Isabelle Carré ; Les rêveurs, Livre de poche, janvier 2019, 288 pages ; 7,70€)

Chronique de NadineDoyen

Isabelle Carré ; Les rêveurs, Livre de poche, janvier 2019, 288 pages ; 7,70€)


Isabelle Carré brosse avec tact le portrait de ses parents : couple atypique (classe sociale opposée),une mère rejetée par sa famille, un père artiste au goût japonisant.

Puis, elle fait défiler ses souvenirs d’enfance, revisite leurs sorties dominicales.

C’est en fouillant le passé  de ses géniteurs qu’elle exhume bien des fêlures.

Des mots : « abandon, tristes, mélancoliques », reflètent l’état d’âme des adultes d’où le besoin pour la narratrice d’échapper à cet enfer borderline. Lors de son séjour à l’hôpital, suite à une TS, qu’elle relate avec autodérision, elle noue des amitiés, et se découvre une vocation pour le théâtre, ce « lot de consolation merveilleux ».

Le jour où le père fait son coming out, le couple explose et il s’ensuit un véritable séisme. Tout s’éclaire pour la narratrice (le changement de look, les lectures de Lui, de Gai Pied). La musique, la danse, l’écriture, ont oeuvré à sa résilience. Rebondissements : le fils aîné retrouve son père, la mère son premier amour.

La comédienne démontre que « l’hérédité, même douloureuse, peut être une force ».

Elle signe un récit à la veine autobiographique, empreint de nostalgie, traversé de peurs, d’interrogations, de rêves comme chez Sempé. Un premier roman prometteur !

©Nadine Doyen

Grand Prix RTL LIRE 2018- GRAND PRIX de l’héroïne Madame Figaro 2018.