Patrick Hellin, Terres levées, poésies, Éditions Traversées, 67 pages, 20€
« Terres levées » pourrait être une allusion comme l’auteur nous le suggère p 29, à la pâte à pain qu’on fait lever avant de la reprendre, de la pétrir à nouveau et de l’enfourner. « Terres levées » matière mole, malléable de laquelle on tire poteries. « Terres levées » paysages qui se révoltent.
Terres labourées, récoltes terminées, mort de toutes les saisons sauf de l’hiver. Les premiers quatrains en quatre mouvements seraient comme les quatre saisons mais l’on sent qu’à travers les vers de Patrick Hellin, le temps ne passe pas, l’été brille de quelques éclats, le printemps remue à peine l’espoir. L’automne pluvieux et l’hiver s’éternisent.
Seul vers la plaine nue Les mots n’ont plus d’écorce C’est un sel froid D’une sève morte s’élève un chant
L’humeur humaine a ses saisons et je sais combien les champs bruineux, vidés, visités par les cris de quelques volatiles noirs peuvent révéler à l’homme sa solitude, sa finitude, l’absurdité de sa vie. Les terres levées bouchent l’horizon. La dépression cette folie inversée gagne par capillarité l’être entier. Pour s’en sortir, il faut accéder à la lucidité, s’agripper au réel. C’est ce à quoi nous invitent les textes de Patrick Hellin.
Tu observes sa fuite Son échappée, la route De tes pas, ton allure Tu te cramponnes à ses ravins
C’est un espace affranchi d’ombres et de lumières Il y brûle des soleils factices Un noeud de lisières, de rameaux et d’oranges On y sème les sources qui avalent le ciel
On aura compris que le chemin sera difficile, jalonné d’obstacles qu’on contourne ou affronte avec obstination.
Les saisons sont étroites Celle où je vis En équilibre sur le rétréci Et l’éveil se vêt de sommeil
À quoi se rattacher? Écoute le silence des mots L’écho de l’instant
La poésie, l’écriture a-t-elle un rôle à jouer dans notre quête à être?
Dans tes yeux qui s’affament d’oubli Le geste du sourcier Qui cherche le néant Et ce qui en sa cendre lui survit
À cette « cendre » répond à la page suivante comme en un miroir le mot « pollen »
Ce sont des ombres ailées Le pollen de demain Et la poussière des choses
Valerius De Saedeleer- Vóór de lente-olieverf op doek-tussen 1905 en 1941
La poésie de Patrick Hellin fait grand usage des métaphores se rapportant à la nature, aux saisons, à la terre. Les tableaux proposés ressemblent à ceux qui ont bercés mon enfance. Je pense aux paysages hivernaux de Valerius De Saedeleer ou ceux d’Albert Saverijs. Je regardais les tableaux sans trop comprendre ce qu’ils avaient de sombre et d’éclairant à la fois, ces paysages hivernaux, ces champs d’automne. Plus tard, j’ai compris comment cette grisaille, cette lumière de reflets et d’éclats de miroir caractérisent une position intermédiaire, faite de compromis, jalonnée de quêtes contre l’extrême noirceur. Position d’équilibre. Rien ne semble acquis pour toujours, il faut sans cesse vouloir reconstruire sans pour autant partir de rien.
Albert Saverys (1886-1964) Paysage hivernal sur la Lys Huile sur toile Signée en bas à gauche H_63 cm L_78 cm
Sur la crête sombre Figé à la limite Des ombres et de la lumière Ce solitaire est nu
L’immobilité tombe du ciel, étreint la terre Le gel encore a saisi les labours Un peu de givre accompagne Leur houle
Dans le ciel mat, l’écho d’un oiseau noir L’attente et le suspens se couvrent De nuit. Une vague de terre court vers Le ciel, ombres et lumières figées
Elle est solitude, monodie du temps Ce qui parle en costume d’infini Immobile aussi Dans les cercles du soir
Où le ciel est un creux que les mots ne peuvent combler
Voilà le poème que j’ai choisi comme étant le plus représentatif de ce très beau livre des éditions Traversées. En couverture, on admira l’illustration « Le messager » signée Jean Dutour. La mise en page raffinée due à Patrice Breno assure une belle lisibilité à l’ensemble des textes.
Claude Vancour, La nuit n’a pas sommeil, poésies, Éditions Maïa, 141 pages, 19€ttc, 2022
Sur la couverture, une illustration de Bernadette Laval-Físera nous montre un personnage sur une plage, au crépuscule regardant quatre personnes s’éloigner vers la mer. Règne comme un premier mystère, une première interrogation poétique entre deux lumières comme il y en aura tant d’autres dans le livre.
Le titre du recueil évoque l’intranquilité, une perturbation du repos: La nuit n’a pas sommeil. Le poète reste éveillé. Car ce titre peut signifier à l’instar de ce qui se passe autour de nous, que les temps obscures véhiculant les idées sombres de la guerre, de la méfiance vis à vis de l’autre n’ont pas sommeil non plus. Le poète reste alors ce phare, ce passeur de lumière et d’espoir. Il est celui qui reste attentif à l’ingrédient de base de la poésie: l’amour, la clairvoyance.
Le début de l’ouvrage nous révèle ainsi les projets de la poésie.
