Marie–Hélène Prouteau, Paul Celan, Sauver la clarté, Préface de Mireille Gansel, Éditions Unicité, 142 p, format 15X21cm, 14€.


Marie-Hélène Prouteau fréquente Paul Celan, depuis longtemps. Hormis la lecture assidue de son œuvre, elle a signalé les traces que le poète a laissées dans certains lieux cardinaux pour elle. Brest, visitée par Celan, Brest et les blessures encore vivaces de l’après-guerre qui ont provoqué une sorte d’éveil au désastre de l’enfant Marie-Hélène. 

Mais d’autres contrées, d’autres villes, frappées par la guerre, situées en Europe et au-delà, ont imprimé leurs lots de ruines, dans l’esprit de l’auteure, au milieu desquelles la catastrophe de la Shoah ; ici le lien avec Celan se passe de commentaire. Sur ce terreau, germera une partie de son œuvre littéraire, la fabrique de sa sensibilité à la désolation, au broiement des vies, toutes choses en correspondance avec l’œuvre de Celan et sa terrible biographie. Marie-Hélène Prouteau marquera ce compagnonnage, en empruntant une expression du poète, le cœur une place forte2 , pour intituler un de ses ouvrages3 : sa propre quête de l’expérience familiale, durant la Grande guerre, une histoire de petites gens posant des gestes d’humanité, au milieu de l’inhumanité.

Cette fois, elle a choisi d’actualiser la présence de Celan, à ses côtés, de la consacrer pleinement, de partager l’approche personnelle qu’elle a forgée, au terme de cette longue fréquentation. Ce faisant, Marie-Hélène Prouteau ne compte pas rejoindre la société académique ; elle précise qu’elle ne vise pas «(…) l’approche pointue des études universitaires, érudites et herméneutiques ». Sa visée est toute autre : mettre au jour une dimension peu envisagée de l’œuvre, au moyen de la conversation exigeante et féconde qu’elle a instaurée avec le poète.

Au fronton de sa lecture de Celan, Sauver la clarté ; c’est la lumière qui s’annonce, proposition aux allures de paradoxe ou bien désir réparateur, au regard de la connotation première de l’œuvre du poète, confinée dans les ténèbres. 

Alors, l’auteure circonscrit une séquence et un espace jalonnés de moments, d’évènements, d’œuvres et de poèmes évidemment. Une période dans la vie et l’œuvre du poète qui court des années 1960 à 68. Une zone sensible où lieux, circonstances, affects et créations nourrissent le dialogue que Marie-Hélène Prouteau a noué. L’auteure dessine autour des poèmes ou des lettres du séjour breton  de 1961, une constellation de sensations qui manifestent le répit, le plaisir éprouvé, parmi la nature et la compagnie d’ombres amies. À l’autre extrémité du chemin envisagé, Mai 68 à Paris, qui entraine Celan dans ses manifestations, le cœur tendu d’espoir vers le printemps de Prague. 

Le Finistère, Paris, deux étapes récurrentes dans la géographie du poète déraciné. La déambulation poétique de Marie-Hélène Prouteau arpentera ces lieux et bien d’autres, en les peuplant d’un monde de noms, amitiés d’écriture, intimités fraternelles jusqu’à la traduction. Elle restitue et recompose, ajoutant sa part d’imagination, la société dense dans laquelle baigne l’œuvre de Celan. Les liens entre les textes et les auteurs, les lieux et les époques animent ce monde des figures de Mandelstam, Kafka, Benjamin et tant d’autres. L’ouvrage de l’écrivaine est riche de sa propre érudition. 

Des images aussi, motivent les haltes de Marie-Hélène Prouteau, relancent les évocations par leur puissance propre. Ainsi, de la fresque de Leyde de Jan Willem Bruins, œuvre d’art public, qui disperse des poèmes de toutes provenances, sur les murs de la ville. « Après-midi avec cirque et citadelle »,  écrit à Kermorvan, est l’un de ceux-là. Celan demeure ici comme chez lui, présent à ce milieu multilingue et cosmopolite. Le poème mural fait signe à l’auteure  parce que le texte s’est fait image et réjouit sa sensibilité picturale, s’expose naturellement dans la Hollande de Rembrandt, cher au cœur de Celan – il a dédié un poème à l’un de ses autoportraits –  ou encore, la Hollande des peintres modernes qui lui importent également. Ces Pays-Bas, refuge du savoir et de la liberté, depuis la création de l’université européenne jusqu’aux penseurs pourchassés, en passant par Spinoza ; toutes significations que Marie-Hélène Prouteau fait circuler, à la façon d’un va-et-vient, entre Celan et elle-même, par le truchement d’une carte postale qu’il a envoyée à son fils, en 1964. 

