Blancs-seings, Carte blanche à Guy Denis, Michel Francard, Michèle Garant, Pierre-Alain Gillet, Frédéric Gribaumont, René Lejeune (Willoos), Paul Mathieu, Benoît Piedboeuf, Kim Julie Vallon, Traversées éditions, 69 pages, décembre 2024, 25€ TTC


Hier, j’entendais à la radio David Lynch qui dans un interview disait qu’il lui était impossible de parler de son film car tout ce qu’il avait voulu exprimer était dans le film et l’expliquer c’était comme un peu se trahir car il lui semblait avoir trouvé l’unique et la plus adéquate manière pour lui, de dire ce qu’il avait à dire. J’ai songé alors à Rimbaud qui répondait interrogé sur le sens d’un poème: « ça dit ce que ça veut dire. » L’oeuvre se suffit à elle-même? serait-il impossible pour son auteur d’aller au-delà du moins pour un temps? 

Cela signifie-t-il que le chemin choisi par l’auteur, l’artiste, le poète est le fruit du choix le plus approprié parce qu’ont été explorées toutes les voies possibles du langage? Que l’auteur, l’artiste, le poète a forgé par l’expérience, à force de lucidité l’outil idéal ? Qui n’a pas essayé de reproduire en le transformant un chef-d’oeuvre, ne sait souvent pas à quoi il se heurte. Une petite voix me murmure qu’une oeuvre ne trouve sa pleine signification que si elle continue de se transformer dans l’esprit de ses lecteurs et spectateurs. 

Dans le très beau livre des éditions Traversées, carte blanche est donné à plusieurs poètes en leur proposant d’écrire à partir de six oeuvres peintes ou dessinées par le plasticien Pierre-Alain Gillet. Les regards se croisent, les analyses se complètent, les dialogues s’ouvrent. Une osmose se produit. Les écrits s’alternent et donnent à voir sur divers jours les oeuvres reproduites, figuratives ou abstraites.

On comprendra que le poème va au-delà du commentaire esthétique, de la simple description, de l’explication. L’expérimentation: provoquer un dialogue entre l’oeuvre peinte et l’oeuvre écrite qui multiplie les lectures à plusieurs niveaux, interpelle personnellement le poète et par conséquent le lecteur. 

On regarde à travers le regard d’un autre et non plus à travers un miroir, on savoure la richesse de ces partages. La liberté d’écriture est la condition première octroyée par les blancs-seings offert par l’artiste Pierre-Alain Gillet aux auteurs.

  • Guy Denis,
  • Michel Francard,
  • Michèle Garant,
  • Frédéric Gribaumont,
  • René Lejeune (Willoos),
  • Paul Mathieu,
  • Benoît Piedboeuf,
  • Kim Julie Vallon

Plus que jamais, une extrême attention a été portée à la mise en page, à la qualité des reproductions. On appréciera la couverture cartonnée, le choix d’un papier lisse et brillant, une mise en valeur des textes rendant la lecture optimale. En fin de volume, on retrouve la post-face de l’artiste et une présentation biographique des auteurs. 

Soleilleux

Soleilleux sur la neige de la page
le visage luit d’un invincible été

Éparpillant les graffitis de ses jambages
en sa broussaille d’astres échevelés
il annonce tous les outrages déclinées
par les convois de brumes et de nuages

À quelle histoire va-t-il s’attacher
lui qui jamais ne renonce malgré

Paul Mathieu


Pour commander le livre, envoyez un mail à Patrice Breno
Revue Traversées: traversees@hotmail.com

Une réflexion sur “Blancs-seings, Carte blanche à Guy Denis, Michel Francard, Michèle Garant, Pierre-Alain Gillet, Frédéric Gribaumont, René Lejeune (Willoos), Paul Mathieu, Benoît Piedboeuf, Kim Julie Vallon, Traversées éditions, 69 pages, décembre 2024, 25€ TTC

  1. Merci Patrice!
    Bon dimanche
    Michèle

    Michèle Garant
    Professeure émérite UCLouvain
    Présidente de l’Académie luxembourgeoise

    66, Rue du Président 1050 Bruxelles
    3, rue Sainte-Odile 6723 Habay-la-Vieille
    0032 476 / 455 786

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