par Patrick Joquel
Poésie
Titre : Boulevard de l’océan
Auteur : François de Cornière
Éditeur : Le castor Astral
Année de parution : 2 021
9,92€
Un recueil de chroniques. Celles du temps qui passe. Celles d’un temps de vacances. Au bord de la mer. Des jours tranquilles. À regarder la mer. À marcher. À rouler en vélo. À pêcher. À observer le monde.
On sait en ouvrant un livre de François de Cornière qu’on va y trouver la mélodie des petites choses, le murmure du caché, l’éclat bref d’un instant.
C’est sous la forme de courtes proses qu’on entre dans l’été. Qu’on arpente ce boulevard de l’océan.
On y croise des gens. Des lumières. Les jeux des marées. Ceux du vent. Et puis tout ce qui fait la vie : des gestes, des rencontres. L’ensemble dresse un univers, celui du quotidien. Celui qu’on oublie de saluer tant on le croit redondant alors que tout change à chaque instant.
Je vis proche de la Méditerranée et je passe beaucoup de temps sur le bord de la mer, et dans la mer. Je retrouve en lisant ces chroniques océanes, malgré toutes les différences, une ambiance connue. Comme un partage à distance : j’aurais envie de dire quelque chose comme on a les mêmes ici.
Comme quoi, la particularité de ce boulevard de l’océan touche aussi quelque chose d’universel. Et cela ajoute encore au charme de la lecture.
Un livre à lire en vacances, au bord des vagues ou bien en hiver pour une bonne dose d’iode. Un livre à offrir à ceux qui sont pressés de courir tout le temps pour les inciter, on peut rêver, à ralentir un peu. Un livre enfin à offrir à ceux qui ont la curiosité de vouloir découvrir le monde, pour les inciter à réaliser ces petits voyages quotidiens et flâneurs.
https://www.castorastral.com/livre/boulevard-de-locean-2/
Titre : Le haïku en 17 clés
Auteur : Dominique Chipot
illustrations : Anna Maria Riccobono
Éditeur : pippa
Année de parution : 2 021
20€
Dominique Chipot offre ici une solide encyclopédie du haïku : son histoire à travers les siècles, à travers les continents et leurs langues. Ses écoles, ses voies, ses philosophies.
Le haïku est vaste malgré sa brièveté. C’est à la fois un jeu et une tentative de saisir quelques mots d’insaisissable.
Dix-sept clés, dix-sept chapitres pour tenter d’approcher ce type de poème si bref, si profond, si drôle aussi parfois, si désespérant d’autres fois. En sachant qu’au bout de ces chapitres, les suivants sont à écrire personnellement. Connaître l’histoire, les histoires du haïku, n’exonérera personne d’écrire la sienne, les siennes.
Chaque lecteur en route sur la voie du haïku trouvera dans cet ouvrage richement documenté mais simple à aborder de quoi nourrir sa réflexion et son regard. Pour ma part ces premières lectures m’ont arrêté sur quelques phrases en particulier que je vous partage ici. Des lectures ultérieures en ramèneront d’autres ; le présent est toujours continu mais comme un livre il s’effeuille.
Les voici :
page 58
« Le haïku ne naît pas d’une facture ostentatoire, mais d’une tournure estompée jusqu’à devenir caisse de résonance au service des phénomènes. Laissons respirer le silence entre les mots, ouvrons la fenêtre sur ce monde insoupçonné qu’est le quotidien. »
ou bien page 99
« écrire des haïkus dans cet état de sensorialité, c’est suspendre le temps, dessiner un instantané au croisement de l’éphémère et de l’éternel… Surtout, ne pas s’imaginer que tout fait banal est sujet à haïku, là, dans l’immédiateté. Apprendre à trier. Apprendre à être l’autre. Se mettre à sa place… Trouver l’équilibre. Aiguiser ses sens à l’affût de faits quotidiens… L’étincelle ne suffit pas à faire un feu de bois… Le haïku n’est pas un texte enfermé dans l’enceinte des mots. Il s’ouvre sur une pluralité de sens dans le silence du non-dit. »
Nelly Dellay précise dans le jeu de l’éternel et de l’éphémère aux éditions Picquier, 2004 : Il n’exista pas au Japon de continuité du temsp. Seulement une ssuccession d’instants et d’intervalles qui surgissent dans un espace transitoire. . Il y trois temps : le présent des choses passées, le présent des choses présentes et le présent des choses futures. »page 124.
https://www.pippa.fr/LE-HAIKU-EN-17-CLES
Titre : Les gestes de la cuisine
Auteur : Amandine Marembert
images : Valérie Linder
Éditeur : Esperluette éditions
Année de parution : 2 021
prix 9,90€
on l’oublie trop souvent quand on est sous tablier et les mains dans la farine : cuisiner, c’est se souvenir. C’est entrer dans la transmission. Le chef répète et modifie éventuellement les gestes appris, les secrets transmis de génération en génération puis les transmets à son tour. C’est une succession. C’est mettre les mains dans le même bol, sur le même rouleau, répéter les mêmes gestes. Souvent on cuisine en silence, peut-être parce ce qu’inconsciemment on se souvient et que l’émotion nous gagne. Peut-être consciemment… Peu importe.
Les poèmes de ce recueil qu’accompagnent les images joyeuses et colorées de Valérie Linder témoignent de ces moments étranges où le temps devient global, où l’on est soi mais aussi ceux ou celles d’avant. C’est simple. Poignant sans être mièvre ni larmoyant, non c’est joyeux, je sais je l’ai déjà dit et alors ?
Des poèmes à offrir à toutes celles qui aiment préparer ces repas que l’on partage ensuite ensemble, celles mais aussi à ceux qui mettent aussi les mains dans la farine car « rien n’est plus beau… » comme chantait Nougaro.
pétrir du bout des doigts
eau farine grammes de sel
ne pas mettre en boule pour ne pas casser le feuilletage
j’étends au rouleau sans trop appuyer
sans trop fariner
le linge de la pâte
en une barde longue étroite
un quart de tout dans le sens des aiguilles d’une montre
un tour dans le sens inverse
repos et rebelote
ma mère me montre ces gestes
pour la galette de la petite
mon doigt immobile la trotteuse
mais mains sont celles des femmes d’avant moi
j’aligne les coussinets de mandarine
sur la toile cirée
pour les petits doigts
chaque coussin est une lampa qui allume nos intérieurs
et de mon côté, une nouveauté (photos et haïcats ou tankats pour accompagner) c’est ici : https://www.patrick-joquel.com/editions/
©Patrick Joquel