« Avant même la parole, la beauté occupe toute la place de l’éveillé, et l’aveugle clairvoyant ouvre le chemin, malgré les ronces des souvenirs. »
« Écrire au travers d’une plus vielle écriture dentelle noire sur la trame de la lente marée haute de l’inspiration »
« Poésie qui tamise les mots » « au-delà de l’étouffement »
Claude Vancour reprend continuellement son travail d’écriture qu’il nourrit volontiers d’autres lectures. Certaines images reviennent modifiées, certaines phrases, certaines strophes sont reprises et montrées sous un nouvel angle. Le poème fait écho de lui-même. Le poème est à la base, déjà un écho.
L’auteur n’oublie pas non plus d’appuyer l’importance de la trace écrite. Au delà de la parole, « au-delà de l’étouffement » « Les mots nous disent en rang serré le peu de cas fait de notre respiration. Ils sont bien plus solides à l’encre indélébile » Les mots du poèmes sont-ils les « instruments du silence »? Ceux de Claude Vancour ne semblent pas voués à n’être que des performances éphémères, les visées sont plus profondes.
Pour le poète, la poésie est aussi geste, mise à plat de soi-même et éventuellement de ses contradictions, ses regrets. Écrire un poème est une action aussi importante que les autres même si elle est passée sous silence. Ce recueil de poésies a une élégance rare et discrète que j’ai comparé à cette autre oeuvre fameuse que sont les tapisseries de la Dame à la licorne. La Dame rassemble autour d’elle dans un jardin comme on le ferait pour un poème tout ce qui importe à la vie. Les cinq sens: vue, toucher, odorat, ouïe, goût et place au dessus de tout, l’énigmatique « À mon seul désir ». On retrouve dans les poèmes de ce livre ces appels aux sens. Ils prennent plusieurs strophes, occupent plusieurs poèmes ou se résument à une poignées de mots. Les formes poétiques varient en longueurs, en intensité, en luminosité. Le sixième sens peut peut-être alors être interprété comme étant la capacité à aimer. Désir amoureux de la vie et de ses multiples ingrédients.
Claude Vancour se questionne aussi sur la manière d’évoquer cet endroit de la poésie qui ne se reflète par aucun mot.
« Eurydice, gantée, à la limite du précipice, titube mais passe et l’enfer, pire, est de l’autre côté. Il la revoit enfin, de dos, déhanchée, prompte à disparaître et soudain elle s’arrête, retournée, elle veut sourire, ses lèvres restent empierrées. «
La partie sombre d’un astre, la nuit et ces instants où la lumière ne nous éclaire plus, où il nous faut appréhender le monde autrement que par ses parties les plus visibles. Une approche par le rêve éveillé et lucide propre au poète. Si les paupières se ferment, les mains se tendent, l’esprit se soulève, la pensée voyage.
« Poser le bleu du lac comme une nappe où s’inscrit l’empreinte, doigts écartés, du passage minuscule de l’homme sur la terre. »
Ce qui reste à Eugenio Montale, i.m.
Pierre qui reste sous l’arbre et les genêts, os de seiche que les oiseaux négligent, le bois mort choisira un masque minéral pour durer aussi longtemps que la pierre, après le départ des hommes.
Au gré des sept parties qui constituent la charpente du livre, on sent naître une évolution comparable à celle de la vie, avec ses saisons et un déroulement du temps qui n’est pas linéaire. Claude Vancour construit ses poèmes en explorateur chaque mot est un pas sagement choisi.
Claude Vancour est le nom de plume de Vladimir ClaudeFišera. Il fait partie des auteurs publiés par la revue Traversées. Il est aussi traducteur de poésies anglophones et slaves, l’auteur d’anthologies ainsi que d’ouvrages universitaires d’histoire et de science politique. On peut lire quelques unes de ses chroniques ici
plusieurs livres poésie, et en fin de dossier deux romans chroniqués.
poésie
Titre : Paradis
Auteur : Maxime Koulitz Thomas
Éditeur : Fatrasies éditions
Année de parution : 2 022
10,50€
Une première partie intitulée tourbe présente en une douzaine de petits pavés de prose un monde inédit ; rêve ou bien création en marche… On traverse avec l’auteur ce jardin pour finalement passer une porte qui pourrait bien se nommer Éden. C’est enjouée, drôle et mystérieux à la fois. Rimbaldien dans le ton et plein de surprises comme celle-ci :
...Seul un démon mesquin aurait pu vouloir leur mettre des bâtons dans les roues, ou verser un laxatif dans la bassine de sangria.
Une seconde partie vers tendre joue avec le sentiment amoureux. Un printemps enchanté, enchanteur où la personne aimée entre enfin dans la vie de l’auteur de ces poèmes. Les textes explorent les terres du désir et du manque avec force, humour et sensualité. Le lecteur se laisse emporter dans cette fougue et cet enthousiasme.
10
Christ immense
et pleine d’amour
accepte-moi
au creux de toi
qu’il me soit permis
de croire en toi
Aborder ainsi le thème de la Foi aujourd’hui en poésie est difficile, l’auteur y réussit avec une belle économie de moyens ; sans jamais tomber dans la mièvrerie mais au contraire en ouvrant des perspectives à méditer. Une Foi tournée vers l’Autre et vers les autres. L’écriture ici témoigne d’une dynamique de vie au quotidien. Cette dynamique rejoint le lecteur et l’entraîne vers un au-delà de soi-même.
