Repose-toi sur moi, Serge Joncour ; Flammarion (427 pages ; 21€)

Chronique de Nadine Doyen

Rentrée littéraire 2016

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Repose-toi sur moi, Serge Joncour ; Flammarion (427 pages ; 21€)

Parution le 17 août


 

Quel plaisir de retrouver un auteur que l’on affectionne !

Le douzième roman de Serge Joncour s’inscrit dans la lignée de L’amour sans le faire.

Une femme, un homme, des voisins qui s’ignorent, habitant le même bâtiment.

Pour Aurore Dessage, femme hyperactive, qui jongle avec les aléas du quotidien et son triple rôle de mère, épouse et businesswoman, faire une pause, le soir, dans la cour arborée de son immeuble parisien, est vital.Cet îlot de verdure qu’elle se plaît à cultiver reste son havre de paix, sa « bouffée d’air », « un vrai sas », son refuge jusqu’au jour où des « croassements glaçants » ont supplanté les « gazouillis épars, les sifflotements des merles ». Traverser la cour de nuit devient sa hantise. Mauvais présage que ces oiseaux de malheur qui semblent la défier, « se jouer d’elle ».

L’auteur focalise notre attention sur Aurore et Ludovic depuis leur rencontre fortuite dans cette cour, cette « petite campagne ». Scène incroyablement hallucinante, digne d’un film d’Hitckock : croassements, hystérie des « bêtes affolées ». Suspense.

Mais qui est ce parfait inconnu, qui sait si bien la deviner ? Un oxymore vivant, déraciné, qui a dû s’approprier les codes du monde urbain.Ludovic, avec son « mètre quatre-vingt-quinze pour cent deux kilos » en impose. C’est préférable pour son métier de recouvreur de dettes. Souvent confronté aux difficultés des ménages qu’il visite, il restitue le pouls de la France des banlieues.

Des vies minuscules en voie de paupérisation.

Avec beaucoup de finesse, Serge Joncour décrit l’évolution des sentiments d’Aurore et de Ludovic, ce voisin qui exacerba sa peur. Aucun attrait immédiat entre eux. Ils se croisent, se jaugent, s’épient. Il la toise. Échanges secs. Son « ton faussement jovial », son humour l’insupportent. Elle le trouve « plouc ». Pourtant elle a envie de le revoir ce « colosse » aux « mains de matamore » qui a compris sa phobie. Comment interpréter ce « petit cadeau » du « plumeau », trouvé dans sa boîte ? Une façon d’apprivoiser l’autre ? La fascination opère insidieusement.

Après avoir été source de frayeur, la cour retrouve sa quiétude et revêt un rôle majeur. L’« infime forêt » devient leur jardin secret, leur cocon, le théâtre des balbutiements de leur idylle (un instant d’abandon), le berceau de leurs ébats (étreinte totale) et le témoin d’ instants volés entre les deux amants. Leurs fêlures les rassemblent mais ralentissent leur fusion amoureuse. Ces deux-là s’accrochent l’un à l’autre comme à une bouée de sauvetage. Les liens se nouent, les mains se frôlent, se caressent, les corps se fondent. Aurore trouve en Ludovic une écoute, « un rempart », un soutien et vit chaque rencontre comme « une pure parenthèse, un dépaysement ».

Voici Aurore, en plein maelström, écartelée entre la raison et le coeur, taraudée par la culpabilité, cédant à la panique, plongée dans ses atermoiements : revoir Ludovic ou l’éviter et « effacer ce moment » de sa mémoire.

L’ironie du destin : Aurore, revenue en catastrophe, découvre que celui qu’elle a pris pour « un prédateur, un nuisible » n’ est autre que Ludovic, l’homme providentiel, envers qui elle ne peut être que doublement reconnaissante ! Comment le remercier d’avoir limité les dégâts ? Pour les mômes, admiratifs, le « doux géant », qui « se sent d’ailleurs », devient le « superplumber », leur héros.

Serge Joncour se révèle un subtil entomologiste des coeurs, traquant les méandres du désir charnel, vertigineux, pour ces deux amants au désert affectif. Il offre des pages « ardentes », sulfureuses, du 37°2 et habille son écriture de tendresse, de douceur et mieux encore de sensualité. Il met en exergue l’emprise que peut avoir un être sur un autre. Ludovic reconnaît que « jamais personne ne l’avait ensorcelé à ce point ». Il est prisonnier de cette dépendance amoureuse, « dangereusement attaché », possédé. Puis se retrouve impliqué dans un sac de noeuds invraisemblable propice à alimenter le suspense. Que fait le fusil dans son coffre ? Que fomente-t-il ? Comment expliquer ses accès de rage, son impulsivité, ses coups de sang ? N’a-t-il pas « tout envenimé » ?

En fin de compte, Aurore est-elle pour Ludovic une bénédiction ou sa plus grande malédiction ?

