Nicolas de Mar-Vivo, L’Oreille absolue, Roman, Éditions Edern, 246 pages.


Désorientés, vous risquez d’être complètement désorientés par ce livre qui commence par : Le livre que vous tenez n’est pas de moi. Si j’ai décidé de le publier sous mon nom, c’est après mûre réflexion. Donc, si j’ai bien compris, voilà un auteur qui se sert, en toute impunité, d’un récit qui lui a été remis – offert dirons-nous – qu’il n’a pas écrit mais qui a été écrit par un autre et cet autre, sorti de nulle part, est, tenez-vous bien, un enfant de 10 ans.

Et quel enfant ! En bagarre avec les adultes et en premier avec ses parents, riches héritiers mais surtout artistes, qu’il accuse de l’avoir mis au monde. Je n’ai rien demandé nous dit-il.

Ma famille est d’une banalité confondante puisqu’elle est composée de cinglés, tous un peu artistes, tous un peu excentriques, comme vous et pas moi ?

En bagarre contre ses camarades au collège qui pratiquent l’asservissement à un chef, bellâtre et tout puissant, et qui n’ont aucune idée de ce que peut être la liberté de pensée et la véritable amitié. Première déception amoureuse mais réconfort de ses deux vrais amis, Medhi et Nicolas (Tiens !) qui partagent ses idées sur la famille et la société.

Et c’est en effet une critique acerbe de notre société d’égocentrés, de méprisants, de prétentieux, société de consommation, de loisirs faciles, de petites et grandes lâchetés et j’en passe, que Nicolas de Mar-Vivo nous délivre avec humour par la bouche ou plutôt la plume de Louis (il a cessé de parler à la mort de son petit frère Antoine) qui écrit ces mémoires sur un téléphone portable, car, contrairement aux apparences je suis de mon temps nous dit-il. Lui qui lit les Mémoires de Saint Simon en édition Pléiade et s’interroge sur la notion de doute chez Descartes.

Si vous n’imaginez pas possible qu’un enfant de cet âge soit déjà le sage et le penseur qu’il nous dit être, ne lisez pas ce livre. Par contre s’il vous reste de l’enfance le goût de l’aventure, y compris littéraire, la curiosité et l’esprit de liberté alors dévorez cet ovni à la fois drôle et caustique.

Et puis comme dit le jeune Louis :

Une chose est sûre, depuis notre enfance on nous raconte des salades. Nous avons droit à des variétés différentes, parfois, mais cela reste des salades. Les adultes nous mentent, sur à peu près tout, et personne ne veut le reconnaître.

Pourtant, c’est très simple : le mensonge s’entend. Il suffit de prêter l’oreille. Et  je l’ai absolue.

Louis n’est pas un adulte mais un enfant alors nous pouvons le croire. Par contre j’avais oublié de vous dire qu’il avait aussi l’oreille absolue