Une autre œuvre plastique encadre l’ouvrage : la fresque de Giuseppe Caccavale, peinte sur la voûte du salon de la résidence étudiante Concordia, rue Tournefort –  la rue où Celan réside en 68, à proximité de la rue d’Ulm où il a enseigné. Ici, l’œuvre est circulaire, bleue et entraîne le poème « Du fond des marais4 », dans son mouvement perpétuel. Une spirale dont Marie-Hélène Prouteau décèle la charge d’espoir, rappelant le lien de ce poème avec l’expérience concentrationnaire du travail forcé, englué dans la boue du marais. « Cette vision marécageuse, Celan l’accueille pour la contrer immédiatement à l’orée du poème : «  Du fond des marais monter », dit-elle.

Autre nœud de la rencontre : la résistance contre le totalitarisme. Une fois le nazisme défait, la catastrophe stalinienne pèse de tout son poids, de tous ses crimes. D’où la célébration par Celan des « contre-paroles ». Dans le Méridien5, le « Vive le roi ! » de la Lucile de Büchner illustre le propos : on imagine aisément combien l’évocation de ce cri a fait rugir les communistes de l’époque ! Ô surprise, je sors à peine de la lecture de « Les dieux ont soif », d’Anatole France; une autre Lucile, une même en vérité, jeune prostituée, fait acte de courage et de liberté, en s’écriant « Vive le Roi », face à l’échafaud ! Je fais effraction dans le jeu des correspondances dont le livre est tissé… Marie-Hélène Prouteau tient étroitement liées les amitiés poétiques, linguistiques et politiques qui habitent Paul Celan : Mandelstam, Pasternak, Akhmatova… hormis leur importance, dans la période envisagée, nul doute qu’elle y trouve un écho à ses propres engagements auprès des dissidents du communisme réel.

Il faut revenir au motif apparent, ce que nous avons appelé la « réparation » : mettre en exergue, « sauver la clarté »,  la faire rayonner, parmi le paysage de désolation qui semble résoudre l’identité de l’œuvre de Celan et celle du  poète lui-même. Car enfin, dans l’après-coup, Celan ne présente-t-il pas une vie close comme un poing fermé, entre le crime de 1942, blessure incurable de l’assassinat de ses parents et du peuple juif, et la mort qu’il s’est donnée, en 1970 ? Une ligne de vie parfaite, si l’on ose dire, avec sa logique écrite, imparable. Pourtant, la vie, évidemment, ne s’est pas conformée à une  telle parenthèse monolithique. Les éclats de lumière que Marie-Hélène Prouteau a relevés, scrutés, se sont bien manifestés. La « période bretonne » du poète l’atteste, moment de détente heureuse.

Bien sûr, au cœur des ténèbres rayonnent aussi la lumière ou son espérance ; la tradition juive fait de cette ambivalence un puissant ressort. Pour sauver la clarté, le travail de Marie-Hélène Prouteau, s’arrime à des circonstances réparatrices, dans la vie du poète, nourries par les relations d’amour, familiales et extra-familiales : Gisèle, Eric l’enfant, et d’autres, amantes ou amies, comme Nelly Sachs, particulièrement envisagée ici. Mais en traçant le réseau des filaments de lumière, jusqu’à la capacité de Celan « de faire rayonner sous les méridiens célestes la clarté d’un reflet d’or. », l’écrivaine ne mésestime jamais la dualité qui travaille le poète. Au fil des pages, en empathie avec le tourment à l’œuvre, elle s’attache à faire coulisser les ténèbres et la clarté. Ainsi, elle relève dans l’adresse à l’enfant, pour qui il « coupe le bambou », la proximité établie par Celan avec le travail forcé au camp : « Kermorvan, Tabaresti, à l’aplomb du méridien, l’image nous rattache au corps du monde, en ses horreurs comme en ses émerveillements. »  Elle ne néglige pas non plus qu’en 1961 Celan est traversé par l’onde de choc du Procès Eichmann ; il y répond, si l’on peut dire, par les Aphorismes de Kermorvan6,

Une sorte d’inscription géographique s’attache à Celan, suivie par Marie-Hélène Prouteau. qui sème, au fil du texte, une suite de poèmes importants. La carte ici dressée s’étend bien au-delà de la Bretagne, de la France, pour pointer à multiples reprises, vers l’Europe orientale, balkanique d’où vient Celan. Celle-là même avec laquelle l’auteure a tissé ses propres liens, et même posé des actes, dans les années 70. De quoi fabriquer une trame aux fibres multiples et entrelaçant différentes temporalités du passé. Mais l’opérateur décisif, essentiel, la raison d’être de la mise en relation, c’est l’écriture. La trame géographique dessine des proximités qui fournissent le prétexte et le contexte à la liaison, au ralliement par l’appartenance à l’histoire européenne mais aussi, et sans doute principalement,  à la poésie. 