Au lecteur d’en juger à travers leurs portraits très fouillés que Serge Joncour brosse, avec maestria, les suivant en parallèle dans leur vie professionnelle. Des destins protéiformes pour ces deux êtres, happés par une succession d’imprévus, d’embûches, d’embrouillaminis, au bord du précipice, à la dérive. L’incursion dans le monde du travail montre la loi implacable de la concurrence.

Aurore Dessage, styliste, conjugue innovation et le savoir faire « made in France ».

Elle sait que « le business, c’est soit tu bouffes les autres, soit tu te fais bouffer », « c’est comme monter sur un ring, il faut donner des coups, sans quoi c’est toi qui en prends ». L’auteur livre un vif témoignage de notre époque où le profit l’emporte sur la qualité et glisse un clin d’oeil indirect à la ville de Troyes et son passé de la bonneterie si florissant.

Un différend oppose « la patronne » à son associé, Fabien, qui mise lui sur le profit, et privilégie le commerce avec la Turquie, la Chine. Les tensions dues à leurs objectifs divergents gangrènent leur relation et menace l’avenir de leur petite entreprise en pleine tempête, alors que son mari, « leader de l’hébergement de start-up », « contaminant de succès » déborde de projets depuis qu’il a fusionné avec un groupe américain. Comment tout assumer seule quand on se retrouve en butte aux problèmes économiques ? Sur qui compter ? Son mari?

Aurore voit son couple se déliter par manque de disponibilité à l’autre. Difficile de communiquer avec un époux distant, avachi devant la télé, de plus en plus sollicité, hyper connecté, souvent à l’étranger, avec qui l’échange se réduit parfois à « un geste d’un condescendance glaciale ».

Aurore n’est-elle pas au bord du découragement et du burn out, rendue à sa déréliction, quand elle croise Ludo,du genre altruiste, prêt à l’aider, à l’accompagner à un rendez-vous d’affaire ?

Nouveau dilemme cornélien : sauvegarder son couple, ses enfants ou refaire sa vie.

Si Serge Joncour a opté pour un ton plus grave, il ne se départit pas de son humour, et nous offre des intermèdes plaisants (la « chorégraphie parfaite des serveurs ») ou hilarants comme l’essayage de pantalons. Comment ne pas rire de concert avec les vendeuses à la vue de « la cabine prise de spasmes » !

En filigrane, Serge Joncour renoue avec la dualité ville/campagne. Pour Ludovic, que Paris « tend comme un ressort », le retour aux sources dans la vallée de Célé lui offre ce « bol d’air » salvateur. Dans cette nature, « l’environnement se foutait pas mal de son gabarit », de sa stature si imposante. Il pose un regard poétique sur la capitale aux multiples perspectives, sur la Seine. Avec tact et pudeur il évoque le désarroi de ceux qui voient leurs aînés se dégrader, ainsi que la maladie,le deuil. Il soulève la délicate question d’aimer de nouveau tout en restant fidèle à celui qui est parti.

Serge Joncour signe un très beau roman complexe, ambitieux, ample, captivant, foisonnant de personnages, en prise avec l’actualité.Le talent de l’auteur est de toujours se raccrocher à l’humain. Il nourrit une généreuse empathie , profondément sincère, pour ses protagonistes (des faibles, des fragiles) devant leurs turbulences intérieures. Chez Serge Joncour, l’histoire, avec ses luttes et violences sociales, n’est jamais absente de son esprit ou indifférente à sa plume. On retrouve avec

délectation le style Joncourien:puissant, écorché vif, cinématographique suscitant tout de suite des images fortes ( corbeaux « jaillissant comme des assiettes au ball-trap », geyser, chute dans l’étang, métaphore du buffle…).

Cette love story entre voisins,une passion adultère improbable, « tellurique » teintée de culpabilité, d’autant plus inattendue que tout les oppose, saura tatouer le lecteur de façon indélébile.En quittant ce roman prégnant, le lecteur va, lui aussi, rêver d’entendre une voix bienveillante, lénifiante qui l’apaisera par son invite : « Repose-toi sur moi ». « Double sens quand tu nous tiens », déclare Serge Joncour, en écho au titre magnifique. Un livre, tour à tour, touchant, drôle, inquiétant, violent, poétique, poignant, tendre,nostalgique, hypnotique à ne pas laisser au repos et qui ne vous laisse pas au repos ! Il enflamme et séduit .On souscrit.

Serge Joncour trace son sillon , sans tapage, et s’impose parmi les cadors de sa génération.

Stylissime.

©Nadine Doyen

Clément Bénech, Lève-toi et charme, Flammarion ; (16€- 175 pages).

Chronique de Nadine Doyen

Clément Bénech, Lève-toi et charme, Flammarion ; (16€- 175 pages).

« Mettez un animal dans votre titre », conseillait Mohammed Aïssaoui dans un article du Figaro, ayant noté que bon nombre de romans contenaient dans leur titre un animal. Clément Bénech, lui, préfère accorder à son chat, Dino, un rôle essentiel, déterminant pour sa vie amoureuse.

