Une comédie humaine en mots et en images

Une comédie humaine en mots et en images



    Quel merveilleux tremplin pour faire découvrir la poésie contemporaine que de la faire cohabiter avec d’autres arts plus exposés tels que la photographie par exemple. Bien sûr, les risques sont grands de voir l’une ou l’autre de ces deux formes d’expression prendre le pas sur la voisine. Il y a aussi le risque de redondance aboutissant à la banalisation du projet. Ici, rien de tout cela avec L’aventure carto menée par le photographe breton Yvon Kervinio. Parmi les milliers de photos en noir et blanc qu’il a prises, Kervinio en a choisi 500. Il a proposé ensuite à 5 poètes d’en retenir 30 afin de les accompagner d’un texte poétique, le tout devant déboucher sur des livres de 64 pages au format carré (22×22). Le photographe rappelle dans son avertissement que « le lieu, la date et les circonstances » sont les bases de ses photos, « pour en garder la mémoire » (mais les auteurs ne les connaissaient pas au moment de l’écriture). C’est au cœur de la Bretagne profonde des années 70 à 90 que ces clichés ont été pris. Nous allons parler ici de deux de ces cinq livres proposés.

45870_1.jpg    Tout d’abord, dans celui de Jean-Claude Touzeil intitulé Vox populi, la parole est donnée au peuple le plus modeste dans ses activités ordinaires ou festives. Les poèmes en vis-à-vis témoignent d’une grande empathie avec juste ce qu’il faut de tendresse et de fantaisie. Toutes ces personnes soudain mises en pleine lumière rayonnent dans la complicité que le poète a su témoigner en laissant libre cours à son imagination.

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    Le deuxième livre s’intitule Visages de villages et c’est le poète Michel Baglin qui en est l’auteur. Ici, ce sont des proses poétiques qui prolongent les photos en débordant du cadre pour fertiliser l’imaginaire. En allant au-delà de la réalité la plus brute, Michel Baglin relativise les menus évènements locaux ou régionaux en rappelant à chacun la domination du temps qui passe. Instants volés, instantanés, instants instables : il y a un peu de tout cela dans ces visages.

Il est impossible d’extraire des passages de ces écrits qui forment un tout en regard de chaque cliché. Le point commun à ces deux livres ne se borne pas aux cinq photos communes choisies par ces deux poètes, sans qu’ils se soient concertés, mais dans cette belle comédie humaine à ciel ouvert qu’il nous est permis de découvrir. On assiste sans qu’il y ait voyeurisme à des scènes qui pourraient être un riche matériau d’étude pour des sociologues ou pour des ethnologues.


 

©Georges Cathalo – octobre 2018

 

Lectures d’avril 2015 —Patrick Joquel

Lectures d’avril 2015
Patrick Joquel
www.patrick-joquel.com

 

 

Poésie
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Titre : Comment tu vas le monde ?
Auteur Claude Burneau
Illustrations : Lisa Launay
Éditeur : Gros Textes
Année de parution : 2015

Le poème ne parle pas forcément, ni toujours, du joli arc-en-ciel qui court d’une rose à une autre, non. Le poème parle aussi et surtout du reste. De ce qui interpelle. De ce qui fâche. De ce qui révolte. Des poèmes qui disent le réel et qui en dénoncent les inhumanités. Des poèmes qui battent avec le cœur des hommes. Des poèmes dont un jeune lecteur pourra s’emparer aussi facilement qu’un adulte.
Un livre noir et pessimiste alors et qu’on lirait avec un mouchoir ? Non. L’humour, même noir, est plus corrosif que tous les apitoiements, plus positif puisqu’il ouvre un espoir. L’espoir de cerveaux qui pétillent et qui inventent des jours plus humains, plus tendres. Avec des touches de couleurs dans la grisaille. Touches joyeuses que l’on suit dans les illustrations et qui résonnent avec l’éclat d’un sourire d’enfant.
Demeurons du côté des couleurs et mettons-en à nos sourires malicieux.

Ne crains pas le silence
Il est plein du babil des grillons
D’un envol de pigeons
D’un mulot qui s’enfuit
De guêpes dans des fruits
D’un tracteur dans un champ
Des caprices du vent
D’un ruisseau qui s’entête
De mille vies discrètes.
Ne crains pas le silence.
Habite-le.

