
poésie
Titre : Sur la pointe des pieds
Auteur : Christophe Jubien
Illustrations : Laurent Pinabel
Éditeur : MØtus
Année de parution : 2024
Des poèmes courts. Chuchotés. Des toutes petites merveilles du quotidien. Christophe Jubien les voit, ces invisibles. Ces muettes. Il nous les partage, sur la pointe des pieds. Sans vouloir déranger. Juste comme ça. Un sourire. Un sourire d’enfant : « tu vois, c’est ça ». C’est presque rien mais c’est bien mieux que rien. Un ancrage au monde. Un encrage de la vie simple. Pas besoin de Lamborghini ou d’Aston Martin pour découvrir le monde, même si ce n’est pas interdit, quelques pas lentement posés sur le trottoir du jour, le carrelage de l’appartement et tout devient réel. Vivant. La poésie, c’est aussi cela : cette attention au trois fois rien qui rendent le monde neuf.
Les illustrations de Laurent Pinabel joue de cette simplicité, comme un enfant lui aussi et avec humour et couleurs.
Un livre murmuré qui donne envie d’être heureux.
Offrir du bonheur à tout âge.
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Titre : Mais pourquoi donc est-ce que je parle à ce rocher ?
Auteur : Daniel Birnbaum
illustrations : Paolo Leone
Éditeur : Association Francophone de Haïku
Année de parution : 2023
Lire et relire Daniel Birnbaum qui est parti en 2024 est à la fois nécessaire et plaisant. Des haïkus tout simplement. Une vision du monde proche. Un humour. C’est salutaire. Et ça se partage volontiers !
Il tape trois fois au carreau
mais comment répondre
au bourdon
une feuille tombe
sur une autre feuille
encore plus de silence
premier novembre
le vent s’obstine
à remuer les feuilles
et dans un autre recueil de haïku chez le même éditeur on trouve ceci que j’aime beaucoup :
matin d’hiver
la neige tombe
jusqu’au silence
Tout va de trois vers/ Daniel Birnbaum
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Titre : signe-moi que tu m’aimes
Auteur : Levent Beskardès
traduction en français : divers traducteurs dont Brigitte Baumié
Éditeur : éditions Bruno Doucey
Année de parution : 2 024
Un livre étonnant. Des poèmes écrits en langue des signes. Dans l’espace. Des poèmes gestes si je peux le dire ainsi. Les poèmes sont également dessinés par l’auteur, ainsi on peut les lire en langue des signes. Ils sont ensuite traduits en français. Je peux alors les lire et entrer dans l’univers de Levant Beskardès. Découvrir son regard sur le monde. Sa perception. Forcément décalée, différente : questions de sens. Ces différences nous enrichissent. Le monde n’est pas tout à fait le même pour chacun.
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Titre : des fourmis qui gigotent
Auteur : Ludivine Joinnot
Images : Valérie Linder
Éditeur : L’ail des ours, collection Graines d’ours
Année de parution : 2024
Un livre avec trois longs poèmes.
Le premier : Dans cette maison-là évoque la chaleur familiale. Le home sweet home. Le bonheur de vivre. De vivre ensemble. De s’écouler avec les jours.
On se dit que la vie est belle
on voudrait qu’elle dure longtemps
longtemps, longtemps, longtemps
Le second Ma tête est dans les trains évoque le voyage. Un trajet en train. Le paysage à la fenêtre. Le ciel. Le temps qui passe. Le silence et le rêve du voyage.
Ma tête est dans les trains
le ciel change de couleurs
une voix annonce le prochain arrêt
Le troisième Des fourmis qui gigotent évoque un autre voyage en train. Celui d’une petite fille qui emmène sa Nonna en voyage en train. Comme deux petites filles. L’impromptu. La surprise. Et la joie.
Nonna s’est mise à rigoler
sans plus pouvoir s’arrêter
et moi, j’ai ri avec elle,
même si je ne savais pas trop pourquoi
nous avions soudain le même âge
et des souvenirs plein nos bagages
Les images et leurs couleurs ajoutent encore un peu plus de chaleur à ces pages. On se sent bien dans ce livre. Comme un cocon.
À lire et sans se lasser dès cinq ans par exemple, et donc à déposer dans toutes les bcd des écoles et bien sûr au-delà car la poésie échappe aux étagères.
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Titre : Et le vent sur la terre des hommes
Auteur : Bernard Grasset
Éditeur : éditions Henry
Année de parution : 2024
Certains prennent des photos. D’autres esquissent des aquarelles. Écrivent des cartes postales. Ou des poèmes. Bernard Grasset, quand il voyage, écrit des poèmes. Librement. Quand on lit ces poèmes, on voyage à son tour. Bien assis. Des images passent dans nos yeux. Des paysages. Des émotions. Un partage. Les mots du poème donnent à voir. On feuillette ce recueil comme un livre d’images et de sensations. Le vent. La mer. L’espace. La solitude et la rencontre.
Un livre à offrir à tous ceux qui aiment partir à l’aventure, à la découverte. Un livre à mettre dans les cdi de collèges et lycées pour inciter à tenter un carnet de voyage à chaque déplacement pédagogique ou personnel.
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Patrick JOQUEL : Sur les sentiers de l’invisible, photos de Laurent DEL FABBRO, éditions de la Pointe Sarène.
Merveilleux petit ouvrage pour découvrir l’arrière pays niçois.
Ces quelques photos de laurent Del Fabbro se passent de commentaires et les textes de Patrick Joquel incitent à partir sur place immédiatement.
Michel Lautru
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album
Titre : Balla le faux lion
Texte et dessins de Kemo
Éditeur : ineffable éditions
Année de parution : 2024
Une légende sénégalaise. Celle de l’homme victime d’un sort qui le transforme en lion. Que choisir ? Vivre avec les lions ou demeurer fidèle aux humains ? Quels sont les regards des autres du village face à la transformation ? À la différence ? Des questions bien contemporaines et cependant venues du fin fond de l’Afrique sahélienne. Comme quoi l’humain est bien le même qu’il vive ici ou là, aujourd’hui, hier ou demain.
Ce magnifique album aux couleurs sablées ou bien nocturnes selon les chapitres s’adresse à tous ceux qui aiment s’asseoir et écouter. Écouter la voix des ancêtres mais aussi celles du vent, de la lumière et de son cœur (ou de sa conscience).
Un conte à donner à entendre et à voir dès cinq ans et jusqu’à plus soif. Le conte, comme la poésie, s’adresse à tous ceux qui en sont curieux.
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