La poésie s’entend ici, dans l’acception que Celan a formulée, grâce à la figure du méridien.  Le méridien signifie bien davantage qu’une figure géographique ; il représente un mobile, celui de l’aller-retour, comme défini par Celan : 

« Je trouve quelque chose — comme la parole — d’immatériel, mais de terrestre, quelque chose de rond, qui revient sur soi en passant par les deux pôles et en traversant même au passage, amusons-nous, les tropes des tropiques : je trouve… un méridien. »

Le mobile, compris aussi bien comme le but que comme le mouvement pour l’atteindre, vise à revenir au point de départ, à condition d’avoir suscité des rencontres :

« (…) parmi tant d’autres chemins, des chemins sur lesquels la parole se fait voix, ce sont des rencontres, les chemins d’une voix en route vers un toi qui entende …) ». 

Ces mots de Celan éclairent l’œuvre de Marie-Hélène Prouteau. « Paul Celan – Sauver la clarté » qui tisse précisément la rencontre, du côté de celle qui a « entendu ».  

Puis, la géographie et ses quelques repères, va bien vite se compliquer, voire se dérober ; nous serons tenus d’embrasser, dans le même mouvement, son antonyme ; à savoir, l’impossibilité d’inscrire des noms, des lieux, sur une carte effacée. La disparition convoquée recèle en réalité la matrice du poème, selon Celan, mouvement d’arrachement au non-lieu, dont le souffle se situe entre le « déjà-plus » et « l’encore ». Et c’est précisément, dans cet espace intermédiaire que s’insère l’élan de l’écriture, temporalité particulière de l’ouverture poétique, où Marie-Hélène Prouteau inscrit son compagnonnage avec Celan ; plutôt qu’écrire au sujet de Celan, elle choisit d’écrire avec Celan, à ses côtés. Sa voix propre se fait entendre, en toute liberté, sans le frein que pourrait inspirer la révérence au poète, ce géant. Tout ici procède, déambule au cours d’une libre association, autrement dit par la libération d’associations créatrices pour l’écrivaine.

Politique, résistance, poésie… Pour Celan, la poésie avant tout constitue le lieu de la résistance, pour instiller peut-être la consolation, surtout pour faire retentir l’irréparable. Forte de cette perception, l’auteure tente par son propre chemin d’écriture de percer, de suggérer le souffle qui porte la création de Celan, dans telle circonstance ou tel poème. Vagabondage, au sein d’un territoire précis de la production du poète où elle pose les cailloux blancs qui orientent, donnent sens au parcours, celui de Celan et le sien propre. Instants choisis de vie ressuscitée, rencontre en actes de parole. 

Échos, signes, résonances, coïncidences, ricochets, le processus déployé par Marie-Hélène Prouteau creuse, rebondit, jusqu’à faire éclore le motif. Par les moyens de cette dérive, par le biais de sa profonde empathie, elle nous invite à côtoyer Paul Celan, à lire et relire ce poète essentiel. Sa prose poétique, libre de tout didactisme, trace les voies qui font rayonner les paroles de Celan, poèmes ou correspondances. On ressort éclairé.e.s du voyage.bre de tout didactisme, trace les voies qui font rayonner les paroles de Celan, poèmes ou correspondances. On ressort éclairé.e.s du voyage.


  1.  Paul Celan – Sauver la clarté, Préface de Mireille Gansel, Éditions Unicité, 4ème trimestre 2024. ↩︎
  2.  « Après-midi avec cirque et citadelle », recueil La Rose de Personne.
    ↩︎
  3.  Le cœur est une place forte, La part commune, 2019.
    ↩︎
  4.  « Du fond des marais », recueil posthume des poèmes de 1968.
    ↩︎
  5.  Conférence de réception du prix Buchner, 1960, Darmstadt.
    ↩︎

Patricio SANCHEZ-ROJAS, Poèmes du bout du monde, Éditions Unicité, 3eme trimestre 2024, 68 pages, 13 €


Patricio SANCHEZ-ROJAS, Poèmes du bout du monde, Éditions Unicité, 3eme trimestre 2024, 68 pages, 13 €


     « Poèmes du bout du monde » est un titre presque ironique : en tout cas pas le programme attendu du baroudeur des lointains, qui part chanter plus loin que tout ce qu’il fera entendre – mais quelqu’un, simplement, de déraciné, qui, où qu’il aille, se sent au bout du monde. L’exil (cette « géographie qui m’arrache« ), c’est en effet la punition du déracinement : on y perd, forcé, sa terre natale avec aussi peu d’avenir et d’espérance qu’on perdrait sa raison, ou se verrait banni de l’esprit ! Même, par chance, accueilli dans le parfait chez-soi des autres, on y est au « bout du monde », comme refoulé aux extrémités de l’ordre, du style de vie et du cosmos familier qu’est pour chacun son pays premier. On a compris que ce « bout » de monde du titre n’est pas un cap à venir vaincre , mais le constat d’une maximale distension, et d’un rejet sans retour. L’étymologie le dit : on est « bouté » hors de notre source de vie, poussé loin du vivable, écarté de l’équilibre natif.