Quant au titre, qui sonne comme un injonction, le narrateur en fait son viatique.

Mais qui va-t-il charmer ? A moins que ce ne soit lui qui succombe au charme des Allemandes ? L’une d’elle le séduira-t-il ? Beaucoup de surprises en réserve.

Le bandeau du livre laisse entrevoir des jambes au fort potentiel érotique.

On devine que l’auteur aime voyager, d’ailleurs il a inséré quelques photos dans ce roman à la veine autobiographique. Clément Bénech nous avait conduits en Slovénie dans son roman précédent, cette fois il nous embarque à Berlin, où son étudiant est censé achever sa thèse, sur les conseils de son professeur. La scène à l’aéroport, puis dans l’avion est d’un réalisme impressionnant, anxiogène même pour un lecteur qui a la phobie de l’avion.

On suit l’étudiant dans ses logements successifs, ses recherches à la bibliothèque. Il y croise un américain adepte de basket-ball comme lui et rejoint son équipe. Grâce à Gabriel, il s’approprie peu à peu la ville de Berlin, dont le nom serait lié « à un ourson, un Bärlin ». Il la traverse en tramway, en métro, longe la portion restante du mur. Il fréquente les bars alternatifs, où parfois évoluent d’étranges performers, pour le grand bonheur d’une faune de tricophiles. Il s’endort sur un banc dans le Tiergarden. Il explore des quartiers à la périphérie, dont le turc, les bas-fonds, se mêle aux touristes, enjambe la Spree, se hasarde sur l’île des Musées. Il tente de saisir la quintessence de la ville jusque dans les boîtes de nuit et même les cimetières. Mais s’intégrer s’avère difficile, « les Berlinois avaient tendance à rester Berlinois ».

Durant cet exil temporaire, le narrateur s’interroge sur l’impact de l’éloignement géographique dans une liaison amoureuse et sur le fait avéré que les plus connectés seraient les plus seuls. Craindrait-il de perdre Annabelle ou peut-il faire confiance à « ce capital » acquis entre eux ? Leur libertinage par webcam sera-t-il suffisant pour pimenter leurs échanges et combler l’absence physique ?

A Paris, il a laissé Annabelle mais pas Dino. N’est-ce pas ce félin casanier, «  rejeton de chartreux et d’angora », l’entregent qui permet à son maître de rencontrer Dora ? Rencontre fortuite, et voici ce French lover, piégé, taraudé par le désir impérieux de la revoir. Suspense. Sa mémoire aura-t-elle mémorisé l’ordre des pages du livre qu’il a cornées, correspondant au numéro de cette Berlinoise , excentrique et énigmatique ?

Va-t-il trahir celle qu’il est persuadé d’aimer ? Comment va-t-il gérer ce dilemme, d’autant qu’Annabelle doit venir lui rendre visite ? Et si les deux femmes venaient à se rencontrer ? Dora, qui ne le quitte plus, ne risque-t-elle pas de devenir un danger toxique ? Il s’interroge. Quel sentiment éprouve-t-il ? De l’amour ou de l’amitié ?

Cette jeune femme, au « sourire sardonique », aussi magnétique que la Hongroise qui séduit L’écrivain national de Serge Joncour, intrigue tout autant le lecteur que le narrateur qui va vite se retrouver sous son emprise.

On comprend vite pourquoi le narrateur la qualifie d’« invivable ». Son comportement surprend. Dora nous plonge dans le suspense quand elle entraîne l’étudiant français dans ses fantasmes. Pourquoi toutes ces acrobaties dans la salle de bain ? Et ce rituel des bougies, répond-t-il à un « rituel satanique » ?

La gifle inopinée marque la rupture. Incompréhension de l’étudiant, mais une révélation choc en fin de roman lève le secret sur la mère de Dora.

L’autre figure féminine est incarnée par Nadine, « une control freak », qui embauche l’étudiant dans sa start up, le déconcertant avec cette « smiley list » à lui restituer.

Le prénom du narrateur, Constant, cité une seule fois, serait-il à l’unisson de sa thèse soutenue avec succès ? A savoir que les technologies numériques « rapprochent ce qui est proche, et éloignent ce qui est lointain ». Y verrait-il le glas du lien social ?

L’originalité de ce roman réside dans les croquis, les photos de voyages (Egypte, Espagne) ou de Dora qui émaillent le récit.

Clément Bénech excelle dans l’art de la comparaison, se référant souvent à des animaux (Les grues, « dinosaures curieux »). L’auteur montre une prédilection pour les lieux désaffectés, voire oniriques, que ses protagonistes transgressent. Il mixe les langues sans retenue : l’anglais des consignes de sécurité dans l’avion, de Gabriel, le vocabulaire de businesswoman de Nadine (corporate, coworker, shift, benchmarking, corporate, task…), langage SMS (« j’ai hilaré »), expression latine (ad patres) et l’allemand. Il jongle avec les maladresses dues à un manque de maîtrise de la langue : confusion entre bungalow et lumbago, entre poisson et poinçon. Il saupoudre d’humour : « Je lâchais sa valise qui se mit automatiquement au garde-à-vous ».

