Chronique de Lieven Callant
Céline Delabre, Sur la route, Éditions Esperluète, 2016.
« La voiture démarre, tourne et s’élance: le voyage commence! » Voilà ce qu’on lit au dos du livre. Sur la couverture veloutée, on aperçoit que sur la route qui serpente en suivant le lit d’une rivière et les courbes de collines verdoyantes, de petites autos rouges et jaunes circulent. Dans le ciel, un nuage glisse juste au dessus du titre.
Le format de l’album, la qualité d’impression et le soin apporté au choix du grain du papier raviront les plus jeunes comme les moins jeunes lecteurs. Cette qualité est une spécialité des éditions Esperluète.
Comme son titre l’indique, cet album est une invitation au voyage. Voyage de vacances, voyage de la vie qui nous fait tous partir « au petit matin » et nous emmène au delà des routes sinueuses pas toujours faciles à suivre. Voyage jonché d’étapes surprenantes, d’espoirs, de découvertes, d’attentes.
Voyager implique qu’on quitte un endroit pour un autre, qu’on abandonne des habitudes pour d’autres. « Sur la route » évoque et répond aux petites peurs de ceux qui partent en voyage.
Les illustrations faites de papiers découpés marient admirablement les fines textures attribuées aux feuillages des arbres, au bitume de la route, aux nuages, aux autres voitures sur cette longue et amusante route aux couleurs pures.
Les phrases légères ne fonctionnent jamais comme de simples légendes qui tenteraient d’expliquer les images. Non, on lit les images, on regarde les phrases. On admire les paysages, le temps qui passe et repasse, on s’amuse. La dernière page est une merveilleuse surprise à laquelle le voyageur aspire comme à une récompense.
Pourquoi ce livre dans une chronique pour une revue qui s’intéresse à la poésie? N’est-ce pas là un livre qui s’adresse aux enfants? Oui évidemment. J’aime lire ce qui s’adresse aux enfants car je suis une enfant. Je suis aussi persuadée que la poésie elle-même est une enfant. Elle joue, elle transgresse, elle rit, elle est palpitante et jette des regards interrogateurs. Pourquoi ne m’intéresserais-je qu’aux choses sérieuses qu’on s’adresse entre adultes? Parce qu’il est des plaisirs simples, directs, immédiats, sans arrières pensées et qui ne nous détournent pas de nous-même.
Il est un plaisir qui se partage particulièrement bien même avec les enfants les plus jeunes, avec les enfants que nous sommes peut-être restés, c’est celui des mots, des images et de leurs lectures possibles.
©Lieven Callant