes en prose

Jacques Boise

accompagné de sept gravures de Marie Alloy

A l’index, collection Les Plaquettes, 2019, 51 pages

Jacques Boise se définit comme : « sinon secret du moins 

discret par nature » et il est vrai que ses mots savent nous

parler de cette nature, la regarder, la décrire. Vagabond, 

voyageur par destination ; amateur de livres. Il marche lieue

après lieue, y perdant des livres. Il ajoute, parfois « qu’il n’a 

pas d’âge » et qui le connait un peu serait prêt à le croire. 

Après la publication de certains de ses textes dans les revues 

« À L’Index » et « Paysages d’Écrits » il nous livre, ici, une 

première suite de poèmes en prose.

  • Quantique de l’ombilic

Christophe Schaeffer

Poèmes

L’improbable, 2020, 65 pages

Christophe Schaeffer nous offre un savoureux cocktail de vers agrémentés d’ironie sur fond de métaphores. Les images se déploient au fil des pages et ne manquent pas de nous surprendre comme une pluie glaçante. On plane et l’on ne redescend pas indemne. 

« L’homme grattait sa vie 

sur un ticket de loterie

jusqu’au jour où il empocha 

le gain de son infortune »

Comme Rimbaud, il a compris que le poète doit se faire voyant, donc il voit au-delà du réel conventionné. Il nous décrit un univers où tout se fait à contresens aussi constate-t-il que :  

« le lac s’engouffra dans la vallée

descendit jusqu’au village

qui trempait dans un alcool charmant »

De par sa finesse d’esprit, il malaxe les mots avec dextérité. Il les transformer et les détourne de leur sens commun, il dérive, dirait-on, dans le métalangage. Cela dit, dans chaque poème il y a un message à décoder :

« Le drame se renversa sur la table

aspergeant le monsieur bien habillé

Le garçon se précipita avec une éponge

mais il était trop tard

Le drame était indélébile

et pantalon immaculé »

Ici l’action est portée à son paroxysme : le drame est synonyme de l’irréparable. La fatalité affiche aussi une présence notable :

« Bien qu’insomniaque

Il mourut dans son sommeil »

Sous la plume de Christophe Schaeffer fleurissent tant de figures de style comme cet oxymore qui ne passe pas inaperçu :

« Il était de ces ombres silencieuses

qui se terrent dans les interstices de lumière »

Le poète nous entraîne aussi de la finitude à l’infinitude :

« Son collant noir attirait les étoiles

au moment où il fila »

Tout est passé en revue dans cette Quantique de L’Ombilic : les contraires se dévoilent, les oppositions se remarquent. Ainsi le poète philosophe semble nous inviter à porter un regard nouveau sur notre environnement matériel et immatériel afin de redéfinir notre place par rapport à lui.

Maggy De Coster, http://www.pandesmuses.fr/ 

NDLR : Christophe Schaeffer est docteur  en philosophie, poète et artiste. Il mène une double activité, à la fois en tant qu’auteur (une vingtaine d’ouvrages publiés) et créateur lumière pour le spectacle vivant depuis 1996.

  • Le silence des oiseaux

Michel Arnold

Poèmes

2020, 51 pages

Vice-président de l’AREAW, Michel est décédé voici deux ans. Il laissait un recueil de poèmes inédit, Le silence des oiseaux.

Il faut bien le reconnaître, les écrivains modestes sont rares. Michel Arnold en était. Sur notre site, ce qu’il disait de lui tenait en peu de mots: Artisan éditeur. Rédacteur en chef de la revue namuroise Confluent.

Et pourtant, quelle variété dans ses centres d’intérêt, quelle richesse d’invention: le poète, publié dans nombre de revues importantes, comme Marginales, le Journal des poètes. L’histoire Namur et de sa province: Petite histoire du cinéma à Namur, Les allumeurs de réverbères de Namur, sans oublier ses sculptures, l’organisation de nombreuses expositions, à Arbre notamment, son activité de relieur, le temps qu’il consacrait à Confluent, à Reflets Wallonie-Bruxelles, la revue de l’AREAW

C’est que le poète devenu « silence d’oiseau mort/ sur les falaises du sommeil » continue d’exister à travers ses phrases truffées d’oiseaux pour celle qu’il évoque au point de vouloir nous la faire reconnaître quand « elle parle d’un pays/ entre le rêve et la mémoire ».

Belle poésie ouverte comme une main distributive où, à l’instar d’un poète comme Jean Rousselot, l’être intérieur se veut humain avant de se prétendre poète.

Les « mots passeurs d’eau aux saisons de la nuit » nous font, en effet, penser aux grands poètes de la mémoire tels Marcel Hennart ou Albert Ayguesparse.

Patrick Devaux

  • La sourde oreille et autres menus trésors

Béatrice Libert, Poèmes; Pierre Laroche, Collages

Editions Henry, collection bleu marine, 2020, 45 pages

Depuis la nuit des temps, les expressions toutes faites sont un régal de la langue française qui a séduit bon nombre d’écrivains et d’humoristes. Parmi eux des poètes, et c’est le cas dans ce recueil où chaque page contient quelques-uns de ces trésors. Humour, tendresse, étonnement, fable, comprine, jeux de mots font de ce nouveau livre de Béatrice Libert une salve contre l’habitude.

Les collages de Pierre Laroche sont autant de jeux d’esprit que les enfants s’amuseront à décrypter. A consommer sans modération.