Son écriture est très visuelle, aucun détail ne manque dans chaque description, que ce soient pour les tenues vestimentaires, les portraits de ses personnages ou le méticuleux inventaire des lieux : plan des pièces, agencement du mobilier. Certaines séquences font penser au style de Jean-Philippe Toussaint.

L’intrigue est basée sur le hasard des rencontres des protagonistes.

Clément Bénech signe un roman irrigué par son vécu, une parfaite connaissance de la ville de Berlin. Il se fait arpenteur de « la ville horizontale », mais nous offre aussi une vision panoramique, balayant l’architecture depuis le Mur aux châteaux d’eau reconvertis en résidence. Il glisse une réflexion sur l’urbanisme et les chantiers qui s’éternisent, comme à Barcelone. Il sait nous dépayser et nous embobiner. Quant à l’avenir du couple, il nous livre une fin ouverte : « Nous parlons de nous fiancer » et laisse le lecteur spéculer sur leurs projets.

Ce court roman possède le charme des rencontres inattendues et nous offre une balade insolite, hors des sentiers battus, à travers Berlin et sa périphérie.

©Nadine Doyen

Barbarie 2.0, Andrea H. Japp Flammarion, 24 septembre 2014. 21 €

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Barbarie 2.0, Andrea H. Japp, Flammarion, 24 septembre 2014. 21 €

Quand Yann Lemadec, analyste de données, spécialisé en psychologie à la Brigade d’intervention secondaire, est discrètement recruté par Henri de Salvindon, grand patron de la DCRI, pour enquêter sur le meurtre sordide de Thomas Delebarre, un avocat général, Yann se doutait bien que les choses n’étaient pas très claires, pas plus que le rôle qu’on allait lui faire jouer. Il était trop fin limier sur le fonctionnement humain pour ne pas avoir senti l’opacité de l’affaire, mais il était loin d’imaginer qu’il venait de mettre le pied au cœur d’un affrontement d’une envergure telle, que le sort de l’humanité pouvait en dépendre. Il était loin d’imaginer à quel point cela allait le dépasser.

L’enjeu est de taille et les deux groupes qui s’affrontent en secret sont tout aussi impitoyables l’un que l’autre. Ce qui les différencie c’est que l’un lutte et complote pour défendre sa caste au mépris de tout le reste, avec cynisme et avidité, seul compte le profit, toujours plus de profit et l’autre, lutte pour préserver l’espèce, quitte à en modifier un peu les gênes pour être de taille à lutter. Yann quand à lui, breton, beau mec, intelligent, gentil, cultivé, fait partie d’un groupe en voie de disparition, celui des électrons-libres, philosophes, humanistes et un peu rêveurs, qui ne peuvent concevoir d’aussi extrêmes radicalisations.

Il sera ce fétu de paille baladé par les uns et les autres, accroché vaille que vaille à une quête obstinée de la vérité, avant d’être balayé en un claquement de doigt.

On est ici de part et d’autre dans l’application de l’adage « la fin justifie les moyens ».

« Nous avons raison, nous et le camp opposé. Le chaos se prépare. La seule inconnue demeure quand ? Quand aurons-nous raison ? »

Sur fond de déferlement de violence, Barbarie 2.0 aborde des aspects sombres mais tout à fait tangibles du monde d’aujourd’hui. L’auteur s’appuie sur d’innombrables faits divers réellement arrivés ces dernières années et des notes en bas de pages (trop ?) renvoient à un bon nombre de liens, qui donnent par moment au roman une allure de documentaire.

« Or comme disent les stars de l’économie numérique : si c’est gratuit, c’est que le produit, c’est toi ! La masse, le peuple quoi, a été de la chair à canon, puis à mines. C’est maintenant de la chair à écrans (…) »

L’intrigue tient d’abord la route, son découpage garde le lecteur en haleine, peut-être trop même, car à mi-chemin, on peut commencer à rester sur sa faim, comme s’il manquait quelque chose, comme si ce thriller ne tenait pas ses promesses, restait trop en surface.

Un détail par exemple, mais qui peut devenir gênant à la longue, l’auteur a un goût prononcé pour les descriptions, notamment d’intérieurs, qui semblent parfois un peu incongrues, et on sent que l’auteur se fait plaisir mais le lecteur lui, peut avoir l’impression soudain de feuilleter un magazine d’art et décoration.

Peut-être Andrea H. Japp s’est-elle ici attelée à un sujet trop lourd, où la fiction s’emmêle trop de références réelles et implique donc une dimension plus profonde, plus fouillée ? La fin d’ailleurs est bien trop simpliste, au vu de toutes les questions justement qui ont été soulevées et il manque bien des paramètres pour pouvoir tenter d’y répondre. L’auteur, passionnée de neurobiochimie, propose cependant une lecture possible.

