Une chronique Jeanne Champel Grenier
Francine HAMELIN, LA MAISON DES OISEAUX, Poèsie, Préface de Barbara AUZOU, Z4-éditions
La préface de Barbara AUZOU, précieux et délicat message de bienvenue, est comme un sésame que l’on nous offre à l’entrée de ce temple élevé par Francine HAMELIN
»La maison des oiseaux » c’est vraiment un très beau livre que l’on reçoit comme une parole avant tout d’une élégante douceur à l’oeil comme au toucher. On caresse ce gris bleuté au sein duquel naissent des arbres que l’on dirait de tendre albâtre rose pâle, ce merveilleux matériau où l’auteur sculpte comme elle respire la légèreté multiple toujours ascensionnelle du rêve.
Sur l’illustration de couverture s’élèvent non pas des arbres aux oiseaux mais des arborescences d’oiseaux. On se croit devant les luxuriantes et immobiles stalagmites des grottes préhistoriques qui s’élèvent en silence, de toute beauté et pureté depuis des millions d’années. Souvenons-nous que l’auteur, à la fois peintre, poète et sculptrice sur albâtre, fait corps depuis toujours, en son beau pays le Canada, avec la beauté naturelle millénaire du monde.
Il y a la profondeur du vrai et du vivant dans l’art de Francine HAMELIN, une harmonie du microscopique comme du gigantesque ; cette artiste créative très originale côtoie l’infiniment secret de la roche d’albâtre, et de ce médium immortel elle fait surgir la vie qui s’y loge, et la transmet à son oeuvre …ad vitam aeternam.
Pas de divagation désordonnée mais au contraire une élégance mathématique, une presque géométrie de la beauté, de celle que l’on retrouve au microscope et qui nous irradie. Chacune de ses œuvres peintes offre un kaléidoscope d’où l’imagination diffracte vers l’infini. Chez Francine Hamelin tout est pure, silencieuse et puissante ascension. Tout est vivante murmuration.Tout est reflet, regard, silence, caresse et harmonie. Un baume inattendu, une énergie, et à la fois un paisible partage : un miracle en ce monde agité !
« La maison des oiseaux » a une présence d’arbre en croissante harmonie ‘‘qui porte sur sa peau des voyages d’oiseaux’…loin du théâtre d’ombre, où s’agitent les fous »( p 17)
« La maison des oiseaux » c’est la vie au jour le jour, la vie en création, la vie toute entière en poésie…
« qu’elle soit de mots qu’elle soit de pierre
qu’elle soit d’écorce ou bien de peau
qu’elle soit de plume ou de pinceaux
chant du fleuve…couleur du vent (p 61)
« La maison des oiseaux » c’est toute la vie ouverte et créative de Francine Hamelin, une vie où rien n’est cloué au sol, puisque même
»des arbres voyagent
sur la tête des caribous ( p 70)
Francine Hamelin n’a rien d’une mystique isolée dans la contemplation solitaire, »le monde a les pieds pesants », elle nous invite donc à goûter à, l »infinie fractale de la poésie »(p 70)
Se plonger dans la contemplation des œuvres silencieuses de Francine Hamelin, lire ses mots, c’est goûter non pas à la communion religieuse, mais » à la table du matin, la tendresse de l’âme quotidienne …où s’apaise l’oiseau au cœur battant ( 20)
« La maison des oiseaux » c’est aussi l’amour vivant !
Clandestine
J’ai entendu la mer qui chantait dans ta voix
mon cœur a pris le large
et depuis
passagère de la belle éternité
je clandestine loin des horloges de l’éphémère
je clandestine sous l’aile d’un albatros
jusqu’aux îles de ton nom ( p 25)
…. »un jour nous serons comme des arbres
au bord de la rivière où l’amour danse bleu
nos mains l’une à l’autre enracinées
nous écouterons les voix de la pierre et de l’eau
…et la vie à perte de vue… »
et nous serons des arbres heureux »
C’est tout cela et bien plus encore « La maison des oiseaux » de Francine HAMELIN…Il suffit d’en franchir le seuil et voilà que la vie retrouve ses ailes…


Grand merci…
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