Tu prends une chemise
Mille chemises
Un million de chemises
À la sortie de l’atelier de confection
Quelque part en Asie
Tu les places dans un conteneur
Douane. Vérification.
Expédition. Transport. Réception.
Aucun problème.
Tu prends un homme
Un seul
Pas mille pas un million
À la sortie de l’atelier de confection
Quelque part en Asie
Tu le places dans la chemise
Douane. Vérification.
Interdiction.
Qui est le problème ?

http://grostextes.over-blog.com/index.php?ref_site=1&ref=299961&module=blog&action=default:home

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Titre : sacrés
Auteur : Jean-Claude Touzeil
Images : Pierre Rosin
Éditeur : La Lune Bleue
Année de parution : 2015

Un petit livre en huit poèmes et cinq dessins tiré à 50 exemplaires. Autant dire que la hâte est de rigueur. Les poèmes aussi. Huit arbres sur du papier. Un petit jardin qui ressemble bien à celui du poète. Ses amis de bois, de feuilles et de lumière ; de graines aussi. Chacun a sa vie, ses souvenirs, sa présence. On entre ainsi dans le mystère de l’arbre et dans celui de l’amitié. Le graphisme et les couleurs accompagnent le silence.

http://biloba.over-blog.com/

Un des huit et pas tout à fait au hasard :

J’ai trois ginkgos dans mon jardin
Le premier quelle allure
se prend pour une éolienne
Le second rêve encore de côte d’azur
Le dernier sort de l’imprimerie
l’encre est à peine sèche

Tous les trois se souviennent
du temps des dinosaures
et des nuages du Japon

Quand l’automne arrive
ils mettent leur robe de lune
et c’est plus fort qu’eux
ils prennent toute la lumière
JCT

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Titre : La feuillée des mots
Auteur Georges Cathalo
Éditeur : Éditions Henry 2014
Année de parution : 2014
Georges Cathalo poursuit son exploration de la cause poésie. Ici, il s’interroge sur les poètes, chaque poème est dédié à un poète ; sur les mots et bien sûr, marque de fabrique, l’engagement.
Loin des clichés Baudelairien, Rimbaldien et loin du jardin des roses, le poète échappe à tout convenu.
Le poème n’est pas une formule magique, quoique… mais le poète témoigne, invente.
Si le poète est souvent impuissant devant le monde, il demeure porteur d’espoir… et le poème demeure prêt à servir. Le mot résiste, posé sur la page close du livre. Prêt à l’emploi.
Mais point de cocorico, de drapeau ni de clairon :
Ne nous y trompons pas
un poème
ne sera jamais qu’un poème

un instant suspendu entre ciel et terre, entre deux eaux, entre toi et moi…

ils se cachent les mots
les uns plus pressés que les autres
se bousculent un moment
s’arrêtent et se réchauffent

traces de métaphores
ombres portées de nos errances
empreintes devinées effacées

ainsi comme toujours
le poème s’apprendra mot à mot
au-dessus du vide


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Titre : Les sons de l’air en colère
Auteur Mylène Joubert
Éditeur : Gros Textes
Année de parution : 2014

Dedans. Dehors. le temps. Le temps qu’il fait autant que le temps qui passe. Un temps plus ou moins variable selon les masses d’air, selon l’humeur intérieure et ses flots de souvenirs, de désirs. Et la fenêtre comme une ouverture, un sas, une passerelle vers le monde, vers l’autre. Ce monde qu’on voit, qu’on ressent, qui vibre et avec lequel on vibre. L’autre, celui qui passe, les autres passants et leur image fugace, un instant de leur vie partagée ; on imagine, on apprécie. On est vivant. On est quelqu’un. On est fragile.
C’est la thématique du second texte de ce recueil qui en comporte donc deux : quelque part quelqu’un est fragile. Où est la fragilité ? en soi ? dans un lieu ? entre les deux ?
Un livre qui oscille ainsi entre brume et soleil, gris et bleu, ici ou là-bas. Cette vibration est poésie.

https://sites.google.com/site/grostextes/

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Titre : Poèmes pour Robinson
Auteur : Guy Allix
Illustrateur : Alberto Cuadros
Éditeur : Soc et Foc
Année de parution : 2015