Les deux dernières parties de ce recueil : la cuirasse craquée et infiniment merci présentent de courts poèmes en prose. On y navigue à vue, de l’un à l’autre, comme on traverserait un torrent de montagne en sautant d’une pierre à l’autre. En prenant le temps d’observer sur chaque caillou le paysage (visuel, sonore, tactile…).
Toujours faire chemin seul, mais laisser ce fantôme rosâtre souffler dans votre cou. Constater que cela est bon.
Vivre nu parmi les Adamistes et les grenouilles qui bondissent. S’endormir dans un fossé comme un ivrogne ou un bienheureux de l’âge d’or, gavé de contentement. Oh ! Qu’il en soit ainsi !
Un livre à lire et à relire dès seize ans et jusqu’à l’infini pour les questionnements qu’il porte, les jubilations qu’il offre et les surprises qu’il ouvre au lecteur.
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Titre : Forêt(s)
Auteur : Anthologie
Éditeur : Donner à Voir
Année de parution : 2 022
9€
Une anthologie en format petit carré, la collection phare de Donner à Voir. Papier recyclé et 365 exemplaires. Premier livre édité depuis le décès du fondateur Alain Boudet. Cela marque le désir de poursuivre l’aventure de la part de l’association.
46 poètes ou artistes et presqu’autant de poèmes sur le thème de la forêt. Un thème cher à Donner à Voir : arbre, forêt, papier recyclé et autres titres en témoignent.
Des poèmes courts. Lisibles par tous. Bien terrestres. À mettre dans les mains de tout lecteur à partir de 6 ans.
Éditeur : éditions du Centre de Créations poru l’Enfance de Tinqueux
Année de parution : 2 022
5€
Où est la poésie ? Qui est-elle ? D’où vient-elle et où va-t-elle ? Dans ces petits pavés de prose Jean-Louis Massot s’interroge autant qu’il nous interroge. Cette indéfinissable poésie. Ce moment où elle passe dans notre vie. Bref instant. Dont on se souvient ensuite. Longtemps.
Elle n’est jamais là où on le croit. Toujours ailleurs. Toujours différente. Toujours en décalage. Une invitation à l’autrement.
C’est aussi un jeu. Celui de l’humour façon il court il court le furet… et cet esprit d’enfance que j’appelle dans un de mes livres (Vivre m’étonne, marcher m’interpelle) le petit surpris que tout étonne et amuse.
La poésie, c’est aussi les gens. Ce sont les trois derniers mots de ce petit ouvrage et ils témoignent de toute l’humanité bienveillante de Jean-Louis Massot.
un livre comme un itinéraire, peut-être. On part. De loin. En fait non, on part de chez soi et on va loin. On laisse beaucoup derrière soi. Il y a la mémoire, certes, mais elle aussi s’efface… on arrive quelque part. On s’y installe et on commence un jardin. Comme ceux qui ont vécu là avant nous, autour du même puits ; sur le même plateau… On vit. Un enfant. La vie. Une maison. Ses aubes. Une vie comme une carte postale : toujours en mouvement.
Un livre silencieux. Contemplatif. À l’image de ce territoire du Sud de la France : aride et rocailleux.
Un livre à emporter avec soi pour les journées d’extérieur et de solitude.
À partir du collège et bien au-delà ; car la poésie échappe aux cases lecteurs.
220 pages. Autant de poèmes, autant de poètes. Jacques Ferlay a rencontré des dizaines de poètes au cours de sa vie. Chez eux. Lors de salons du livre ou de rencontres poétiques, de lectures. Chaque rencontre donne lieu à un poème. Un souvenir de la rencontre. Un portrait du poète rencontré. Ou de la poète. Il nous offre ici un panorama de la poésie des années cinquante jusqu’au années 2015. C’est l’œuvre d’une vie. Un parcours. Une amitié en mouvement.
En toute simplicité, il nous la partage.
Un livre que toute bibliothèque spécialisée en poésie se doit de mettre en rayon et en valeur.
la neige sur la terre. Les traces de la vie qui passe. Le blanc du papier. Les traces de la vie qui écrit. On écrit sur la neige ; ça disparaît. On écrit sur le papier ; ça dure un peu plus.
La neige. Le poème. Dans les deux cas : le silence à perte de vue ; à perte d’oreille. Ça éblouit tout ce silence ; toute cette lumière.
Ça reste mystérieux :
Sur la neige
le pas
sous la neige
Poème
comme une neige d’avril
comme la surprise au matin devant ce paysage nouveau, immaculé, lumineux. Le poème place le lecteur dans cet état de contemplation. Pas forcément tous les poèmes, bien sûr (il y a tant de voies et de voix dans la poésie) mais certains poèmes portent un silence ébloui. Comme une neige d’avril.
Neige sans nom
à heurter l’infini
deux vers qui parlent au skieur que je suis et qui dans les longues randonnées hivernales vers un col ou une crête du Mercantour monte ainsi vers le bleu pur de l’hiver.
Bleu une brûlure cet absolu
Un livre à lire en tournant les pages face aux flocons dehors. Ou bien en contemplant le paysage immaculé à l’aurore et au petit matin. Ou bien aussi au crépuscule. À chaque heure la couleur de la neige évolue.
