Une note de lecture de Daniel ILEA Sanda VOÏCA, Trajectoire déroutée, poèmes, éditions LansKine, Nantes, 2018. Le « tungstène que le serpent ne pourra jamais transpercer »* C’est dans l’enfance baignant dans le soleil noir de la mélancolie que la mère plonge à la recherche de sa fille, du « bleu royal » (ou baume) de la Poésie. Ce « bleu royal », le même que celui du tungstène, traverse le livre et le monde ; c’est aussi celui de la ceinture, nœud sur l’estomac, autour de la taille, enveloppant également le cœur de la mère (p. 18) ; celui de l’eau claire et froide, avec laquelle la mère s’identifie, d’une baie (p. 65) ; celui du bien-aimé lui-même (p. 20) ; celui de l’air, du ciel, du jour. Le ventre est ambivalent : c’est le ventre béni de la mère, d’où la fille est sortie, mais c’est aussi celui de la fille, devenu le siège de sa maladie mortelle : « Qu’il y ait donc une flèche / avec deux pointes, / une à chaque bout. / Qu’elle s’amollisse / jusqu’au serpent. / Qu’il entre …