Les lectures du mois d’octobre 2023 de Patrick Joquel

Bonjour,

octobre et ses lectures. Des poèmes et des albums croisés au salon du livre de Mouans-Sartoux ou arrivés dans ma boite aux lettres.

Moments à partager. Cependant si vous n’en voulez plus, dites-le moi simplement.

Bel automne

Patrick

¨PS : on peut découvrir la couverture de mon dernier livre de poèmes : La rime a des bisons que le gazon ne connait pas, illustré par Yves Barré, sur mon site.

Lectures d’octobre 2023

www.patrick-joquel.com

Poésie

Titre : Nice the place to be
Auteur : anthologie du collectif Photon 
Éditeur : Pourquoi viens-tu si tard
Année de parution : 2 023

Des photos des photographes du collectif Photon. Des photos prises à Nice. Et confiées au hasard à des poètes Niçois ou non. Cela donne un regard particulier sur la ville. Un regard hors sentiers battus. Une autre vision de la ville, d’autres visions de la ville. Les poèmes qui accompagnent ces photos contribuent également à ce décalage. 

L’Art est, entr’autre, ce qui ouvre de nouvelles perspectives à la réalité. Ce livre en est la preuve efficace. 

Il permet d’appréhender la vitalité de cette belle et grande ville, sa variété et ses richesses.

Un livre à offrir à tous ceux qui aiment Nice et à ceux qui un jour ou l’autre y sont venus ou y passeront.

http://www.association-lac.com/editions/editons.html

https://www.facebook.com/editionspvst/


Titre : Aire d’accueil des gens du voyage
Auteur : Balval Ekel
Éditeur : Tarmac
Année de parution : 2 023

Comment habiter le monde ? Comment habiter sa vie ? Deux questions que se posent beaucoup de gens. Les poètes en font partie, bien sûr. Avec dans leur questionnemnet la place du poème dans ce monde ou comment le poème le rend habitable etc.

Balval Ekel ouvre une autre dimension à ce questionnement en s’interrogeant sur la dualité sédentaire/nomade. Qu’est-ce qui fait que l’un parcourt le monde quand l’autre le construit ? Il n’est pas question d’opposer ni de prendre partie mais simplement de vivre.

Le livre comporte cinq parties.

– Habiter le vent, le ciel, l’eau, les sables mouvants… On y habite le ciel mais aussi un rond-point ; une cité ou une résidence d’été… Chacun choisit ou subit son habitation. Il reste une échappée possible : celle des sentiers de traverse.

En marchant

Contrairement à ce dont ils voudraient nous convaincre

les sentiers bien souvent ne mènent nulle part

en tous cas pas là où nous conduisent les routes

aussi sont-ils empruntés par les bêtes, les bergers et les poètes

appréciés des rêveurs, des nomades et des enfants

Certains en font une piste d’envoi

et laissent une trace sans rien déranger

d’autres s’y réconcilient avec

des tempêtes de ciel bleu

le froissement des feuilles

la douceur de la boue

les bourdonnements

Tous savent combien le détour tient de la métamorphose

et que pas un de ces chemins ne revient véritablement à

à son point de départ

– habiter dans sa tête et dans celle des autres

On y parcourt une galerie de portraits. Difficile de donner à voir une vie et ses désirs ou peines dans les quelques vers d’un poème. Le contraire d’une photo ou d’un tableau. Les personnes croquées ici deviennent des personnages tant sont lisibles leurs particularités. 

– habiter l’art et la littérature

Des poèmes hommages à quelques artistes. Des poèmes sur des thèmes divers comme la danse, la poésie et autres formes d’art y compris le spectacle. Divers lieux de culture, diverses personnes. On reste, comme dans la partie précédente à hauteur d’humain. Profondeur, empathie et délicatesse.

– habiter des refuges provisoires

Le provisoire de l’autre et l’absence qui suit. La perte. Le souvenir. Le provisoire d’un lieu, d’un paysage et d’un moment heureux. Les provisoires d’un hôpital, lieu de passage toujours subi. Des moments et des lieux à habiter si on veut ne pas perdre pied avec le monde. 

– habiter une maison

Choisir la sédentarisation. S’attacher à une maison. Bâtir un jardin. Chaque jour construire un petit monde à partager. Où grandir. Comprendre que malgré tous les soins donnés, on reste de passage. Nomade sans autre domicile fixe qu’une planète et quelques bribes de ses territoires. 

Un livre à donner à lire dès le lycée et bien au-delà. Et en particulier à tous ceux et toutes celles qui s’interrogent sur la présence.


