Olivier DESSIBOURG, « L’OURS ET L’OURSIN », Fables, Illustration Debuhme, L’Harmattan -2024

Olivier DESSIBOURG, « L’OURS ET L’OURSIN », Fables, Illustration Debuhme, L’Harmattan – 2024


Une première de couverture aux couleurs très gaies et modernes, du genre BD de qualité créée par Debuhme, donne le ton du livre, grâce à ce groupe d’animaux  »humains » déroulant  un papier qui a tout l’air d’un long message hilarant.

TRENTE DEUX FABLES dont les protagonistes sont des animaux que l’auteur charge de nos défauts humains grâce à une fine verve humoristique telle que mille détails vous  »sautent au visage » au point de créer des éclats de rire à répétition…

« La mouche du coche », devient ici mouche qui prend la mouche et s’allie à toute la faune pour  »préparer un putsch  », de plus, le bruit court, qu’avec ses congénères elles  »mordaient le toutvenant, car au fond de leurs bouches avaient poussé des dents » ; un détail qui fait mouche oserons-nous dire ! Et d’ailleurs, le fameux chemin, montant, sablonneux  » de La Fontaine s’étend ici à toute la faune, et  il va falloir en découdre car de fil en aiguille c’est d’une guerre mondiale dont il va s’agir !

Et voilà comment d’une broutille naît une brouille  »sans foi ni honneur » qui fait boule de neige et finit en boulets de canons. Ce fablier est une mine de trésors ! On y trouve l’exemple positif de l’écureuil qui, d’un naturel rêveur, déposant ici et là des provisions permet une leçon :  »Quelques dons en sursis qui serviront aux autres » ( p 73)

 « La chèvre et la cigogne »( p 27) ridiculisent la  »bien-pensance » de fort comique manière, tant il est vrai que de nos jours on ne peut plus parler de  »différences » entre les hommes sans être traité de raciste.

 « Le chaton et la pie »( p 19) ; la pie folâtre et consumériste amasse des trésors que la foudre vise et détruit : conclusion ;  »Rien ne sert à nos biens d’être thésaurisés »

 « L’orang-outan »( p 15) et le pouvoir : magistrale démonstration qui illustre de façon radicale l’inévitable  »chute » brutale à tour de rôle des puissants et des tyrans !

TRENTE DEUX FABLES dont certaines absolument hilarantes et dont il faut ménager la surprise, je citerais d’ailleurs en rime avec  »surprise » : 

« Vous verrez, des idées, j’en ai plein mes valises » ( p 21)

Formidablement étudiée, la nature humaine, ici rendue grâce à une écriture classique mais exaltée par l’humour, devient un feu d’artifice qui vous éclaire un grand pan de ciel tel un miroir où, de façon inattendue, parfois vous vous reconnaissez…hilarante surprise !

 L’OURS ET L’OURSIN : 32 fables d‘Olivier DESSIBOURG, jeune écrivain né en 1984 à Fribourg (Suisse). Titulaire d’un master de l’enseignement privé, il exerce depuis 13 ans dans le primaire et le secondaire. Grand amateur d’histoire, de philosophie et de théâtre, ce jeune auteur s’est lancé avec bonheur dans l’écriture. 

Une oeuvre qui augure d’une suite riche en rebondissements !

Grains de fables de mon sablier de Jean-François Mathé, illustrations de Charlotte Berghman – Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, novembre 2014. 78 pages, 10 €.

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  • Grains de fables de mon sablier de Jean-François Mathé, illustrations de Charlotte Berghman – Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, novembre 2014. 78 pages, 10 €.

Petit format à glisser dans la poche, beau papier, belles illustrations colorées et de la poésie tout plein, pour les enfants jusqu’à 103 ans.

En poésie, on voyagera, « Nos rêves sont les seuls voiliers/Que le tour du monde désire » on voguera sur le Nil, même si c’est « sur un lit, /Moitié face, moitié profil, /Bloqué par un torticolis. » On appréciera le petit déjeuner servi par l’hôtesse de l’air « Un croissant de lune/Dans un bol de thé. /Et si l’on est sage, /Avec notre thé/ On aura du lait, / mais juste un nuage. ».

On ne manquera pas de comprendre l’étonnement du chien à qui on ne donne jamais sa langue et

qui ne voudra pas avoir pour copain le rouge-gorge qui « n’aide à rien, il fait le beau/ Et quand je l’ignore, il babille. ».

Ces grains de fables s‘écoulent au fil des pages, tantôt moelleux, tantôt croquants, souvent drôles et portés par des courants d’air de joyeuse impertinence, car le vent ne renonce pas «  à enseigner la liberté/À tout ce que l’on tient en cage », mais également mêlés de quelques pointes de cruauté, quand par exemple sous la dent, le grain cachait un petit ami : trop tard on l’a avalé !

On croisera toute une faune d’animaux et d’humains, on se moquera bien volontiers du général vertical qui est mort alité, on aura un brin de tristesse pour le petit garçon qui ayant peur de perdre sa maman qui embrasse un nouveau papa, tandis qu’il tourne sur le manège, voudrait qu’elle ait Toujours à son bras/Un seul papa d’bois. D’ailleurs la jalousie est un vilain défaut et dans le poème en pot la victime n’a pas de pot. Et en parlant de pot, vous en apprendrez aussi sur le triste mariage de la poule au pot.

On saura de même qu’il ne faut même pas confier ses secrets à l’ombre, « Elle est l’intérieur d’une oreille » mais on pourra cependant déplorer qu’il soit encore question de découverte de l’Amérique avec Christophe Colomb, car qu’en pensent donc les « découverts » ? Alors que l’auteur ne manque pas de dire pourtant dans un autre poème, à propos d’un autre sujet, que « Tout ça c’est l’Histoire,/Ses sombres saisons, /Ses fers, ses prisons,/Ceux qui s’en font gloire. »

©Cathy Garcia

Jean-François Mathé

Jean-François Mathé

Jean-François Mathé est né dans l’Indre en 1950. Professeur agrégé de lettres modernes en lycée, il a partagé son temps entre la passion pour son métier, la passion de la poésie, celle du dessin d’humour et celle de la chanson. Marié, une fille et deux petites-filles. Il a pris sa retraite en 2010 et vit dans un village du Poitou. Il a reçu en 2013 le Grand Prix International de Poésie Guillevic-Ville de Saint-Malo pour l’ensemble de son œuvre.

 

 

05-05-2011 16;59;3132Charlotte Berghman a fait ses études à l’Institut Saint-Luc à Bruxelles, option illustration. Sa formation complétée d’un C.A.P lui permet d’enseigner l’art plastique. Actuellement, elle travaille comme animatrice artistique à mi-temps dans une maison de quartier. Elle reste ouverte à d’autres lieux comme maisons de jeunes, C.E.C,… Pour elle, l’illustration et l’animation sont intimement liées. On peut suivre son travail sur http://cha-berghman.blogspot.be/