Jacques Ancet

On entre dans un nouveau silence.
On ne sait pas s’il a un nom.
La neige le recouvre et l’éclaire.
On ne sait rien. On ne saisit qu’un
mouvement de doigt dans la lumière,
un visage, la pause d’un pied,
On entre dans ce qu’on ne sait pas.

Dans ce qu’on ne sait pas
il y a ce qu’on sait et autre chose.
On reconnaît le coussin, le carrelage,
la tasse, le livre, la lampe,
mais il y a ce vide que met le regard,
une sorte de battement de cil.
Sans savoir, on entre dans l’infime.

Inédits de Jacques Ancet publiés dans le N° 60 de Traversées

Josiane Bonini

HYMNE AU CHOCOLAT!

Chocolat, douceur qui se délite et délecte
Le connaisseur, amateur d’onctuosité sélecte!
Volupté, ascension céleste , envol vers l’Everest!

Un simple carré, glissé dans un écrin buccal
Exhale ses richesses, saveurs venues d’ ailleurs,
Enveloppe de tiédeur, les papilles du bonheur!

Parfumé aux oranges confites, aux noisettes ou raisins secs,
Il fond…capitonne le palais de fins extraits
Et, lentement , telle langue de glacier, s’évade…

Charme immuable de cette pâte ineffable
Qui ragaillardit tant le corps que l’ esprit
Au pire des insomnies ou des longs jours de pluie!

Extrait de Lézards…Lézardes

Jean-Louis Bernard

Le mistral
dentelle les rocailles
donne sens à la lumière
en son retirement

froissement des cyprès
incise le silence

le village
hasarde ses ruelles
en ces lieux syncopés
et les volets des anciens jours
se cabrent à peine
dans la lueur confondante d’un seuil

au saillant des fontaines
s’effrangent les lointains
signes et bornes entrelacés
dans cet espace d’avant l’espace
où s’effeuillent les présages

sous les clartés trop impatientes
le psaume écartelé du monde

Paru dans le N° 53 Hiver 2008-2009