Une chronique de Jeanne Champel-Grenier

Barbara AUZOU, TOUT AMOUR EST EPISTOLAIRE-Tome II, (Z4 éditions)
Une centaine de lettres au jour le jour, voilà ce que comporte ce livre dont vient d’être édité le tome II :« Tout amour est épistolaire » dont l’ensemble couvre la période de juin 2021 à juillet 2023.
Nous conservons, ici, cette atmosphère vraie, liée à la terre, à la vérité du moment, à la lucidité, à la profondeur de vie qui caractérisent l’auteur, enseignante habituée à ne parler du passé que pour nourrir le présent et le futur de possible joie, et en aucun cas de se repaître de négatif.
Soyons honnête ce qui caractérise souvent la lettre d’amour c’est l’expression du manque, sensation négative qui se traduit toujours par une plainte répétitive due à l’absence de l’être aimé. Deux chemins sont couramment employés par les écrivains : soit la déploration tout au long des pages, soit l’abondance de rappels de scènes d’amour, voire de sexe exacerbé, qui réjouissent le voyeur. Rien de tout cela ici. Aucune jérémiade. Bien au contraire :
»Et moi, je sais que la vie me prendra par le col par le vent et par l’envie bien plus que par son halo de nostalgies » ( P.8)
L’auteur prend le parti du positif, aidée en cela par une profonde implantation dans la nature vivante et par le fait, sans doute, de côtoyer les enfants ( rappelons que Barbara Auzou est aussi enseignante de la langue française)
»Tandis que la terre suture ses soifs je m’en vais vers les choses nourricières. C’est que j’ai à nourrir l’innombrable famille de nos sourires ( P.13)
Notons bien ce trait particulier à la poésie de Barbara Auzou : aller de l’avant et de façon positive tous les sens ouverts au monde qui l’entoure.Toutefois, cet amour vivant, que l’auteur salue au jour le jour, n’est jamais un prétexte pour oublier les réalités du monde. La lucidité s’impose à un écrivain enseignant qui a le sens des qualités républicaines, Barbara ne peut passer sous silence » l’histoire d’un monde qui se croyait fort et paisible et qui réapprend la haine’… car …C’est l’histoire de valeurs qui se laissent bâillonner »( P.52)…Je retourne ce mardi battre le pavé plus loin que le chagrin…/…avec la même entièreté que je mets dans la poésie »(P.54)
La poésie de Barbara Auzou demeure positive quoiqu’il en soit du monde ; jamais elle n’oublie la beauté de la nature dans son immensité, car, pour elle
»de la fréquentation du beau naît toujours une fleur »(P.64)
C’est ainsi que se présente ce livre, préfacé par Jean-Louis Thiar, un recueil tel »un bouquet de tessitures sincères ».
L’amour dans la vie, jour après jour, et la vie sociale bien ancrée au sein de la vraie nature, voilà qui donne une force approchant le miracle :
»et j’ai souri quand j’ai reconnu notre amour dans l’élégance d’un lys debout sur l’aurore »( P.82)
Merci à Barbara de nous apprendre que la correspondance d’amour peut être, non pas une complainte à épisodes, mais un tendre chemin vital plein de surprises poétiques !

Un grand merci à Jeanne Champel Grenier…
Un grand merci à Traversées…
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