Un recueil de poèmes sur l’absent. Le lointain. Le jamais vu, jamais entendu. Le pourtant si proche. L’absent est ici Robinson, un petit garçon qui vit l’autre bout du monde. Pas de contact entre le grand-père et le petit fils. Juste des poèmes. Des poèmes qui jalonnent les premiers pas, premières années de cette jeune vie. qui balisent un itinéraire que le grand-père suit à tâtons. Beaucoup d’émotions donc dans ces poèmes. Beaucoup de couleurs dans les illustrations. Un feu d’artifice. Des jubilations enfantines. Un livre joyeux finalement. Un livre dont le cœur bat au rythme des solitudes.

http://www.soc-et-foc.com
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Titre : Traversée des silences
Auteur : Jackie Plaetevoet
Illustrations de Gaëlle Guibourgé
Éditeur : Gros Textes
Année de parution : 2014

Écrire en chemin, en marchant, voilà une piste d’écriture que j’aime et pratique. Dès le départ, la connivence entre marcheurs, arpenteurs d’espace. On retrouve ici les dynamiques de Bashô, de François d’Assise et bien d’autres encore comme Joël Vernet et Christian Bobin dont Jackie s’entoure pour son périple vers Compostelle : saisir l’instant propice, mais sans le haïku. Pas de long déroulé de pas non plus. ce qui se joue ici ce sont de courts textes, parfois très courts, mais qui saisissent l’instant et la méditation de l’instant. L’éclair rapide du silence quand il traverse le bruissement du monde : un chant de fauvette, un lis martagon, un espace, une rencontre… Un clin d’œil de papillon.
Lire cette traversée comme un voyage entre ses propres instants d’éternité glanés au fil de ses cheminements et ceux de l’auteur, on se sent comme un éclaireur funambule et joyeux, un éclairé aussi. Une multiple invitation : souviens-toi de tes fragments, regarde les miens et surtout ouvre-toi à nouveau au présent. Que ton pas soit fondateur.

http://grostextes.over-blog.com/

Quelques extraits :
Nasbinals :
Rendre la mémoire au silence.

Conques : Il y a des miracles qui naissent puis meurent dans un parfait silence.

Saint Félix :
Un minuscule roitelet égraine son babillage depuis un fourré voisin. Je m’arrête, respire ses petites notes flûtées. Le cherchant longuement avant de renoncer, déçue de sa fuite devant la menace de mon humanité.
Sur le fond, il a eu tout à fait raison.

Varaire :
Sur le chemin, mon seul souci est d’écouter ce que le silence a à me dire.

Lauzerte :
Au détour d’un sous-bois bordé de taillis clairsemés, j’ai croisé vers quinée heures, une fauvette espiègle. Immobile, j’ai épié pendant cinq bonnes minutes la clandestine entre les rameaux. Enfin tenue dans la lunette de mon œil gauche. Attrapée la fauvette. Petit oiseau de rien au chant miraculeux. Celle-ci m’a donné en l’espace de quelques secondes, un récital de prestige qui résonne depuis au cœur de n’importe quel silence.

Moissac :
Il y aurait une fenêtre et un arbre devant qui frémit sous la brise. Rien d’autre. Ce serait suffisant.

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Romans
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Titre : L’homme-qui-dessine
Auteur : Benoît Séverac
Éditeur : Syros
Année de parution : 2014

Mas d’Azil. 30 000 ans auparavant… La rencontre entre une tribu de sapiens sapiens et un néandertalien. Sur fond d’enquête policière on dirait de nos jours : chercher qui est le criminel ? Et pourquoi ?
Sur cette trame on entre dans une histoire d’hommes. Avec leurs émotions, leurs questionnements… Leurs positionnements sociaux… Et le difficile dialogue entre les différences… Rien de nouveau sous le soleil. Les racismes changent de cible mais demeurent. Bien sûr, ceux qui tentent de concilier, d’aller de l’avant vers un monde plus humain sont là, bien présents. C’est ainsi que le monde avance.
Nous sommes leurs héritiers, l’homme d’Europe possède un petit pourcentage de gènes néandertaliens, ne l’oublions pas.
Quand j’ai fermé ce livre, je suis resté longtemps en présence des personnages. A dialoguer avec eux. Un livre que je n’oublierai pas de sitôt.

http://www.syros.fr/index.php?option=com_catalogue&page=ouvrage¶m_y=F_ean13&value_y=9782748514445&retour=0&espace=0&Itemid=2

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Titre : Là où naissent les nuages
Auteur Annelise Heurtier
Éditeur : Casterman
Année de parution : 2014