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Autrices : Samantha Barendson / Estelle Fenzy
Éditeur : La Boucherie Littéraire
Année de parution : 2 022
14€
De toutes façons
après 50 ans
si au réveil
tu n’as mal nulle part
c’est que tu es morte
Voilà pour donner le ton de ce livre. 50, c’est donc les années. La cinquantaine, pour les femmes, c’est une étape que nous ne connaissons pas, nous les hommes. On est comme ici le lecteur : présent.
Une étape traitée ici en poésie. C’est rare et tendre. Osé aussi. Mais nécessaire. C’est surtout traité avec humour. L’humour cette élégance qui permet de dire, y compris ses douleurs, ses doutes, ses peurs, comme ça, l’air de rien et sans y toucher. Avec le sourire. Se moquer de soi et du monde, pour continuer à tourner les pages des jours. Tenir. Aller vers. L’objectif n’est pas de s’arrêter au mitan de sa vie (ou à peu près) mais d’aller plus loin bon pied bon œil.
C’est ainsi qu’on suit les deux autrices de ce petit bijou : d’étincelle en étincelle et avec cette bienveillance de ceux qui partagent ce « tu sais, c’est pas toujours si facile… ».
un livre à offrir à toutes les femmes bien sûr, mais aussi à leurs compagnons.
Des photos prises il y a une quarantaine d’années en Bretagne. En argentique. Si la photographie a évolué depuis, la rivière coule toujours et les fougères continuent à pousser. Des paysages tranquilles, paisibles. On feuillette ces photos avec une fraîcheur « elfique ».
Jean-Claude Touzeil les accompagne de courts poèmes, en écho. Il mêle son imaginaire et ses émotions aux regards d’Yvon Kervinio. Son humour pétillant aussi. La rumeur du monde est présente également, comment l’ignorer ?
Cela donne un livre lumineux. Tout simplement. À offrir à Noël, pour un moment de paix (ou à une autre occasion). À offrir et à s’offrir aussi.
Colombe
Il en coulera
de l’eau
sous les ponts
avant que la colombe
ne revienne
entre deux missiles
nous apporter
son brin d’olivier
Parfois j’ai peur
qu’à son retour
on la retrouve
le bec dans l’eau
*
ronds
Il te faudra
prendre un bel élan
à partir de la berge
pour sauter franco
au milieu de la rivière
et traverser
les flaques du soleil
Aller à la rencontre
de l’enfant
que tu fus
assis sur la rive
à la pêche aux images
De l’enfant
que tu es encore
celui qui lance
des cailloux
histoire de faire
des ricochets
trois ronds
dans l’eau
*********
Titre :Brisées
Auteur : Gérard Le Goff
Éditeur : Encres Vives 516e
Année de parution : 2 022
6,20€
On ouvre ce 516e cahier d’Encres Vives sur 64 quatrains en vers octosyllabiques. Et on se retrouve à un rendez-vous : en fin de nuit, direction l’aube. Ce moment souvent paisible où la lumière revient de l’Est jusqu’à l’aurore et le nouveau jour. D’abord le silence, celui de la hulotte et des chauve-souris… puis l’envol des oiseaux, de tous les oiseaux du matin. On entre dans le jour, direction midi. Les aventures du jour, jusqu’au crépuscule. Jusqu’à la nuit.
Puisque jamais ne dort le monde
Ecoute les bois de la maison
Craquer leur rêverie de forêt
Au jour ignore les fausses nouvelles
La seconde partie de ce cahier nous emmène en voyage : Londres, Inverness, Rome, Florence, Venise, Bruges, Barcelone… Europe, Méditerranée… Des quatrains de voyage… à contempler comme autant de souvenirs.
Troisième partie a pour titre : Nul dit jamais ne restitue. Le poème comme vecteur de la perte. Il fixe et perd en même temps son objet. Les mots ne sont jamais à la hauteur du réel ; juste un miroir voilé.
Un long poème coupé en strophes de dix vers. Une strophe par page. Un personnage : Line (que chacun peut nommer à son goût) ; un paysage : le Nord Ouest de la France, baie d’Authie, la Somme. Une mélancolie. Une rivière. Les bains dans la rivière l’Avre. Une vie. Une vie de femme. Avec ses fils à linge dans le vent, comme un clavier. Ses parties de cache-cache, ses marches funambules sur la margelle du trottoir. Ses moments de cuisine, de bals etc. Tout le quotidien de chacun. Une vie. Une vie de mère. Un enfant, un garçon. Qui grandit, qui échappe, qui s’échappe définitivement emporté par la mort. Reste le silence. Les souvenirs. Tous les morts de ce territoire qui a connu multiples guerres. Tous ces squelettes, ceux des morts qui ont dansé un jour et ceux des vivants qui dansent aujourd’hui. Les mûres de la fin d’été que tous ont goûté, les uns après les autres. Les moments de faim, de peur, d’amour, de désespoir. Toutes ses vies. Une seule vie humaine.
Nous portons les mêmes interrogations, les mêmes souvenirs, les mêmes désirs. Chacun à son degré, nos vies ne sont pas toutes exactement pareilles. Chacun selon sa différence. Chacun unique et tous pareils.
Un livre comme une méditation sur le vivre et mourir. Sur ce mystère de la vie. Un livre comme une petite voix amie, à lire à petites gorgées.
Un numéro consacré en grande partie à Anne-Lise Blanchard. Un panorama de son écriture via différents regards, de ses engagements poétiques et bénévoles en Irak en particulier. L’écriture poétique est en soi un engagement humain et politique, Anne-Lise Blanchard en est un exemple.
