A l’heure grise : Poèmes/Jean-Louis Bernard ; illustrations de Anne Vocanson ; Saint Haon-le-Châtel : Atelier de reliure Paysage Nuage Voyage, 2013(sous les bons auspices de l’Ecritoire d’Estieugues).

 

  • A l’heure grise :Poèmes/Jean-Louis Bernard; illustrations de Anne Vocanson ; Saint Haon-le-Châtel : Atelier de reliure Paysage Nuage Voyage, 2013(sous les bons auspices de l’Ecritoire d’Estieugues).

Dans ce livre, Jean-Louis Bernard médite la liberté et cherche à donner des ailes à une vie qui ne va pas de soi. Ici, chaque poème est un lieu de questionnement susceptible de piéger les vérités universelles qui formatent nos vies ; ici, chaque poème semble colporter la nouvelle de notre mutation constante et être en quête d’un temps où s’arrimerait « hors vue » le lieu de l’Etre.

J’écris un lai d’aube et de sel

pour qu’aux marches de souvenance

demeure l’innommé du signe

et du temps…

Né à Biarritz mais résidant à Grenoble, Jean-Louis Bernard est un de ces poètes chez qui vie et poésie se confondent (la poésie est l’absolu réel, qui existe indépendamment de toutes conditions/Novalis) ; pour lui, c’est dans l’instant que réside la clé permettant d’ouvrir les portes d’un regard susceptible de donner du jeu au possible d’un monde en représentation (Ce qui passe pour réel ne devient poésie que par la force brisante du regard) et de laisser pénétrer dans nos yeux, la promesse d’un devenir autre.

Bref, dans ce livre « porté » par les remarquables illustrations d’Anne Vocanson, le poète développe une force d’énigme susceptible de nous aider à fuir les évidences qui nous sont offertes et à approcher le monde dans sa dimension merveilleuse et secrète.

A tous les silences

que nous ne savons pas

je lègue

des chemins distordus

des étreintes anciennes

merci

aux brindilles et aux pierres

aux fantômes qui nous invoquent

et aussi à l’océan

demeure impavide

le mystère

il y aura toujours

ce tremblement d’oubli

dans la nuit incertaine

l’horizon narrera

le même rêve

déchiré aux épines de l’aube

peu importe les augures

tout se tient là

sur le chemin des chansons grises

©Chronique de Pierre Schroven