Titre : à l’intérieur de moi
Auteur : Anne Bonin
Images : Valérie Linder
Éditeur : L’Ail des ours 
Année de parution : 2 023

De courts poèmes avec un « je » pour narrateur. Un jeu de facettes multiples. Une exploration d’humeurs, de désirs, de sensations, d’émotions. Toutes à hauteur d’enfance. Autrement dit à hauteur d’humain. Tout en douceur aussi. Comme une caresse. Un baume. 

On est tout cela pas à la fois, pas en même temps ; mais ce tout fait qu’on est un. Unique. Mouvant et toujours soi.

Comme souvent, un livre de poèmes n’est jamais aussi simple qu’il en a l’air. 

Les images de Valérie Linder, des oiseaux. Chacun avec sa couleur. Ils accompagnent dans leur attitude les poèmes. Avec légèreté. Grâce et un brin d’humour au bec.

Un livre qu’une classe peut mettre en voix et en scène. Chaque enfant prend en charge un poème et la classe crée la dynamique du spectacle.

À lire dès la maternelle et bien au-delà.


Titre : Juste vivre
Auteur : Luc Marsal
Encres : Nour Cadour
Éditeur : Donner à Voir
Année de parution : 2 023

Vivre. Tant de questions ? De points de vue ? De surprises… Le poète ici, dans ce petit recueil à déplier, nous partage ses volontés, ses désirs. Avec une série de stophes de cinq vers qui toutes commencent par Je veux.

Un programme simple et efficace auquel nombre d’entre nous souscriront. Auquel chacun ajoutera ses Je veux personnels. Nous sommes tous différents et nos aspirations divergent autant qu’elles se ressemblent.

Les encres qui accompagnent ces poèmes sont discrètes, légères et bien vivantes. Cette vivacité donne un air sobre et joyeux à cet ouvrage.

À lire à tout âge car il n’y a pas d’âge précis pour juste vivre.

éditions Donner à Voir

http://www.donner-a-voir.net


Titre : Un refuge autre que l’exil
Auteur : Theombogu 
Éditeur : Éditions du Cygne 
Année de parution : 2 023

Des proses courtes. Une page en général. Denses. Des textes comme autant de traits de projecteur sur une situation de vie d’une personne. 

Des personnes venues de loin, ici. Des personnes sans papiers. Des que les gens d’ici ne voient pas vraiment mais dont ils parlent abondamment. Entre eux. Dans la presse, quelle qu’elle soit. Migrant ? Exilé ? Aucun mot ne convient vraiment. Humain serait le terme. Des gens comme ceux d’ici ; mais loin de chez eux. Plus aucun chez eux. Ils sont partis pour sauver leur vie. De la misère, de la mort de… Ils sont là. C’est leur vie. Ils la construisent. Avec ou sans aides ; ou un peu des deux… 

C’est pour chacun, ceux de là-bas venus ici comme pour ceux d’ici restés ici, l’histoire d’une vie. Des vies qui ont du mal à se partager. À se rencontrer.

L’écriture, et donc lecture ou écoute, offrent des ponts pour relier ces territoires. Pour vivre à hauteur d’homme. Et ensemble.

Un livre à donner à lire dès le lycée et au-delà. À lire et à relire, lentement pour en savourer les profondeurs.

albums

Titre : Ou bien
Auteur : Antoine Geniaut
images : Juliette Iturralde
Éditeur : L’Initiale 
Année de parution : 2 022

Un petit saut dans l’absurde ça vous dit ? Si oui, Ou bien est pour vous. Courez l’acheter de ce pas, en voiture, en trottinette ou en ce que vous voulez, avec ou sans gorille dans le dos.

C’est un livre sans fin. Que le lecteur peut poursuivre aussi longtemps qu’il le souhaite. Aussi loin qu’il en a le désir.

Les images l’accompagnent en beaux à plats de couleur. On se sent bien à sourire dans ce petit carré de l’Initiale. 

À offrir dès la petite section de maternelle et jusqu’à plus soif.

https://linitiale.fr/


Titre : À moitié endormie
Auteur : Antoine Géniaut
images : David Clèves
Éditeur : l’Initiale 
Année de parution : 2 023

La règle du jeu est toute simple : prendre une expression de la langue française. Par exemple et pourquoi pas : être à moitié endormi.

La regarder. L’écouter. Entendre toutes les idées qu’elle porte avec elle, les passer en revue. Suivre ces logiques de l’absurde le plus loin possible. Jouer avec tous les sens, toutes les directions de l’expression. Bref : s’amuser avec la langue. Rien n’est plus sérieux que le jeu. Et quand il arpente les sentiers de l’imaginaire, sourire garanti.

