Barque à Rome ; notes romaines précédé de Le sable et l’olivier (notes algériennes ; lettre préface de J.M.G. Le Clézio), Philippe MATHY ; peintures d’André Ruelle, Paris : L’herbe qui tremble, 2011

A.Ruelle « Barque à Rome »

Suite à deux résidences d’écriture effectuées à Rome (1999 et 2002), le poète transcrit ici les « impressions » ressenties lors de ses promenades dans la ville éternelle. Tout dans ce livre (rencontres, toiles aimées, sculptures, lectures, joies inattendues…) apporte de l’eau au moulin d’un propos nous conviant à chaque instant à marcher avec foi vers la lumière du mystère qui nous traverse. En effet, à travers ce recueil de notes suggérées par les spectacles de la vie « quotidienne », le poète nous invite à dépasser le stade des représentations, à maintenir notre vie en vie et à développer le culte de l’émerveillement quotidien(c’est que nous sommes avant tout des êtres vivants, désirants…) ; Il nous dit aussi en substance que l’art permet d’ajouter une dimension à la vie en ce sens qu’il nous empêche de nous laisser envahir par des forces qui nous sont hostiles et nous décomposent. Pour lui, l’art n’est par un art de l’être et de l’identité mais un art du devenir autre voire du changement(faire la différence plutôt que chercher à accueillir l’identité de l’être et à se recueillir devant elle). Dans ce livre, Mathy interroge le monde et ses représentations(le fait de vivre ne va pas de soi !),circonscrit le mystère de l’existence plutôt que de le livrer mots et sens liés et met la poésie, les mots et la littérature en prise avec l’inexprimable pour en révéler les limites ; Dans ce livre, Mathy ne laisse place qu’à l’émotion, au réel authentique et aux forces actives de la vie…

Samedi 31 juillet

Nous partageons le taxi avec Johan jusqu’à Fiumicino. Aucun problème, l’avion est à l’heure. A l’instant où les roues se détachent du sol, où l’avion dresse le nez pour nous ramener sur les bords de l’Escaut, c’est à deux vers d’un Anversois que je songe en guise de salutation à Rome :

« je vous salue, ma vie,

D’un peu d’éternité… »

Max Elskamp

 

Pierre SCHROVEN