TOUJOURS ELOI DERÔME !
Chronique de Marc Wetzel TOUJOURS ELOI DERÔME ! Il ne fait pas beau, c’est vrai, dans l’œuvre d’Eloi Derôme : pas de ciels dégagés, d’horizons nets et confortables, de travées claires et sagement mises. C’est que l’eau de la vie ne descendra pas à nous dans de fines pipettes d’or, et que le seul temps possible pour une morphogenèse réelle est celui qu’on voit ici : pluvieux, agité et brumeux. Le laboratoire de la présence est dense, humide, bruissant – et à stratification malcommode ! – ou rien. Et l’artiste est pourtant bon bougre : ne faisant qu’écorcher, inciser, dépolir (avec l’insolence d’un gratteur d’armoiries, et l’espèce d’obsession furieuse de quelqu’un qui à la fois mâche le réel – gratte la substance pour la manger – et se gratte d’en être démangé), Eloi Derôme pourrait aisément faire le bourreau virtuose, le cruel, le voyeur complaisant des haillons du Démiurge. Mais non ; il est au pire le médecin-légiste des quatre éléments, vif et impartial : si son méthodique décapage rencontre des couches de kamikazes inexplosés, il les dégage et fait voir. Mais …