Francine HAMELIN, La Maison des oiseaux, couverture et 4 illustrations de l’autrice, préface de Barbara Auzou, 104 pages, juillet 2024, Z4 éditions, ISBN : 978-2-38113-076-7

Francine HAMELIN, La Maison des oiseaux, couverture et 4 illustrations de l’autrice, préface de Barbara Auzou, 104 pages, juillet 2024, Z4 éditions, ISBN : 978-2-38113-076-7


Sans doute, il s’agit d’un hymne aimant :

que chaque jour je puisse te cueillir des étoiles

dans le creux des ruisseaux  dans les veines des arbres

que chaque jour je puisse m’étonner de l’amour

Francine Hamelin parfume le silence, polit la matière, affûte d’aile d’un albatros, joue avec les mots telles des bulles, chuchote au creux des âmes.

En belle cohérence, elle convoque tout un bestiaire : renard, chat noir, louve, mais surtout des oiseaux qui peuplent plusieurs poèmes et sont en quelque sorte des traits d’union ailés entre les textes.

Les mains sont également omniprésentes, ce qui est normal pour une sculptrice, des mains ouvertes au don, agiles devant l’albâtre, chaleureuses. Véritables phares dans l’horlogerie de ce monde onirique.

mes mains sont comme un livre

où tu liras peut-être

mes saisons  mes chemins

la mémoire des pierres

inscrite dans mes paumes

Quatre aquarelles, dont le noir-blanc n’enlève rien à leur élégance ainsi qu’une couverture originale en couleurs, toutes de Francine Hamelin agrémentent ce livre. La préface est signée par Barbara Auzou qui souligne avec raison : 

c’est bien un sentiment de vastitude et de synergies qui nous submerge.

Rappelons que l’écrivaine et artiste Francine Hamelin vit au Québec, nous propose l’énigme de vastitudes tout autant que le cocon d’un jardin-paradis. Elle s’arrime aux branches des oiseaux, du silence, des feuilles et des vertiges initiatiques. Elle tangue aux confluences des géographies, consulte les dérives, questionne la cartographie de l’enfance, s’étonne d’une mousse ou suit une lézarde, réinvente les racines et les sèves, épelle un cantique.

En un mot :

passagère de la belle éternité

je clandestine loin des horloges loin de l’éphémère

je clandestine sous l’aile d’un albatros

jusqu’aux îles de ton nom

Un livre d’une douceur infinie.

Francine HAMELIN, LA MAISON DES OISEAUX, Poèsie, Préface de Barbara AUZOU, Z4-éditions


La préface de Barbara AUZOU, précieux et délicat message de bienvenue, est comme un sésame que l’on nous offre à l’entrée de ce temple élevé par Francine HAMELIN

 »La maison des oiseaux » c’est vraiment un très beau livre que l’on reçoit comme une parole avant tout d’une élégante douceur à l’oeil comme au toucher. On caresse ce gris bleuté au sein duquel naissent des arbres que l’on dirait de tendre albâtre rose pâle, ce merveilleux matériau où l’auteur sculpte comme elle respire la légèreté multiple toujours ascensionnelle du rêve. 

Sur l’illustration de couverture s’élèvent non pas des arbres aux oiseaux mais des arborescences d’oiseaux. On se croit devant les luxuriantes et immobiles stalagmites des grottes préhistoriques qui s’élèvent en silence, de toute beauté et pureté depuis des millions d’années. Souvenons-nous que l’auteur, à la fois peintre, poète et sculptrice sur albâtre, fait corps depuis toujours, en son beau pays le Canada, avec la beauté naturelle millénaire du monde. 

 Il y a la profondeur du vrai et du vivant dans l’art de Francine HAMELIN, une harmonie du microscopique comme du gigantesque ; cette artiste créative très originale côtoie l’infiniment secret de la roche d’albâtre, et de ce médium immortel elle fait surgir la vie qui s’y loge, et la transmet à son oeuvre …ad vitam aeternam. 

Pas de divagation désordonnée mais au contraire une élégance mathématique, une presque géométrie de la beauté, de celle que l’on retrouve au microscope et qui nous irradie. Chacune de ses œuvres peintes offre un kaléidoscope d’où l’imagination diffracte vers l’infini. Chez Francine Hamelin tout est pure, silencieuse et puissante ascension. Tout est vivante murmuration.Tout est reflet, regard, silence, caresse et harmonie. Un baume inattendu, une énergie, et à la fois un paisible partage : un miracle en ce monde agité !

« La maison des oiseaux » a une présence d’arbre en croissante harmonie ‘‘qui porte sur sa peau des voyages d’oiseaux’…loin du théâtre d’ombre, où s’agitent les fous »( p 17)

« La maison des oiseaux » c’est la vie au jour le jour, la vie en création, la vie toute entière en poésie…

« qu’elle soit de mots qu’elle soit de pierre
qu’elle soit d’écorce ou bien de peau
qu’elle soit de plume ou de pinceaux
chant du fleuve…couleur du vent (p 61)

« La maison des oiseaux » c’est toute la vie ouverte et créative de Francine Hamelin, une vie où rien n’est cloué au sol, puisque même

 »des arbres voyagent
sur la tête des caribous ( p 70)

Francine Hamelin n’a rien d’une mystique isolée dans la contemplation solitaire,   »le monde a les pieds pesants », elle nous invite donc à goûter à, l »infinie fractale de la poésie »(p 70)

Se plonger dans la contemplation des œuvres silencieuses de Francine Hamelin, lire ses mots, c’est goûter non pas à la communion religieuse, mais » à la table du matin, la tendresse de l’âme quotidienne …où s’apaise l’oiseau au cœur battant ( 20)

« La maison des oiseaux » c’est aussi l’amour vivant !

Clandestine
J’ai entendu la mer qui chantait dans ta voix
mon cœur a pris le large
et depuis
passagère de la belle éternité
je clandestine loin des horloges de l’éphémère
je clandestine sous l’aile d’un albatros
jusqu’aux îles de ton nom ( p 25)

                            ….  »un jour nous serons comme des arbres
au bord de la rivière où l’amour danse bleu
nos mains l’une à l’autre enracinées
nous écouterons les voix de la pierre et de l’eau
…et la vie à perte de vue… »
et nous serons des arbres heureux  »

C’est tout cela et bien plus encore « La maison des oiseaux » de Francine HAMELIN…Il suffit d’en franchir le seuil et voilà que la vie retrouve ses ailes…