Nos cœurs
peuvent-ils trembler du poids
de l’hiver
en même temps que
ceux qui dorment
sous le vent
*
Le jour pousse la fenêtre
m’accordant la grâce
de sa splendeur et demain
me visitera
singulier aussi
un autre jour qui suppliera
plus grande présence
entre la mésange du matin
et la résonance de la nuit
*
parmi les regards portés sur le travail d’Anne-Lise Blanchard, on trouve parmi d’autres, Florence Noël, Angèle Paoli, Jacqueline Persini qui lui consacre un long et bel entretien, au plus près du quotidien.
*
Parmi les autres poètes que ce numéro 101 de Traversées invite j’ai eu plaisir à retrouver Nadine Travacca, Chantal Couliou que nous avons publiées dans Cairns. J’ai découvert à travers quelques poèmes Fidèle Mabanza :
mot du voyage
une brume émerge de la terre
comme une île au milieu des eaux
la nuit enflée dissémine ses ténèbres
la tristesse demeure en moi
comme la pluie du ciel demeure dans la terre
traversant les couches de mes accablements
mes souvenirs chargés de supplices et d’angoisses
ressemblent à la nuit de dunes géantes
où le vent vient effacer les sillages du voyage
entre le rêve d’enfant et la nuit du voyage
comme un passé recouvert dans un linceul
s’interpose le vélum des nuages ombreux
*
la guerre est un jeu
il était là,
parmi les feuilles
accrochées au corps des branches
parmi ceux combattaient.
Il torturait la brume et les ténèbres
entre les formes et le silence des mers
entre la chair et l’os
sous l’effroyable
l’incroyable tempête des cris à mi-vois.
C’était un enfant de mon quartier
il était devenu le soldat
dont l’arme avait un visage,
un langage et un pouvoir.
Lui, l’enfant soldat du peuple,
n’avait pas de drapeau à défendre
ses jours étaient sans regard
son ennemi n’avait pas de visage.
Ses nuits inutiles
se passaient sur des corps mutilés.
Du fond de la vacuité
la guerre était un jeu,
le jet de grenade
était un jeu d’enfant.
Titre : Portulan 38
Auteur : revue
Éditeur : Voix tissées
Année de parution : mai 2 022
En couverture une œuvre de Danielle Le Bricquir. Le thème de ce numéro : l’éphémère. Thème traité par plusieurs poètes, vers libres ou bien classiques ; c’est varié. Quelques haïkus aussi, un entretien avec Catherine Andrieu, quelques notes de lecture. Un numéro bien plaisant à lire. On y retrouve entr’autres Chantal Couliou, Jean-Claude Touzeil, Nadine Travacca.
Voilà un roman que j’ai lu d’une traite un après-midi d’été. Le début déroute un peu : je me demandais où Raphaëlle Giordano allait m’emmener. Et puis j’y suis allé. Un bien joli bazar !
Dans ce roman vous allez trouver outre ce zèbre à pois, improbable magasin qui va déranger la ville où il s’est installé, des termes inventés comme l’audacité, un audaciel (ils seront plusieurs dans le livre, mais chacun est unique), des amateurs de rencontres silex. Des empêcheurs de rêver en liberté aussi.
Je ne dirai rien de l’histoire : ce serait gâcher la surprise.
Un livre à lire dès seize ans, et pendant les vacances, celles d’été ou les prochaines- histoire de se mettre en pause et comme on dit de prendre de bonnes résolutions pour vivre plus haut que possible.
Ambre, une adolescente, a un souci héréditaire : elle est une louve garou. À chaque pleine lune, elle va voir son grand-père qui l’enferme le temps de la transformation ; pour sa sécurité et celle des autres. Un secret bien gardé. Personne au collège ni en ville n’est au courant.
Problème : un loup garou entre en scène. Un autre. Qui ?
Autre problème : un nouvel élève dans sa classe. Un magnifique jeune homme. Entre l’ami historique et ce nouveau que va devenir le coeur d’Ambre ?
Une histoire comme on les aime : qui prend le lecteur par la main et le suit des yeux, page après page. Un univers incroyable et pourtant si proche de la réalité. Des sentiments. Des adultes pas toujours très clairs, ni très responsables. La vie. Comme quoi l’imaginaire vient vite confronter le réel et incite à la réflexion. Un livre dès le collège.
Ambre est recroquevillée sur le sol. Elle vérifie si elle peut bouger sans risque. Les chaînes de ses poignets glissent sur son flanc et lle faufile ses mains au travers des anneaux pour se libérer de leur étreinte. La jeune fille s’agneouille. Elle passe les doigts dans le collier de fer qui lui enserre le cou et griamce. L’odeur qui flotte dans la pièce lui donne un haut-le-cœur. Puanteur animale…
samedi 10 septembre : salon du livre de Breil/Roya (06)
Mercredi 21 septembre matinée INSPE de Nice (06) : formation 1 d’un groupe d’étudiants à la poésie
découverte de l’édition poésie contemporaine (jeunesse).
présence du poème dans la classe, éléments de regards…
ateliers d’écriture
dimanche 25 septembre : Cipières (06) fête du Parc Naturel Régional des Préalpes de Grasse, exposition photos/haïkus avec Laurent Del Fabbro et signatures.