Besoin ou envie de remettre ses pendules à l’heure, voici un livre. Un livre surprenant. Résultat : je l’ai lu d’une traite avec sourire et émotion. Une jeune fille de seize ans écrit son mois d’humanitaire en Mongolie. Elle l’écrit à son retour pour ne rien oublier, pour mettre de l’ordre dans sa tête après une telle aventure, un tel choc culturel. Passer des beaux quartiers parisiens aux rues d’Oulan Bator, ça dépayse et c’est autre chose que de glisser un chèque dans une enveloppe. Ça fait maigrir aussi et le changement physique accompagne le changement intérieur, forcément : ce n’est pas tout à fait la même fille qui revient.
Des passages surprenants, comme cette rencontre amoureuse… Je n’en dirai pas plus. Des instants d’humanité profonde, où chacun est à vif et entier. Du paysage aussi bien urbain que steppe et yourtes.
Excellent récit initiatique.

http://jeunesse.casterman.com/albums_detail.cfm?Id=45568

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Titre : Angel l’Indien blanc
Auteur François Place
Éditeur : Casterman
Année de parution : 2014

Magnifique roman. J’ai toujours pensé que le songe devance et invente le réel, François Place joue ici sur ce thème avec son humour, sa grâce et son imagination légendaires. De l’humain aussi. Et de cette humanité capable de dépasser les frontières, les castes, les règles sociales. L’Indien fabrique sa propre liberté comme sa mère (esclave) le lui avait appris en lui donnant sa langue maternelle en héritage. Il la fabrique en sachant écouter, observer, donner ; en osant être lui-même. Chaque jour il se dépasse, il va plus loin ; c’est un de ses sauteurs d’horizon comme j’aime.
Récit de voyage, récit initiatique, récit rêveur : laissez-vous embarquer et envolez-vous.

http://www.francois-place.fr/portfolio-item/angel-lindien-blanc/

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Titre : Tant que nous sommes vivant
Auteur Anne-Laure Bondoux
Éditeur : Gallimard
Année de parution : 2014

Un livre en plusieurs étapes. Plusieurs vies. Celles des héros et de leur fille. Sous fond de crise économique, puis de guerre… Un couple, un amour irrésistible et fort ; qui résiste à tout longtemps parce que vivants ! De l’invention du bonheur quotidien à la quête de l’identité, le lecteur les suit sans lâcher le livre ; rebondissant d’une partie à l’autre… Prenant !
Une histoire invraisemblable et pourtant si proche de notre réel ; comme si l’un créait l’autre et réciproquement. Oui Envoûtant.

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-JEUNESSE/Grand-format-litterature/Romans-Ado/Tant-que-nous-sommes-vivants

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Titre : 20 pieds sous terre
Auteur Charlotte Erlih
Éditeur : Actes Sud
Année de parution : 2014

Une plongée dans le monde des taggers du métro parisien. Plusieurs thématiques contemporaines se croisent dans cette enquête que mène une jeune fille. Une enquête qui lui montrera que les gens ne sont pas toujours ce qu’on croit, ni ce qu’ils montrent. Une quête de l’être derrière le paraître et les conventions sociales. Elle arrivera au bout décapée mais aussi en paix avec elle-même.

http://www.actes-sud.fr/catalogue/jeunesse/20-pieds-sous-terre

 

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Titre : Monde sans oiseaux
Auteur Karin Serres
Éditeur : Stock
Année de parution : 2013

Tout fond. Les eaux montent. On vit au bord et sur des lacs. Dans des maisons sur roues qu’on déplace au fil de la montée…
Il existe un village un peu reculé, que les touristes citadins viennent visiter…
Il existe dans ce village des humains, comme vous et moi. Avec leurs histoires de famille, leurs histoires d’amour, leurs joies et leurs peines. La narratrice raconte sa vie. des bribes. Des souvenirs. Comme autant de petites lumières. La vie, comme une guirlande.
C’est un monde sans oiseaux. Sans oiseaux mais avec des cochons fluorescents qui clignotent avant de s’éteindre.
Un livre comme un chuchotement. Une plongée à l’intérieur d’une petite boite d’os. Un livre comme une sœur.

http://www.editions-stock.fr/monde-sans-oiseaux-9782234073951

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Titre : virus 57
Auteurs : Christopha Lambert et San Vas Steen
Éditeur : Syros
Année de parution : 2014