 « La barbarie 2.0, la déferlante du sadisme à l’humaine. Toutes les conditions sont réunies. Notre trop grand nombre sur cette planète, nos haines des autres savamment orchestrées, les dysfonctionnements du cerveau engendrés par des carences, des pollutions, aggravés par les drogues, sans oublier une anesthésie générale des populations  à qui l’on refourgue du pain et des jeux pour qu’elles ne voient rien venir, tant qu’elles peuvent payer. Les agneaux seront égorgés, seuls les fauves survivront. Les pires des fauves. L’automne est là et l’hiver arrive. Il durera. »

©Cathy Garcia

indexrNée en 1957, toxicologue de formation, Andrea H. Japp, pseudonyme de Lionelle Nugon-Baudon, se lance dans l’écriture de romans policiers en 1990 avec La Bostonienne, qui remporte le prix du festival de Cognac en 1991. Aujourd’hui auteur d’une vingtaine de romans, elle est considérée comme l’une des « reines du crime » françaises. Elle est également auteur de romans policiers historiques, de nombreux recueils de nouvelles, dont Un jour, je vous ai croisés, de scénarios pour la télévision et de bandes dessinées.

L’écrivain national ,Serge Joncour, Flammarion

Ce 27 janvier 2015, le 82ème Prix Des Deux Magots a été décerné à Serge Joncour.serge joncour

Félicitations à Serge Joncour pour ce brillant parcours de la part de toute l’équipe de Traversées.


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  • L’écrivain national ,Serge Joncour, Flammarion , 21€ – 390 pages

L’automne dans une région retirée du Morvan «  pour en revenir le sang neuf et la tête gorgée d’idées neuves ». Un séjour prometteur pour cet auteur en résidence dont les seules occupations seront de rédiger un feuilleton pour le journal local et d’animer des ateliers d’écriture. Cette anticipation idyllique est bouleversée par la découverte d’un fait divers : la disparition d’un riche maraîcher, Commodore.

Un auteur peut-il résister à la recherche de la vérité ? Parmi les suspects, deux jeunes, Aurélik et Dora, vivent de « petits métiers » et la photo de la séduisante Dora plonge l’écrivain dans un état second. En dépit des nombreux obstacles, l’écrivain recueille de précieux indices et enrichit son roman d’aventures rocambolesques.

Roman policier ? Autofiction ?

« Un roman n’a pas à dire la vérité, il peut bien plus que cela ». Le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la fin, par l’intrigue et aussi par les multiples aspects du roman.

La forêt « cette masse verticale » joue un rôle capital car les protagonistes y demeurent. Elle est aussi l’objet d’un différend politique entre les industriels et les écologistes.

Cette aventure trépidante suscite chez le narrateur une réflexion sur le métier d’écrivain et ses aspects positifs. Être écrivain permettait de se rapprocher de tous, « d’aborder chacun sans préjugés et sans morale ». Que penser alors de la question : « Un auteur dans le fond doit-il servir à quelque chose ? » Serait-ce antinomique ?

Observateur avisé de la nature humaine et de la société, il nous livre, non sans humour, une sage philosophie. « Ma vraie force c’était ma discrétion parce que dans la vie, rien n’est plus dur que de savoir se taire » ou encore « Vivre, c’est accepter de perdre, quitte à en être gorgé de remords, quitte à regretter ».

L’écrivain national n’a-t-il pas été invité par des libraires pour promouvoir la lecture ?

Quel ne fut pas son désarroi quand, lors d’un atelier d’écriture, il découvrit des adultes illettrés ! Sa bonté et son empathie l’emportèrent et la séance fut gratifiante !

D’autres rencontres plus houleuses avec des lectrices qui assimilaient l’auteur à son personnage laissèrent le narrateur mortifié ! Pour autant, il fait l’apologie de la lecture : « Lire,c’est voir le monde par mille regards, c’est la réponse providentielle à ce grand défaut que l’on a tous de n’être que soi ».

La politique, incarnée par le maire, opportuniste patent, n’a pas échappé à quelques

coups de griffes !

Que dire du stratagème destiné à épaissir le mystère ? Dora devient une figure équivoque. Tantôt il avoue « peut-être que j’avais à faire à une grande manipulatrice » et plus loin « Dora était l’unique lumière, le seul être de raison toujours présent ».

D’où la perplexité du lecteur !

J’abonderai dans le sens de Milan Kundera: « Dans le territoire du roman, on n’affirme pas ; c’est le territoire du jeu et des hypothèses ». Serge Joncour est en parfaite adéquation avec cette opinion, pour notre grand bonheur !

©Colette Mesguich.

Entretien avec Serge Joncour

RENTRÉE LITTÉRAIRE SEPTEMBRE 2014

Serge Joncour

Serge Joncour

Entretien avec Serge Joncour à l’occasion de la sortie de son roman:

L’écrivain national – Flammarion ( 400 pages – 21€)

Propos recueillis par Nadine Doyen

ND:Vous avez déclaré pour des romans précédents que le choix du titre s’avère souvent difficile. Qu’en a-t-il été pour celui-ci? S’est-il imposé d’emblée?

