Gérard Le Goff, L'orée du monde, Éditions Traversées, 2019, 60 pages, 15 €.

Une chronique de Claude Luezior

Gérard Le Goff, L’orée du monde, Éditions Traversées, 2019, 60 p, 15 €.

Dans la quatrième de couverture d’un recueil tout à la fois dense et explosif est évoquée, au nom du changement,  la cohérence interne de textes en prose ou à la verticale, rimés ou libres, alternant avec une manière d’aphorismes.

Ici, le langage n’a plus cours.

Le silence est la réponse à ce questionnement subtil et narquois

que ressasse la mer, vague après vague.

Pas de souci : la cohérence est ici, avant tout, une maîtrise peu commune de la langue, à savoir, le frottement fructifère des mots, le scintillement d’images impromptues. Prenez un livre « en poésie » à n’importe quelle page : lisez lentement, relisez, chuchotez, goutez, mâchez. Vous verrez bien s’il y a de l’âme, du souffle, du style…

Dame de la plus haute solitude

Cesse d’égrener les versets du désir

Tombent les atours de l’aube

Faisant de tes certitudes un vain apparat

Dame de la plus haute solitude

Laisse-moi croire que tu n’es qu’une ombre

Que jamais tu ne laisseras une cicatrice

Dans la chair de ma mémoire

Le Goff nous offre l’aube de sa plume : maîtrise plurielle, avec ou sans majuscules, ponctuation ou vers, tantôt ruisseau ou cascade, rêves ou turbulences, architecture ou fractals. Lire, mais surtout relire pour déceler sa pensée, la nôtre peut-être, au second degré, ses hésitations, ses doutes, L’orée du monde, d’un monde : le sien, le nôtre à travers son sang, tout au travers de traces ainsi effleurées. Trouver des sens complémentaires, un horizon qui s’organise ou se délite dans la brume, décortiquer l’inachevé, s’écorcher mains et pieds sur des sentes tierces. Déchiffrer d’autres lignes, d’autres  strates.

Vous m’espérez avant de ma craindre

Jamais là quand il le faudrait

Jamais comme je devrais vous plaire   (…)

Je tourne les plages

Effleure leurs marges d’écume

Rature d’épaves leur blancheur suspecte (…)

Je gonfle les voiles des navires sur leur erre

Pour mieux demain les drosser

Jouets cajolés et puis brisés (…)

Je suis le vent

Plaisir de découvrir un auteur maintes fois publié par Encres Vives. Plaisir, grâce au verbe, à la magie qu’il sécrète, de déchiffrer une fraternité nouvelle.

©Claude Luezior


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