L’humanité sera détruite par un virus, voilà le fond de ce livre. Tout le reste : nucléaire, réchauffement climatique, guerre… ne sont pas assez puissants, assez retors pour réussir.
Un livre plein de rebondissements et de surprises. Une traque, plusieurs traques en fait. Beaucoup d’improbables en chemin et pourtant ça tient, bien ficelé.
Un bon moment de lecture !

http://www.syros.fr/index.php?option=com_catalogue&page=recherche&Itemid=21

©Patrick Joquel
http://www.patrick-joquel.com

Les lectures d’avril de Patrick Joquel

 

 

Poésie

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Titre : Tissages

Auteur : Maria Desmée

Illustrations : Maria Desmée

Editeur : Soc et Foc

ISBN : 978-2-912360-90-8

Année de parution : 2014

Prix : €12

Un magnifique objet. Coloré. Les images marient leurs gestes et leurs couleurs sous des tracés de fil, de dentelles, de trames : le regard entre dans un songe incertain. Suivre ou perdre le fil…

Quelques mots en regard accompagnent la méditation de la créatrice. Offrent une ligne au rêveur. Une piste. Un fil. Comme une vie.

400 exemplaires seulement pour une telle merveille, n’hésitez pas. offrez-vous un peu de beauté.

J’aimerais voir en expo les originaux de ces œuvres.

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indexTitre : 30

Auteur : Colette Andriot, Michel Baglin, Marc Baron, Paul Bergèse, Gilles Brulet, Alain Boudet, Luce Guilbaud, Michel Lautru, Jean-Claude Touzeil et Liska.

Gravures de Titi Bergèse

Editeur : Printemps poétique de la Suze sur Sarthe

Livre d’artiste à 30 ex.

Année de parution : 2014

Trente ans qu’à la Suze sur Sarthe le printemps est une réalité poétique dans la ville, les écoles et pour les poètes. Avec son promenoir : des livres de poémes qui circulent, les éditions Donner à Voir, voici une ville qui mérite bien le label ville en poésie.

Une petite anthologie donc de poèmes à cette occasion d’anniversaire avec des gravures de Titi Bergèse et une gravure originale réalisée sur le salon en temps réel. Un petit objet qui ne sert à rien d’autre qu’au plaisir et au témoignage. Un bel objet.

Avec des mots tout simples et qui tournent autour de ce « pas pareil » qu’est la poésie, comme le dit Jean-Claude. Au fil des pages on trouve quelques éclairages sur cet autre chose… « Une écriture sur le silence » Colette Andriot. « un chant » Michel Baglin et Michel Lautru. « on peut vivre de ce qui est beau »Marc Baron. Jeux de langue et de sons façon Paul Bergèse. Comme une explication du monde propose Gilles Brulet. Un rêve, celui d’Alain Boudet. Une rencontre avec Luce Guilbaud. Amour chez Liska.

Et on pourrait encore en ajouter tant la poésie agit comme un prisme.

Souhaitons qu’à la Suze le chemin poétique se prolonge encore longtemps car ici comme ailleurs on a besoin de cette ouverture pour respirer.

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imagesTitre : Chemin des poètes 2 014

Auteur anthologie

Editeur : Le printemps de Durcet

Année de parution : 2014

Prix : 5€

Le printemps poétique à Durcet, village en poésie, ça commence en 1986… et depuis chaque printemps ce petit village de moins de trois cents habitants devient le temps d’un week end Capitale de la poésie.

Depuis 2005 la création d’un chemin des poètes permet aux randonneurs de découvrir quatorze poèmes, installés sur autant de bornes le long du chemin de randonnée. L’inauguration se tient le jour du printemps de Durcet, en avril, avec un petit salon du livre et la présence des poètes présents sur le chemin, d’autres poètes et des éditeurs.

Chaque année une anthologie permet de rassembler les poèmes du chemin, histoire de les emporter après la ballade ou de les donner à lire à ceux qui sont loin du chemin.

On y retrouve cette année des poètes anciens, des poètes actuels de la région et de toute la France, deux poèmes d’une classe maternelle de Flers aussi. C’est éclectique, joyeux, simple.

Des aventures comme celle-ci, on en voudrait dans toutes les régions !

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indexTitre : Haïku qui rit

Auteur Paul Bergèse/Jean-Michel Delambre

Illustrations : Delambre

Editeur : Editions Henry

ISBN : 978-2-364-69070-7

Année de parution : 2014

Prix : €12

Un bouquet de haïkus réalisés par quatre mains. Un joli mélange, simple et lumineux. Comme les aquarelles qui les accompagnent.