SJ: Oui, dès le départ. J’ai gardé le titre de travail.

ND: La Belgique a son poète national, l’Angleterre aussi, pensez-vous qu’un jour, en France, on puisse aussi avoir « Notre poète national ou écrivain national »?

SJ: Pour moi c’est et ça reste Victor Hugo. Mais à vrai dire l’appellation concerne tous les auteurs qui publient, aujourd’hui, chez un éditeur national…

ND: Le choix de l’illustration du bandeau fut-elle délicate?

C’est toujours délicat de choisir une image qui illustre son livre.

SJ: Je fais confiance à l’éditeur.

ND: Le lecteur ignore le travail en coulisses quant à la finition d’un manuscrit. Pour atteindre la perfection, pouvez-vous évaluer le temps consacré à la relecture et corrections?

SJ: Plus de deux mois. L’équipe Flammarion dirigée par Alix Penent l’éditrice, apporte un grand soin à ces dernières étapes d’un manuscrit devenant un livre. C’est à cette application et cette rigueur qu’on voit qu’un bon éditeur: c’est précieux.

ND: Horace Engdahl souligne le côté ingrat du métier d’écrivain qui « passe des heures et des heures à accoucher de quelques lignes » , bientôt « consommées par le lecteur en moins de deux ». N’est-ce pas le lot de l’écrivain «  cette disproportion flagrante entre lecture et écriture, désir volatil et dur labeur »? Quelle fut la durée de la gestation de ce onzième roman?

SJ: L’image qui me vient souvent à propos de cette disproportion là, c’est un peu comme les bâtisseurs de route ou de voie ferrée… Des années à l’édifier, et on roule à 300 km/h ! Mais il y a un grand plaisir à tracer cette route, à tracer ce chemin où passera le regard et l’esprit du lecteur. Deux années pour celui là.

ND: Inversement, quand vous êtes lecteur, pensez-vous au travail de l’auteur?

Portez-vous une attention particulière à l’écriture ou laissez-vous emporter par le récit? Votre héroïne, Dora, affirme que « pour savoir qui sont vraiment les gens, il suffit de jeter un oeil aux dernières pages ». Pour un auteur, rien de plus sacrilège que de lire la fin. Qu’en pensez-vous?

SJ: Je suis très attentif à l’écriture, toujours, lire un livre c’est d’abord trouver un ton, une voix, qui vous parle plus ou moins. Puis il y a la sinuosité plus ou moins vaillante de l’histoire, de l’intrigue, mais parfois la voix à elle suffit, à convaincre de continuer la lecture… Un livre, c’est très ouvert, et chaque fois différent, chaque livre a son propre dosage, entre fiction et réaliste, entre intrigue et style, les combinaisons sont infinies et c’est bien pourquoi le roman est inépuisable, quelle que soit sa forme.

ND: Votre roman est une vaste réflexion sur la création. Le fait divers qui alimente le suspense de votre roman vient-il d’un article lu dans la presse? Ou est-il déformé? Votre héros se dit réfractaire à piller la vie des autres, soulignant le danger de « se couper d’eux ». Que pensez-vous de vos confrères qui s’emparent de ces sujets?

SJ: Le fait divers est un véritable combustible de la littérature, et de la fiction au sens large.

Ce livre est la combinaison de plein de faits réels, d’anecdotes personnelles, de souvenirs, de rencontres, de personnages réels, de sites réinventés ou géographiquement déplacés, un mélange aussi de souvenirs, de lectures aussi, il faut des matériaux de toute sorte pour bâtir ce roman…

Le fait divers, j’aime le retrouver sous la plume des autres, avec tout de même cette réserve, de ne pas aborder le fait divers à chaud, les vérités sont toujours longues à décanter.

ND: Au coeur de votre roman, on sent, tapie, une certaine violence, qui contraste avec la douceur, la tendresse qui dominaient dans L’ Amour sans le faire.

Il y a L’écrivain national, exaspéré d’être espionné ou soumis aux interrogatoires.

Les circonstances du meurtre et de l’achèvement de la victime.

Et cette machine broyeuse affolante, cette rage à noyer les jerrycans..

Sans oublier certaines scènes d’amour avec Dora, torrides, voire sauvages.

ND: Nos vies sont faites de ça, de périodes plus paisibles et bienfaisantes, et d’épisodes où l’on est beaucoup plus « secoué ».

Là j’avais envie de secouer mon personnage, le décor, la forêt. La forêt aux abords de l’hiver, appelle cela en quelque sorte. Je ne voulais pas une forêt idéale au calme profond. Il y a toute une vie dans une forêt, autonome, comme dans un monde à part.

