Diérèse n°44 ; c/o Daniel Martinez, 8 avenue Hoche à F-77330 Ozoir-la-Ferrière,
260p. ; 9 €. (+ 3, 02 frais de port).
Une fois n’est pas coutume, Diérèse consacre un numéro spécial à Jean-Claude Pirotte.
Sur les 260 pages de la revue, le dossier « Pirotte » en occupe plus de 170, c’est dire
qu’il permet de mieux cerner la personnalité de cet auteur d’origine belge qu’Alain
Bosquet comparait à un clochard de l’absolu. Ecrire, en sachant que rien n’est à sauver,
qu’il est trop tard et que le monde est trop vieux. (…) À quoi bon écrire, et pour qui
donc, dans un monde où apprendre à lire est regardé comme superflu. Poésie, ramassis
de vieilles lunes. Pourtant, Jean-Claude Pirotte n’a cessé d’écrire depuis son
adolescence, dans un désoeuvrement boulimique qui l’a poussé ainsi à « jardiner sa
misère », lui « le mal né » dont l’enfance n’a guère laissé qu’un éboulis impossible à
reconstruire. Écrivain en fuite, d’abord pour échapper à la justice de son pays, il restera
nomade de lui-même, sans cesse changeant d’environnement. Car je suis aussi loin de
moi que tout mystère / ce que je cherche à saisir n’a de nom dans aucune langue. Une
vingtaine d’auteurs viennent apporter leur contribution, sous forme de témoignage,
d’entretien, de point de vue, d’échange ou de poème, à cet hommage qui devrait faire
date. On y lira des textes et poèmes de Jean-Claude Pirotte ainsi que des extraits d’un
roman en chantier. Des dessins de l’écrivain – qui mène en parallèle une activité
plasticienne – parsèment cet ensemble. Privé de son espace habituel, Diérèse n’a pas,
pour autant, renoncé à ses rubriques régulières, même si elles ont été sensiblement
réduites. Ainsi, « poésies du monde » nous fait découvrir le poète allemand Rolf Dieter
Brinkmann (1940-1975), particulièrement virulent vis-à-vis de la société allemande de
l’après-guerre. Quelques récits et notes de lecture complètent cette livraison printanière,
toujours aussi volumineuse. Mais Daniel Martinez promet de ne pas dépasser 260 pages
pour les suivantes. Dont acte.
Alain Helissen
Chronique parue dans le n° 55 Été – 2009