On se penche ici sur le tout petit, le tout discret, ces petits riens qui embellissent la journée dès qu’on les aperçoit.

Il est bon que des livres comme celui-ci nous rappellent leur existence.

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indexTitre : Vers les riveraines

Auteur Alain Freixe

Editeur : l’Amourier

ISBN : 978-2-915120-90-5

Année de parution : 2013

Prix : €13.50

Le livre s’ouvre sur des échappées réfractaires. L’enjeu du poème est là : permettre l’échappée belle au scripteur autant qu’au lecteur. Le mot fracture les murs qui nous retiennent et donnent un zeste de lumière, une ouverture. On peut à nouveau respirer. Et parler des morts (c’est la seconde partie du livre). « Nous marchons sur des phrases » et parmi des paysages ruinés. Plusieurs textes ici tournent ainsi autour de la perte, des traces qu’ont abandonnées à l’espace des hommes d’un temps antérieur au nôtre. Le présent se promène ainsi, presqu’à tâtons, dans ses lambeaux brisés de noir où bien souvent « personne n’est là pour lever les yeux ».

Une troisième partie s’intitule Porter le temps. Tenter d’avancer. On sait vers quoi mais avant d’arriver au port noir, la lumière est possible. Par l’écriture et la marche. Dans les lumières et les brumes des montagnes ou des étangs. Là, dans ces envolées l’homme parfois aperçoit ce que l’homme avait cru voir. Ce pari sur ce que Freixe nomme « la dorveille », ce pari fou de vivre et de tenter le musement, ce pari, on le sait, s’achemine vers « les jours noirs ».

Comment portez-vous le temps qui vous porte ?

Nos mains retournent à la solitude des poches.

invente donc

sans y croire

ce qui embellit

le gris du jour

©Patrick Joquel

www.patrick-joquel.com

http://www.facebook.com/patrick.joquel

Lectures d’avril de Patrick Joquel

 

 

 

Poésie

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Titre : Urticantes

Auteur : Jean-Claude Touzeil

Illustrateur : Yves Barré

Editeur : Rougier V. ed

ISBN : 978-2-913040-95-0

Année de parution : 2013

Prix : 9€

 

Une suite à Est-ce que paru chez Donner à Voir. Toujours aussi percutant. Drôle. Décapant.

Est-ce que Harpagon portait des bas à varices ?

Est-ce que vous connaissez les « wifi », variété de haricots sans fil ?

Est-ce qu’avoir le cul entre deux chaises peut véritablement faire avancer le dossier ?

Les gravures et dessins d’Yves accompagnent avec douceur ces interrogations autant farfelues qu’essentielles.

Une réussite !

 

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Marcel Migozzi

Titre : De bogue et de roc

Auteur : Marcel Migozzi

Traducteur en langue Corse : Stefanu Cesari

Editeur : Colonna Editions

ISBN : 978-2-915922-95-0

Année de parution : 2 013

Prix : €10

 

Un livre en deux langues. En deux parties aussi. Sur un seul territoire : la Corse. La première partie est une quête des origines. Sur les traces d’un grand père inconnu. Tenter le lien. En quelques mots, quelques espaces. S’interroger sur l’aventure humaine et s’insérer dans la litanie des êtres… La seconde est dédiée à l’amour. Le couple vieillissant. Les corps vieillissants et la résistance de l’amour.

Beaucoup d’émotions, de pudeurs. Des mots comme de petits coups de pinceaux. Beaucoup de silence aussi.

 

Roman

 

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Titre : Le roi du lard

Auteur : Didier Malhaire

Editeur : Les tas de mots

ISBN : 979-109046-02-1

Année de parution : 2 013

Prix : €20

 

Le roman navigue entre Ludovic, un homme, créateur de vêtements, et Ludo, l’enfant abandonné recueilli par sa grand-mère. Un va et vient souvenirs du passé, soucis du présent ; la vie en Normandie, champs, océan, granges… Entre ce que l’on sait, ce que l’on devine, ce qui est permis dans une micro société villageoise et ce qui doit être caché

Son copain Jacky et Ludo grandissent ensemble. Puis la vie les sépare et la vie les rejoint à nouveau.

Un roman qui explore la découverte de l’identité, la différence et le lâcher prise des joies partagées. Simple et prenant, il a toute sa place aujourd’hui dans le paysage d’une société qui se raidit.

 

©Patrick Joquel

www.patrick-joquel.com