Paul Mathieu ; Une Pomme d’Ombre ; poésies ; Editions Rafael de Surtis ; 2015 ; 32 pages ; 15 euros

Chronique de Miloud Keddar

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Paul Mathieu ; Une Pomme d’Ombre ; poésies ; Editions Rafael de Surtis ; 2015 ; 32 pages ; 15 euros


« L’autre face de la lumière »

Une autre face de la lumière, un autre versant du va-t-en-connaissance, le livre Une Pomme d’Ombre de Paul Mathieu. Le soleil qui se couche dans l’ici est dans son midi ailleurs là où le poète n’est pas ! Et à Paul Mathieu d’écrire : « Cette Une Pomme d’Ombre (…) tombée un peu par hasard dans le jardin d’octobre, n’en finit pas (…) d’accorder quelque lumière à celui qui veut bien la ramasser ». (Que le lecteur soit averti qu’il ne trouvera pas cette citation dans le livre de Paul Mathieu. Elle est extraite de la dédicace que l’auteur a bien voulu me faire). Mais pourquoi dévoiler la dédicace et dans quel but ? Je réponds que par elle l’auteur avisé donne par quelques mots un aperçu du contenu de son livre. Par elle il résume l’œuvre, nous éclaire, nous guide en quelque sorte, comme nous le verrons.

Décryptons, voulez-vous, la dédicace comme elle est citée : « Octobre »  n’est-il pas le soleil dans son couchant (le mois d’octobre, signe de l’année finissante) et n’est pas lumière la main autre que celle du poète qui veut bien ramasser la pomme là où le poète n’est pas ?

Arrivés là, posons-nous les questions : De quoi est composé le livre de Paul Mathieu et de quoi nous entretient-il ? C’est un petit livre par le contenu : un poème et quatorze proses (petit livre mais dense par l’idée et les dires !). Paul Mathieu nous parle de l’écriture, de nous autres simples humains avec notre besoin de lumière et Paul Mathieu nous entretient sur la poésie. Une Pomme d’Ombre est un livre surtout de poésie. J’ai tentation de citer tout le contenu mais je ne m’attarderai qu’à ce que je juge essentiel

et dès page 17 nous lisons : « Nous écrivons peu (…) nous n’aimons pas les règles & nous savons que c’est de cela qu’il faut d’abord nous affranchir » et puisque la poésie, il me semble, nous préserve de la tourmente, Paul Mathieu écrit page 21 : « (…) les cicatrices maquillées par l’ordinaire au milieu desquelles tremble parfois une construction préservée de la tourmente » et Paul Mathieu de continuer toujours pas 21 : « Qu’importe si l’on y devine le ciel entre les fissures du toit (…) le regard peut-il s’y reposer un instant avec l’espoir de retrouver on ne sait quel fragment de soleil » (nous, toujours à la recherche de la lumière !). Paul Mathieu n’affirme pas toujours, il s’interroge, nous interroge comme page 12 : « Nous vivons dans ce qui n’est pas vivre & nous hésitons même à dire que c’est la vie » ou encore page 22 : « Après tout que restera-il ? », « Une pomme pour la soif & rien de plus ? ».

Quelques citations encore, des affirmations, des va-en-connaissance :

Page 11 : « (…) la soirée (…) s’ensommeille (…) c’est toujours la même histoire : sans cesse attirés par les sirènes de départ & les grands oiseaux que l’on dit ailleurs nous profitons du peu de clarté »

Page 17 : « Nous nous disons que la beauté peut s’appréhender de plusieurs façons » (de l’étoffe d’un rien ou du peu nous écrirons une écriture de lumière !)

Enfin page 18 pour terminer : « (…) dressés sous la grande capeline d’étoiles pour traverser l’obscurité nous apprivoisons un feu que nous promenons –lui & toute la poésie » (toute la poésie !).

©Miloud Keddar


Pour rappel  « Une Pomme d’Ombre » de Paul Mathieu présenté sur France Culture par Sadou Czapka https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=1b862ed8-b399-11e5-8e9e-005056a87c89