Un livre réconfortant car différent. Réconfortant car pas vraiment sérieux, quoique… si on prend le temps de se laisser prendre au jeu…

Un livre à offrir dès la grande section de maternelle et bien au-delà. Un livre qui sera un point de départ inépuisable à mille et un autres jeux.

https://linitiale.fr/


Titre : Le septième roi
Auteur : Danièle Fossette
illustrations : Bénédicte Nemo
Éditeur : Cipango 
Année de parution : 2 016

Un magnifique album grand format autour du mot LIBERTE. Un texte fort ; simple et dense. Un texte qui vibre avec le monde d’aujourd’hui. Avec ces idées qui attaquent la Liberté ici et là : via l’ignorance, via la cupidité, via la soif de pouvoir etc. Je ne vais pas tout dévoiler ici. Découvrez le livre. 

Des images qui résonnent avec le texte. L’accompagnent fermement.

Le mot espoir vient en fin de livre. Comme un horizon vers lequel on va et qu’on atteindra un jour. Bientôt.

Superbe album à partir des grandes classes du primaire et bien au-delà.

https://editions-cipango.com/category/actualites/


Titre : Le Samouraï et les 3 brigands
Auteur : Pascal Fauliot
illustrations : Marc Ingrand
Éditeur : Cipango 
Année de parution : 2 017

Un livre aux tons chauds. Texte minimaliste mais efficace et riche. Images chaleureuses en pleine page. Un beau livre à tous les étages.

Un Samouraï, un ronin pour être exact. Une auberge. Trois brigands. Trois mouches et un bol de soupe. J’oubliais les deux sabres et les deux baguettes. 

Un extrait :

Aussi paisible

qu’un bouddha,

il demeurait tranquille,

semblable au miroir de l’étang

que ne trouble 

le moindre souffle de vent.

Il = le Samouraï, vous l’aviez compris.

À offrir dès le cp à tous les enfants qu’on aime et pourquoi pas aux autres. Le livre fera également les délices des plus grands avec sa dimension de Savoir Être.

https://editions-cipango.com/category/actualites/


Titre : Selfies pour la planète
Auteur : Bénédicte Nemo
Éditeur : Cipango
Année de parution : 2 021

21 portraits à l’acrylique ou l’aquarelle. Enfants, adultes. Filles, garçons. D’origines différentes. Bref des humains. Sur chaque portrait, on trouve quelques animaux : certains sont en bonne santé, d’autres en voie de disparition. Sur chaque page on a également une information : renard, famille des canidés ; daim, famille des cervidés ;Ticiana, famille des hominidés. C’est dit : nous sommes tous des vivants posés ici ou là dans l’arborescence de l’histoire de la vie animale. On lit également un texte écrit par l’hominidé peint par Bénédicte. Il parle des animaux qui l’accompagnent. 

Par exemple : « Ils(le renard, le daim et le lapin) me racontent des histoires de forêts millénaires qui existaient bien avant les premiers hommes sur terre, toutes les espèces d’arbres et d’animaux, unis dans le même élan, obstinés à vivre et à survivre… ».

Le texte se termine par un CLIC. Celui de l’appareil photo qui prend le selfie.

Un album engagé pour la planète et le respect de la vie, de toutes les vies. 

À mettre dans toutes les bcd des écoles dès la maternelle comme au primaire. Les CDI des collèges ou des lycées l’accueilleront également pour sa diversité.

https://editions-cipango.com/category/actualites/


Titre : Le renard et la hyène, conte de Najd
Auteur : Saäd Bouri
illustration : Émilie Camatte 
Éditeur : éditions du Jasmin
Année de parution : 2 019

Ce conte nous vient d’Arabie Saoudite. Un long voyage jusqu’ici. Une ambiance chaude, dans les couleurs d’Emilie. De vastes espaces autour des protagonistes : la hyène, ses enfants, le renard et quelques autres animaux. Le renard voudrait bien croquer un ou plusieurs petits de la hyène et il emploie toute sa ruse pour le tenter. Bien sûr, il a besoin d’aide et va donc voir d’autres animaux. Ceux-là sont prêts à l’aider contre un cadeau. Le renard s’y emploie… mais malgré tous ses efforts, le renard n’en attrapa aucun (petits de la hyène).

Un conte en écho avec le montrer patte blanche… une histoire qui emporte le lecteur. Accessible dès la maternelle et bien au-delà. Les contes comme les poèmes n’ont pas d’âge.

https://editions-du-jasmin.com/albums/139-le-renard-et-la-hyene.html


© Patrick Joquel