Pareil pour la campagne, je voulais ce contraste entre ce que l’on peut projeter d’une campagne paisible et rassérénante, et ce que mon personnage va en fin de compte y trouver: des hommes, des femmes, des conflits d’intérêt et des enjeux de territoire… ça existe ça, dans la vie. Souvent on se bat pour de simples questions de territoire.

Et le bois, le travail du bois, c’est quelque chose de féroce, abattre un arbre c’est lutter contre les éléments, ça met en oeuvre des machines, des forces, des usines, qui dépassent l’homme….

d’où cette référence amusée à Milon de Crotone à la fin…. !

ND: Ce qui n’est pas sans bousculer le lecteur qui reçoit de plein fouet cette charge. Doit-on y voir la rumeur d’une société plus violente, de tout ce que les médias nous assènent?

SJ: Disons que le monde de la nature, de la campagne traditionnelle, n’est pas moins violent ou ombrageux que l’autre. Le citadin.

ND: Martin Melkonian déclare dans son recueil d’aphorismes , Traces de secours: « L’écriture- pour l’offrande. La lecture-pour la trace. La parole-pour le relais ».

Avez-vous l’impression d’ offrir un cadeau à votre lectorat à chaque nouveau livre?

Quelle trace souhaitez-vous que l’on garde de L’écrivain national?

SJ: Je veux que les lecteurs, si possible nombreux, s’y lancent, s’y baladent, puis s’y fassent peur, et que finalement ils soient rassurés par la présence des autres… tant ils seront nombreux ! Enfin, je rêve là. Mais toujours est-il que c’est un livre que j’ai écrit en pensant au lecteur, le fait de le sentir là, derrière mon épaule, faisait que je pouvais davantage l’emmener là ou là, sur de fausses pistes, élaborer l’intrigue.

ND: Pour vous, les années précédentes, cela semblait irréalisable de commettre un roman de format plus conséquent.

Vous êtes-vous lancé un défi avec L’écrivain national, qui compte 400 pages?

Avez-vous eu besoin d’écouter de la musique pendant la rédaction de votre roman?

SJ: J’écoute de la musique, si je n’arrive pas à susciter assez fortement une émotion, ou une image. La musique comme une béquille. Mais bon, c’est un peu comme l’alcool, ça peut brouiller les choses, ça peut exalter la réalité du texte, lui donner plus de vie qu’il n’en a vraiment. J’écoute par phases, assez peu. Pour celui là en tous cas.

400 Pages, il fallait de la place, du souffle, pour parler à la fois d’un auteur, d’un fait divers, d’une communauté entière aux prises avec ses enjeux et ses rivalités, parler aussi des décors, et de cette vie sociale de l’auteur, de l’écrivain, telle que je la vois aujourd’hui, retranscrire toutes ces rencontres en librairie, en collège, en bibliothèque, ces ateliers d’écriture…

Un écrivain ce n’est pas seulement un être qui écrit, c’est aussi, quelqu’un qui va vers les autres pour parler soit de ses livres, soit pour les faire parler d’eux; les autres… !

ND: Vous situez votre écrivain national en résidence. En ce qui vous concerne, avez -vous rédigé une partie de ce roman en résidence d’auteurs ou non?

Où était-ce? Comptez-vous en faire d’autres?

Parmi les missions que vous avez effectuées, lesquelles sont les plus gratifiantes?

SJ: Oui, j’en ai fait, des résidences plus ou moins longues, et des dizaines de rencontres en librairie, et beaucoup d’ateliers d’écriture aussi, un peu partout. Quelques rares fois à l’étranger.

ND: La nationalité hongroise de Dora vous a certainement été inspirée par vos séjours en Hongrie, je suppose. Parlez-vous quelques rudiments de cette «  langue totalement incompréhensible, pas devinable »?

SJ: La nationalité de Dora est essentielle. Elle est un mélange de réelles personnes, rencontrées en Hongrie, et cet exotisme total de la langue, et d’une certaine façon, de leur regard sur le monde. C’est un pays fascinant, ou le passé insiste un peu, ou des peurs et des rêves cohabitent parfois douloureusement, toujours au bord d’un désenchantement.

ND: Votre « écrivain national » confie ne «  jamais écrire dans les cafés ». Pouvez-vous écrire n’importe où?

SJ: Non !

ND: William Burroughs disait d’un écrivain, «  c’est quelqu’un qui y est allé, sur le terrain ».

Avez-vous parcouru cette forêt de Marzy pour camper le décor de façon si réaliste?

Vous brossez la nature comme un peintre. Quel est votre rapport à l’art?

SJ: Oui, j’aime me balader en forêt. Mes grands parents en vivaient. La forêt dont je parle est en gros, celle du Morvan, avec une scierie que je connais, mais dans le sud-ouest, j’ai déplacé quelques maisons aussi pour les intégrer à mon décor.

C’est un travail de composition aussi, comme un peintre assemblerait plusieurs éléments de décor. J’avais aussi en tête des tableaux de Constable ou Rosa Bonheur. Je suis fasciné par les toiles de Rosa Bonheur, la vie qu’elle met dans les regards de ses boeufs !!! C’est un détail.