Le caernet pédagogique rédigé par l’auteur peut être téléchargé gratuitement sur deux sites: www.beatrice-libert.be et http://editionshenry.com 

Pour une rencontre en classe ou en médiathèque, écrire à beatricelibert@yahoo.fr 

  • Tout peut commencer à trembler

Lucien Noullez

poèmes

Revue Nunc/Editions de Corlevour, 2020, 92 pages

Du tremblement (de la langue, du cœur) naît la poésie, et chez Noullez, elle prend la forme nécessaire de petits conditionnements : blocs et gouttes de sens, manières de fables parfois cocasses, souvent graves, toujours légères, puisque la primauté, donnée aux images et aux étranges rapprochements, sans omettre la musique qui fournit à son auteur des « tremblettes ».

Les thèmes, et Dieu n’est jamais loin : Dieu au « confessionnal » qui tance doucement l’audacieux Lucien ; Dieu qui « est passé dans (son) sommeil », et même le « Dieu » « qui a commencé le monde » : manière d’apologue, puisqu’il faut « commencer à trembler » ou « à écrire » : ce qui relève du même.

Rien n’est donné, rien n’est stable, rien n’est définitif, et cependant, la langue s’invente « beaucoup de chemises dans le ciel », se « donne le temps de comprendre », et parfois elle croise le filial et le poétique :

« Une langue sous le terril.

Les morts ont une bouche noire ;

Que faisons-nous de mieux

dans le poème ? » (p.64).

Le poète salue la « petite patate », « la colère d’un petit garçon », désire « s’éteindre » mais « je ne trouve pas le bouton » : à l’ordinaire de la vie, avec ses chagrins, ses peurs, ses hésitations, le poète greffe la chance du poétique, celle qui donne des ailes au convenu, déroge à la banalité, « s’envole » :

et cette poésie ne nous garantit pas d’être sauvé, en dépit de sa légèreté aérienne et cocasse :

« Je vais mourir.

Comme tout le monde, me direz-vous.

D’accord, mais je ne suis pas tout le monde » (p.60).

L’auteur de L’ouïe fine (Phi) se donne dès le premier texte un « précepte » d’écriture : avant que d’écrire, encore faut-il « ranger » son cœur, sa table d’écriture. Il y a de quoi, dès la troisième page, les « morts » s’amoncellent et le « gros chagrin » déborde, qu’il faut corseter, d’humour, de finesse, d’invention ; à ce trop « de morts » les poèmes répondent par salves de vie : le parfum des « épices du Pakistan » qui s’invite chez le marchand ou l’« accordéon » qui redonne vie et vitalité aux poumons engorgés.

« Un jour je n’irai pas au Paradis » : Lucien s’est souvenu de Chavée « Un jour je n’irai pas à l’Académie » ; clin d’œil venant de quelqu’un qui n’aime pas trop les chaînes de la notoriété !

La musique et l’oiseau ; la foi et les doutes ; le poète « sans ailes » ; le poète qui ouvre la fenêtre sur le boulevard et consigne le réel qui lui tombe sous les yeux ; le « vous » souvent convoqué comme ami, témoin, anonyme ; un univers se décrit là, simple parce que profond de promesses au sein de la difficulté, parce que la voix qui s’énonce là, identifiable par ses petites grappes de saillies intelligentes et gravées au sceau de l’humour, relie le lecteur aux préoccupations universelles de quelqu’un qui a pris le pli et le temps d’écrire, non sur soi, mais autour de soi, dans l’enfilade des jours et des peines : la pulsation du vivre, l’ombre de la perte et des morts, l’éclat de l’oiseau quand manque la lumière et cette musique d’une poésie sautillante comme un cœur.

Un très grand livre.

L’édition, avec rabats, très soignée (le rouge du titre en léger décalage), de ce dix-huitième livre de poèmes, en trente-cinq ans d’écriture, est une vraie réussite.

Philippe Leuckx, http://www.lacauselitteraire.fr/ 

  • La Voie – Le Tao suivi de Dans le courant du temps (Méditations aux Himalaya)

Germain Droogenbroodt

poèmes

L’Harmattan, 2019, 126 pages

Traduit en chinois comme « Tao », « La Voie » est un recueil philosophique et un pont poétique entre les cultures occidentales et orientales, une médiation poétique avec des références à la mythologie grecque et plus encore aux philosophies orientales. Ces oeuvres sont suivies de « Contre-Lumière » et « Dans le courant du temps. Méditations aux Himalaya ».

Les revues suivantes :

  1. A l’index ; 40, mars 2020 ; Epouville, France
  2. Art et poésie de Touraine ; 242, automne 2020 ; St-Cyr-sur-Loire, France
  3. Le bibliothécaire ; deux/2020 ; avril à juin 2020 ; Genappe, Belgique
  4. Cabaret ; 34, été 2020 ; La Clayette, France
  5. Coup de soleil ; 108/109, juin 2020 ; spécial Béatrice Bonhomme ; Annecy, France
  6. Décharge ; 186, juin 2020 ; Auxerre, France
  7. Le Gletton ; 527 à 533, mars à septembre 2020 ; Chantemelle, Belgique
  8. La lettre de Maredsous ; 49ème année, 2, août 2020 ; Yvoir, Belgique
  9. Libelle ; 321, mai-juin 2020 ; Paris, France
  10. Nos lettres ; 34, juin 2020 ; 35, septembre 2020 ; Bruxelles, Belgique
  11. Traction-Brabant ; 89, juillet 2020 ; Montigny-les-Metz, France