J’aurais voulu être un Beatles, Jérôme Attal (15€ – 159 pages) ; Éditions Le mot et le reste Février 2020

Chronique de Nadine Doyen

J’aurais voulu être un Beatles, Jérôme Attal (15€ – 159 pages) ; Éditions Le mot et le reste                 Février 2020

On a tous quelque chose des Beatles, ou plutôt un lien particulier avec ces Fab Four.

Pour Jérôme Attal le dénominateur commun est le chiffre 50 !

50 ans depuis l’explosion du groupe, 50 ans, cet été 2020,l’âge de la maturité pour l’auteur parolier qui a toujours veillé à garder une part d’enfance, mais se trouve confronté aux affres du temps qui passe.

Dans une succession de courts chapitres, en prose ou en vers, Jérôme Attal décline son rapport aux Beatles, relatant maintes anecdotes tout en faisant défiler leur discographie, leurs tubes. Leurs chansons constituaient pour le jeune fan « un monde protecteur et magique ». Pour le lecteur, elles deviennent la playlist de ce livre et sont les axes autour desquels la planète sentimentale de Jérôme Attal tourne. Il rembobine leur parcours depuis leurs débuts dans le groupe des « Quarrymen », dans une cave de Liverpool jusqu’à leur adoubement par la reine qui fait une apparition à la toute fin ! Un ouvrage documenté qui fait appel à la mémoire des nostalgiques des années sixties, du « swinging London » et qui révèle « la recette du quatre-quarts Beatles » !

L’auteur parolier, expert des Beatles, aborde la création, la difficulté de vivre avec un artiste et la nécessité de cohabiter avec « une muse cosmique » !

Certains textes sont dédiés à des personnalités connues : David Foenkinos, Sigolène Vinson (à qui il adresse le mantra : « Hare Krishna), Claire Barré, Loulou Robert, (qui a baptisé sa chienne « Penny Lane », des anonymes (A, C ou Z…) ou encore à cette figure tutélaire qu’est Richard Brautigan, qu’il aime pour « la structure foutraque, jubilatoire et poétique de ses livres ».

Il évoque les photos de Linda McCartney en référence à « The polaroid Diaries ».

À la manière de la pochette «  Sgt. Pepper’s Lonely Hearts club Band, Jérôme Attal livre son « hall of fame », la liste de ses idoles, parmi laquelle figure l’écrivaine belge Amélie Nothomb. Puis nous interroge sur la nôtre. Il aime nous impliquer et tisse ainsi un lien sympathique avec le lecteur, tel que celui que l’on peut nouer dans les salons avec le romancier très British. Il s’éclipse même pour nourrir ses tourterelles ! 

Il opère comme la mise à nu d’une tranche de vie, revisite son enfance (son aversion de la gym), évoque ses émois d’adolescence, ses amours, ses chagrins, ses déceptions, les occasions ratées, ses madeleines de Proust. Le tout brossant son autoportrait à multiples facettes avec cette sensibilité à fleur de peau à laquelle sont habitués ses aficionados. Il reste à espérer que cet état d’âme mélancolique à la fois « sombre, inconsolable » et « découragé par la vie » n’est plus. Rassurons-le quant à son lectorat, il ne peut que croître.

La musique n’est-elle pas là pour combler cette quête de bonheur ?

Dans cet opus très musical, il paye sa dette au groupe mythique dont l’oeuvre magistrale entre en résonance avec sa propre vie mais aussi avec la nôtre à des degrés divers. Si dans « La Petite sonneuse de cloches », Jérôme Attal déclarait y avoir logé tout son coeur », il est aussi consigné dans ce très touchant livre confession.

© Nadine Doyen