Je suis la foule unanime et libre

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Je suis la foule unanime et libre

exprimée dans le cadre noir

le sang versé du poème-étendard

Nous sommes Charlie

J’ai rempli mon cœur

par le sang versé du poème /

du poème sans peur

déplié par tous

déployé par tout /

pas plié pour la peine

Dé-poème

multiplié

pour cent

Je /

mille et un

Je

au-dessus du couvert /

par-dessus le tapis sanglant

de leurs anathèmes

Rien n’est joué au hasard

la haine

est l’antichambre d’un festin

où l’ignorance blasphème

les plus beaux credo les plus beaux destins

nos rêves nos idéaux

humains / trop humains

& nous ne plierons pas

sauf à plier le livre

à la pliure imaginaire

hors frontières

du poème-étendard

poème-Vie / poème pour la vie

PoéVie

Murielle Compère-Demarcy

Hommage à Jean-Claude Pirotte par Frédéric Chef

 

Pour Jean-Claude Pirotte, i. m.
Pirotte
Te voilà sur les bords de la Sambre
parti la Meuse le Léthé ou le Styx
peut-être commences-tu à descendre
dans un poème toujours aussi prolixe

pourtant locataire sous le vocable
de la Vierge qui te faisait rempart
tu tirais par les cornes ce Diable
ignorant qu’un jour le temps sépare

ce qu’il a réuni comme un bouquet
de membres de chair et de pensées
au-dessus l’âme ou quelque chose

approchant ? les poètes ne meurent
c’est connu jamais souffre-douleur
ils se piquent pour nous à toutes les roses

…………………….
tu poursuivais la chimère du vieux-temps
au fil des jours dans l’usage des poètes
et la lumière remisée des jours d’antan
où tu vivais loin d’être anachorète

sur le seuil derrière le rideau du ciel
tricotant l’ordinaire d’un fil ténu
ou fixant d’un pinceau d’aquarelle
tes humeurs et ton âme aux nues

pour que naisse un double de toi
qui volerait par-dessus les toits
parmi les anges et les diables cornus

je ne crois pas du tout que tu sois
mort c’est sur ce fil de soie
tricoté par les vers que tu as “disparu”

©Frédéric Chef, 27 mai 2014

Pour Alain Bertrand, i. m.

Herbeumont Semois2

 

 

Alain tu t’en allais l’autre jour sous la pluie

ton sort était scellé comme un cercueil de chêne

où tu dormais dans ce plumier comme un étui

à violon sur quoi se tendait notre peine

 

tes amis ta famille tes élèves alignés

droits et dignes sous cette voûte à lanternes

écoutaient la parole de l’Église indignés

par ce départ fortuit qui pour le moins consterne

 

tes livres ensuite effeuillés comme un bouquet

de fleurs blanches en couronne mortuaire

sur le vide que tu découvrais au cimetière

 

mais absent parti déjà au fil de la Semois

chercher d’autres images quelques écrits

des mots pour nous qui prolongeraient la vie

 

 

Frédéric Chef