Et pourtant, ça vaut le coup d’aller à Orsay, y jeter un oeil…

ND: Vous évoquez la correspondance avec les lecteurs de votre protagoniste, dont certaines qu’il a dû couper. Quant à vous, les échanges avec vos lecteurs tiennent-ils, comme pour Amélie Nothomb, « une place énorme dans votre existence »?

Dans votre roman, L’écrivain national a tissé des relations privilégiées avec quelques lecteurs. On constate qu’elles peuvent être toxiques. Vous êtes-vous parfois retrouvé dépositaire de secrets, de confidences? Ou de devoir couper court à des échanges,comme Amélie Nothomb qui déclare avoir parmi ses admirateurs « des dingues, des furieux »?

SJ: Je ne gère rien, j’en ai bien peur. Pour le reste, bien venus sont ceux qui m’écrivent. C’est au moins le signe que le livre est en vie, quelque part, sous d’autres regards. Un livre c’est étrange. On l’écrit, puis il s’évapore sous forme d’exemplaires; devenu anonyme, mon propre livre devenu anonyme, échappé, parti… Alors qu’un musicien, un cinéaste, un peintre lors du vernissage, eux ils voient le regard que portent les autres, directement, sur leur travail. L’auteur lui ne voit rien. Il est bien rare de tomber sur quelqu’un dans la rue ou un train qui est en train de lire votre livre justement… Alors, le courrier, ça permet de juger de l’effet, c’est un signe de vie que vous envoie ce livre envolé !

ND: Philip Roth constatait en 2013 que « Le nombre des gens qui prennent la lecture au sérieux est en baisse », constatez-vous ce déclin lors de vos rencontres?

SJ: Non.

ND: Vous définissez « vos auditeurs providentiels », lors de vos rencontres, comme « un doux tribunal ». Votre héros sort déstabilisé de certaines rencontres, ce que l’on peut comprendre, vu le procès de ces « quatre zoïles vipérines ». Redoutez-vous les interviews ou les rencontres?

Comment réagissez-vous face à des lecteurs censeurs?

SJ: Non, je ne crains pas ça, au contraire, je le recherche. En général ça se passe bien, mais l’imprévu est toujours possible.

ND: Votre protagoniste multiplie des retards, pouvez-vous vous targuer d’être ponctuel? ( hors des problèmes de transport)

SJ: Je suis ponctuel.

ND: Vous arrive-t-il souvent, comme votre double, de trouver que vous n’êtes pas à votre place?

SJ: Souvent. Mais j’aime bien cette sensation.

ND: « Écrire, c’est se dénoncer », affirme votre héros. Pensez-vous que vos lecteurs seront capables de vous deviner, vous cerner, à la lecture de L’écrivain national?

SJ: C’est évident. Ce personnage m’a emprunté beaucoup, jusqu’à mes vêtements….

ND: Les auteurs ont souvent des objets fétiches. Philippe Jaenada ne voyage pas sans son sac matelot, Katherine Pancol dort avec un calepin et un crayon.

En avez-vous?

SJ: J’en ai tellement que je pars toujours avec une grosse valise. Et bien souvent, j’en trouve de nouveaux sur place…

ND: Vous êtes toujours en mouvement comme votre double qui déclare: « Bouger ouvre l’esprit », n’aspirez-vous pas à une pause? Comment s’annonce votre agenda 2014/2015?

SJ: Des rencontres j’espère, en librairie, et en salon du livre.

ND: A choisir, préféreriez-vous partager le thé avec Agatha Christie ou un whisky avec Alfred Hitchcock?

SJ: Je n’aime pas l’odeur du cigare…. !

Un incommensurable MERCI pour avoir accepté que je vous « grignote » de ce flot de questions, pour reprendre une de vos formules ( page110)?

Et souhaitons à votre roman la consécration qu’il mérite.

Ne manquez pas ce roman prometteur, et une fois découvert , savourez la remarque de Serge Joncour : « J’étais le vibrion septique sous le regard de Pasteur, L’ Amérique dans l’azimut de Colomb », « c’est dire que j’étais entré dans l’intimité studieuse de quelques-uns, que mes livres étaient passés de mon ombre à leur petite lampe, c’est vertigineux quand on y pense ».( page 47)

Pour conclure, Charles Dantzig voit la lecture comme un tatouage, et considère qu’un auteur est sauvé « si le lecteur en retient une, une seule ». Dans ce roman, c’est une pléthore de passages que l’on se surprend à surligner ou à recopier afin de les partager ( « Lire, c’est voir le monde par mille regards… ».

A votre tour de vous laisser hypnotiser par « L’ écrivain national », sauvé des eaux, de ce décor sous-marin, même si son Kangoo n’était pas amphibie.

(1): Lire aussi la chronique de Nadine Doyen sur :

L’écrivain national, Serge Joncour , Flammarion (400 pages – 21€)