Châteauroux les Alpes (05) : mercredi 28 septembre lecture à l’épicerie littraire à 18 h 30 pour la publication de Page Control aux éditions de la Pointe Sarène, ainsi que du cairns 31, et imprimés tous les deux sur les presses de Rions de Soleilpar Yves Artufel.
vendredi 7 au dimanche 9 octobre : salon du livre de Mouans-Sartoux (06) « être humain ? ». signatures avec la librairie Papiers Collés. Interventions dans les classes et
mercredi 7 décembre : matinée INSPE de Nice (06) : formation 2 d’un groupe d’étudiants à la poésie
retour sur les premières semaines de classes
lecture suivie d’un livre de poèmes
ateliers d’écriture
janvier/février 2023 : cap G (Grasse haut pays) : Cette année, nous travaillerons avec 3 classes de primaire (Thorenc, Briançonnet et Escragnolles). Ainsi, chaque classe aura sur l’année 2 rencontres « atelier d’écriture avec un auteur ».
Les ateliers seront programmés sur les mois de janvier et de février (date à définir) et déclinés autour du thème « Le monde en mouvement d’hier, d’aujourd’hui et de demain » qui fait notamment référence au pastoralisme (berger, pâturage, transhumance…)
Printemps des poètes : Frontières
23 au 25 mars, ateliers d’écriture à la Médiathèque d’Antibes (06)
Maurice Couquiaud demeure marqué par ses souvenirs d’enfance pendant la Deuxième Guerre mondiale. Sensible aux troubles qui ne cessent d’agiter le monde, à travers le bonheur et la tragédie, il a cherché, pendant plus de soixante ans d’écriture poétique, à traduire émotionnellement non seulement les événements traversés, mais les bouleversements de la pensée, des connaissances, des moeurs, et de la société. L’esprit et le coeur trouvent en ces pages une résonance commune.
« Je crois que jamais vos poèmes ne m’ont semblé comprendre si pleinement à la définition du poème: une image ou un ensemble d’images analogiques, mélodieuses et rythmées. En tout cas, une fois de plus, ils m’ont charmé au sens étymologique du mot. »
Léopold Sédar Senghor
« Je vous retrouve avec plaisir. Vieux souvenirs depuis votre premier livre, au si beau titre: Que l’urgence demeure! »
Yves Bonnefoy
« (…) car avec Char, Guillevic ou Vigée, il est un des grands poètes qui figureront parmi les classiques du XX ème siècle, avec une bonne part du XXIème siècle »
Paul Van Melle
Maurice Couquiaud fut rédacteur en chef de la revue Phréatique pendant 17 ans. Ancien vice-président du Pen-Club français, il est sociétaire de la Société des Gens de Lettres, et membre du Centre International de Recherches et d’Etudes Transdisciplinaires. Il est l’auteur de trois essais consacrés à ses réflexions sur l’étonnement poétique et la place de l’homme au sein d’un univers mystérieux.
Parmi ses recueils publiés, certains ont été couronnés par des jurys prestigieux, comme ceux de l’Académie française ou de la Société des Gens de Lettres.
* Appel du large
Rome Deguergue
Alcyone, collection Surya, 2016, 40 pages
Les textes sont accompagnés de huit superbes photographies en noir et blanc de Yan Le Flohic.
Après avoir pérégriné durant deux décennies en Europe, Arabie, Iran, aux USA, Rome Deguergue a depuis quelques années regagné l’Aquitaine de son adolescence, afin de se consacrer à l’écriture, à la traduction, et à la création d’Ateliers De Plein Air, Champs de géo-poésie, dispensés à de jeunes publics de par l’Europe et destinés à utiliser des « mots migrateurs » pour s’assurer de la vitalité et de l’avenir du français, capable de dialoguer avec d’autres langues du monde.
Du sommet de la dune du Pyla, la randonneuse géo-poète observe l’océan, et le microscosme des sables qui l’emporte – et avec elle le lecteur, à travers les époques et l’espace. « je suis d’ici & d’autres ailleurs traversiers » : sensible à l’étrange étrangeté du monde, que modifient les temps climatériques, Rome Deguergue va de l’avant, se cherche dans le monde offert au marcheur, nous propose de « réapprendre à voir, en écho diffracté », de redevenir « Souffle, graine, voix échappée à la ronde des lunes, aux grands anneaux du temps d’avant, inachevés et complices de l’avenir en expansion infinie » et de « percevoir, mugissantes les paroles croisées, singulières, lancées d’autres déserts ».
La prose poétique, vibrante et rythmée, de l’auteure, fait siennes les leçons d’Hölderlin, de l’exilé de Guernesey, évoque Edouard Glissant, Paul Valéry, Kenneth White… Pour la poète, comme pour eux, « La terre est un mot qui embrasse la terre » – et sa voix prophétique résonne,
appel du large, sur « l’horizocéan » que nous dévoilent ses mots, et les belles photos de Patrice Yan le Flohic.
Marilyne Bertoncini
* Dans l’atelier des nuits – Poèmes somnambules
Claude Vancour
Bf éditeur, 2014, 190 pages.
