Bohumil Kaspa, Du riquiqui dans les mictions», Collection Scolopendre, L’äne qui butine, Mouscron, Belgique, 25 €

Chronique de Jean-Paul Gavard-Perret

Bohumil Kaspa, Du riquiqui dans les mictions», Collection Scolopendre, L’äne qui butine, Mouscron, Belgique, 25 €

Kapsa 1 Kapsa

Bohumil Kapsa lâche les chiens dans sa nef des fous qui prend l’eau de toute part au milieu d’incontinents atlantiques. Jusque-là, pour ce (faux) auteur tchèque il y avait du monde aux Balkans mais désormais des rombières avides de mort subite et de petite mort ont pris le relais. Elles deviennent les matrones d’un roman de garces loufoques à la logographie stupéfiante ; preuve que n’est pas dame pipi qui veut.

Dans ce roman aux poils ça sent fort : mais la javellisation du logos a presque raison de tout : tout sauf de certaines turgescentes dont Cristof Bruneel et Anne Létoré ont le secret. Ils sont en effet de parfaits en Méphisto fait d’aises dans ce lieu d’aisance. Car Bohumil Kapsa n’existe pas. Il est le savant mélange de 4 auteurs (dont les deux cités) sortes de nègres (blancs) qui feignent d’en être le traducteur.

Mais qu’à cela ne tienne : dans ce fait-tout (à la main) rien n’est impossible. Même le pire. Mais le rire est majeur en cet éloge secret où tout se tient même si à l’inverse le livre n’est pas à mettre entre toutes les mains. Reposant sur un mélange de pulsions et de réflexions, le texte porte en lui le secret de dame pipi comme le Fatum du supposé auteur entre la lumière et l’ombre, l’intelligence et l’instinct et à travers les pressions de la chair. Surgit alors ce qui dépasse le langage en tant que simple outil de communication…

En une telle œuvre, le secret est donc incarcéré mais libre. Il reste le ferment réactif contre idées connues et fait ressurgir les images naïves et sourdes cachées au profond de l’humain. Le secret trouve soudain de l’existence car le texte révèle le cri (parfois muet) du soulagement intérieur. Pour autant celui-là ne sert pas à « instrumentaliser » le secret. Il remonte vers lui dans l’épreuve du temps et de l’indifférence (feinte) de regard peu apte à contempler ce que les quatre créateurs belges montrent et découvrent en leurs « reservoir dogs ».

©Jean-Paul Gavard-Perret