« Noctis (II)
La traversée du silence
quand les pas gourds reprennent
possession des espaces vieillis
et que l’eau de cette vie nous revient
humectée d’un demi-réveil,
quand les doigts, la langue se remémorent
la place de chaque phalange et s’assurent
de chacune des gerçures,
vérifient une à une
la non-cicratisation des espérances. »
Claude Vancour, poète, traducteur, historien et politologue, né en 1948. Il publie son 7ème recueil de poésie. Auteur (sous son nom d’état-civil Vladimir Fišera) d’anthologies de poésie slave et d’ouvrages d’histoire contemporaine de l’Europe. Prix de poésie Mitteleuropa 1992. Second prix Pierre Corneille 2014.
Dans ce parcours s’inscrit l’écriture comme la seule impasse possible sous conditions de gommer ce qu’on pourrait en dire. Une matière s’y travaille de mots rares, où les concepts s’architecturent dans l’épure, se calligraphienet despace blanc et de respirations, spasmes
ou souffles longs, de leitmotive en variations. En cette substance, Savie, est un art poétique liminaire qu’il faut interroger inlassablement comme les échos de Maria Gabriela Llansol ou de Roberto Juarroz. Autant de motifs pour tisser les labyrinthes savants qui mènent à la réconciliation.
Autre spasme, celui de la colère et d’une humanité fustigée en son arrogance ignorante. Le poète poursuit sa solitude, travaillant le médium d’un nouvel amour où la Femme et l’Homme se retrouvent, à côté. Savie est enjeu dans la quête poétique de la Femme au portrait impossible où l’or alchimique affleur d’un regard et d’une chevelure. La sexualité en cascades et mots en chaos se fraye toutes les issues de la liberté dans le dictionnaire amoureux. Les noeuds se sont déroulés jusqu’à leurs noyaux.
La nuit est tombée sur Paris. Une femme fume sous un lampadaire, de l’autre côté de la vitre, le Poète la regarde…
Et l’autre et l’une deviennent la même nuée souple
la même présupposition
La nuit serait consolation si tout faisait corps en son revers.
* Hors je, poésie
Stephen Blanchard
Préface de Joël Conte
France Libris, 2016, 48 pages
Stephen Blanchard est le président-fondateur depuis 1974 de l’association « Les poètes de l’amitié – poètes sans frontières » (marque déposée) qui pubkie la revue de création littéraire et artistique Florilège. Fondateur des Rencontres Poétiques de Bourgogne en 1990, du Prix de l’Edition de la Ville de Dijon en 2001, il crée entre autre « l’Union Nationale pour l’Information des Auteurs et Concouristes » en 1991, puis en 1994, l’associaiton « de la poésie contemporaire française »…
Le réel d’une femme, transformé en images ou pas, au rythme des journées et des années… Tout en questionnant les mots, l’auteur célèvre tout autant le froid, les enfants, la fête…
De nationalité belge, Emmanuelle Imhauser naît en 1959 à Bukavu, (province du Kivu, ex-Cong belge). Après des études de français, de théâtre et de communication, elle entreprend une thèse en anthropologie à l’université de Liège.
Proche de l’écrivain Jacques Izoard (1936-2008), passionnée de poésie, elle publie en 2012 son premier livre: Mise en pages à l’Atelier de l’agneau. Elle travaille aujourd’hui à la Bibliothèque Ulysse Capitaine, à la conservation des Fonds patrimoniaux de la Ville de Liège.
* Poéclats (Caprice avec des ruines)
Martine Morillon-Carreau
Editinter, 2015, 74 pages
Transformer la contrainte en véritable moteur de l’inspiration, son apparent ennemi intime, tel est ici le défi. La contrainte d’écriture de Poéclats, le prélèvement (chaque mot de chaque poème – sauf dans les anagrammes liminaires – a été prélevé dans l’oeuvre romanesque et théâtrale de Julien Gracq), joue d’emblée, par des indices suggestifs mais réticents, avec le secret d’abord préservé autour de cette contrainte et son dévoilement: les deux citations épigraphes de Gracq livrent les indices programmateurs, les anagrammes liminaires disent tout, quoique de manière cryptée – les deux dernières pages de l’après-dire révélant enfin au lecteur l’exacte matrice des anagrammes initiales.
Martine Morillon-Carreau
« Ce livre, entre palimpseste (le disparu sous ce qui reste) et ramnence (ce qui reste quand le tangible a disparu) se tien au bord du secret, avec vue sur lui et interdiction de le dévoiler – le secret, si près du sacré (phonétiquement comme philosophiquement)! »
Martine Morillon-Carreau, née à Nantes en 1948, est membre de la Direction de rédaction collective de la revue Poésie/Première et du comité de rédaction de la revue 7 à dire. Invitée du Mercredi du Poète en octobre 2010 à Paris, elle est publiée par diverses revues et anthologies de poésie et de nouvelles, tant françaises qu’étrangère. Poéclats, Caprice avec des ruines, est son neuvième ouvrage. (http://m.morillon.carreau.free.fr)
Le flot des vies jaillit du corps morcelé, ensorcelé de Zoartoïste dans les éclats des miroirs.
« Zoartoïste… prononce une voix de noyé dans un rêve, c’est le nom d’une divinité animale du monde archaïque ou d’un démiurge industrieux dans la dent creuse d’une caverne tellurique.
Les esprits s’agitent et vitupèrent autour des dormeurs dans le vacarme de la mort.
Alors l’autiste rase les murs dans un abîme de sons. »
Contes défaits en forme de liste de courses
Poésie
Tapage des miracles, tourbillon des rêves, des sons, des sens, de la jouissance du langage, de l’érotisme des corps, des désirs de la mort, de l’humour grinçant des dents noires de geisha.
Les revues suivantes :
* Le bibliothécaire 4/2016, octobre à décembre 2016, 92 pages
périodique trimestriel – juillet à septembre 2016
B-1470 Genappe dagneau.michel@skynet.be
(Michel DAGNEAU)
* Cabaret n°20, hiver 2016
31, rue Lamartine, F-71800 La Clayette revue-cabaret@laposte.net
Textes de Paul Badin, Christina Bulting, Françoise Vignet
Vers et proses de… Daniel Birnbaum, Eric Chassefière, Paul Couëdel, Guillame Decourt, Colette Elissalde, Claude Gobin, Béatrice Marchal, Sydney Simonneau
Des jours entre les mots… par Michel Passelergue
Les pages d’enfance de… François Tézenas du Montcel, Nicole Nadir
Lire et relire Marie Noël… par Jean-Marie Alfroy
Vagabondage dans les revues et les livres
* Le carnet et les instants n°192, octobre à décembre 2016, 50 pages
revue trimestrielle de création littéraire et artistique
Maison des Associations « Les poètes de l’Amitié », revue Florilège, boîte H1, 2, rue des Corroyeurs à F-21000 Dijon. redacflorilege@gmail.com
(Stephen BLANCHARD)
* Interventions à Haute Voix n°56, 4ème trimestre 2016.
Indignons-nous!
5, rue de Jouy à F-92370 Chaville gerard.faucheux@numericable.be
(Gérard FAUCHEUX)
« …Nous indigner ne suffira évidemment pas. Ce n’est que l’étape nécessaire pour nous inventer une démocratie véritable, au service de l’humanité entière. Mais commençons par cela: faisons entendre notre voix et notre colère, indignons-nous! »
Marie-Josée Christien
Textes de: Eliane Biedermann, Danielle Allain Guesdon, Laurent Bayssière, Louis Bertholom, Anne-Lise Blanchard, Anne Bouchara et de beaucoup d’autres; différentes chroniques, des illustrations en noir et blanc, des textes bien choisis, bref un tout qui permet d’agréables moments de lecture…
Launoy, 4 à B-6230 Pont-à-Celles ericdejaeger@yahoo.fr
(Eric DEJAEGER)
* La poésie contemporaine – recueil 2016, préfacé par Kathleen Hyden-David et Dissidences – recueil de poèmes 2016, préfacé par Jeanne Champel-Grenier
Les presses littéraires, collection Florilège/L’aéro-page
* Reflets Wallonie-Bruxelles n°50, octobre à décembre 2016, 84 pages
Organe officiel de l’Association Royale des Ecrivains et Artistes de Wallonie ; Joseph Bodson, 109, rue de la Mutualité à B-1180 Bruxelles ; articles et chroniques joseph.bodson@skynet.behttp://www.areaw.org
(Joseph BODSON)
* Septentrion 4/2016, 45ème année, 100 pages
Arts, Lettres et Culture de Flandre et des Pays-Bas,
revue trimestrielle éditée par l’institution culturelle flamando-néerlandaise « Ons erfdeel vzw » …
Thierry Radière, Poèmes géographiques, Le pédalo ivre, collection poésie, octobre 2015, 98 pages, 10€.
Poèmes géographiques, au pluriel. Pourtant ma lecture m’a laissé l’impression d’un unique et long poème se lisant dans un seul et même puissant élan. Aucune virgule, seuls quelques points ponctuent le rythme de l’histoire, des histoires, vies qui se nouent et se dénouent entre les Ardennes et les Landes, entre passés et présents.
Thierry Radière grâce à la fluidité de ses textes, au naturel et à la sincérité de son style partage avec son lecteur ses géographies, ces endroits où le souvenir s’arrête pour interpeller parfois de questions insolubles la personne qu’incessamment nous tentons de construire.
Au fur et à mesure, à la manière des flux et des ondes qui font et défont une rivière, les phrases inventent leurs propres temps de pause. Nids dans lesquels la vie couve notre âme, points de repères nécessaires à la progression. Au milieu de la phrase, entre les mots liés les uns aux autres surgit un temps d’arrêt infime. Là où on ne l’attend pas, la respiration du poète et celle du lecteur s’installent le temps d’une étincelle. Subtilement, le poème instaure les lieux de vérité. Le poème se démultiplie sous l’effet des voyages dans le temps, dans l’espace que rendent toujours possible nos facultés aux rêves, à l’écriture.
Penser c’est voyager, c’est visiter ces lieux multiples qui finissent par ne plus exister que dans nos souvenirs, dans notre esprit avec la même ferveur qu’une réalité tangible et quotidienne. Les poèmes géographiques comme autant d’étapes intermédiaires dans une vie permettent la progression. L’écriture de notre vie ne passe pas que par l’abandon et l’oubli bien au contraire elle se construit grâce à la belle et sensible acceptation de ce qui nous arrive. La poésie en ses multiples lieux et aussi ceux de nos enfances, grâce à ses géographies, ses différents visages nous permet d’exister. D’être là quelque part finalement pas si loin que ça de l’enfant, de l’adolescent que nous n’avons peut-être jamais cessé d’être.
Voici quelques fragments choisis au fil de ma lecture, je ne résiste pas au plaisir de les partager afin susciter d’autres lectures des Poèmes géographiques de Thierry Radière.