   C’est aussi le contraire du « voyage organisé », de la migration saisonnière du nanti. C’est bien plutôt le voyage de la désorganisation de soi, une croisière en radeau, une sorte de naufrage longitudinal. Patricio Sanchez le dit de multiples façons, en poète. En exil, d’abord, aucune porte n’ouvre plus sur un chez nous, mais seulement sur d’autres portes, qui à leur tour (p.10) … Ou bien : l’exil est « un navire chargé de fantômes et de lucioles » (p.11) – de fantômes parce que ce qui luit là est en réalité déjà mort; de lucioles parce que cela brille sans avoir la force d’éclairer. Ou encore : l’exil est un pays, non de fait, mais de carnet – un territoire qu’on apprivoise (peut-être, et au mieux) à coup de prises de notes, de suggestions, d’élans improvisés (« Ton pays aura à jamais la forme/ D’un cahier où tu inventes la vie« , p.12) : dans ce journal de bord qu’est la vie d’écrivain, c’est le journal qui fait le bord, et le bout de monde qui requiert le journal. Les formules qui suivent sont nettes et cruellement justes : il nous faut noter ce que le pays d’adoption nous fait vivre pour le vivre ! Le rapport natif à soi-même y est devenu illisible par les autochtones (l’exilé sent la vie même de ses entrailles livrée à des inconnus, p.13); tout ce qu’on découvre – même les dauphins de Gibraltar une fois parcourus Atlantique et Pacifique ! – n’offre d’abord que des visages d’emprunt.

  Et surtout : la langue dans laquelle on devra désormais se comprendre soi-même pour être compris, la langue des évidences à venir … doit être apprise ! Même celle des rêves (où l’on revient à ce qui nous comprend) devra muter. Sanchez l’écrit profondément : « Ton langage est semblable à la fenêtre d’un rêve » (p. 16), d’un rêve qui « passe sans savoir où aller » (p.20). Et, à chaque réveil européen, le matin, l’exilé chilien doit repasser une frontière, laissant derrière lui (c’est à dire en lui !) « le colibri, le volcan, l’araucaria » (prestes et touffus comme chiendent de son inconscient) pour sa vie de naturalisé héraultais, où le thym, le chêne vert et la dolomie font leur paisible police. La vie du « naturalisé » ? Celle du passeport depuis lequel on a recommencé sa vie; celle d’une horloge, dont l’heure à jamais décalée qu’elle nous indique nous règle; celle du monde adoptif – qui dicte ses conditions d’appartenance, et vous fait prothèse légale (et non membre natif) de la communauté à laquelle il rive : 

« Ton passeport

une horloge

et le monde » (p.30)

  Etait-il poète avant l’exil ? Des images étonnantes et fortes témoignent d’une sensibilité protéiforme et archaïque : image (p.41) du nuage (polymorphe ou rien, qui doit ne tenir ni à sa forme ni à son coin de ciel ni à sa contribution réglée aux autres pour disposer de son être de nuage); image étrange (p.42) d’une « bouteille de Somalie », placée sur un tableau de François Boisrond, qui dit la greffe risquée, la transplantation improbable, l’assignation baroque à l’ailleurs – et pourtant la sagesse de se faire objet là où la vie nous pose, pourvu que ce soit avec art !  Assimilation poétique, en tout cas, de cet exil, avec une lucidité qui rôde partout, et hante l’espoir même du retour :

« Je sais, par ailleurs,/ que je ne reviendrai plus/ jamais/ avec la même valise,/ Ni avec le même visage,/ ni avec le même regard,/ ni avec les mêmes jambes … » (p.39)

  C’est avouer, merveilleusement, que le retour au natal se fait ou fera, strictement, selon le monde adoptif. Revenant chez lui, c’est un autre – et non lui-même – qui cessera d’y être un étranger. C’est en français (et en Français !) qu’il se saisira là-bas né là-bas, comme le dit une formule paradoxale (puisqu’il est né en 1959 au Chili, et y a grandi à Talca et Valdivia, avant d’être expulsé avec sa famille vers l’Europe en 1977), ludique et infiniment sérieuse :

« car je suis né en France

dans une ville

qu’on appelle Talca,

à deux pas de Valdivia » (p.39)   

   Il y a, dans ce sobre et admirable petit recueil, la conscience d’une tragédie (l’exil  – p.51 – , ce sont les stations d’un Calvaire sous un Dieu auquel on ne croit pas !), comme dans cet aveu :  « Il faudrait qu’un jour prochain/ tu prennes l’avion/ direction Santiago du Chili./ Ta mère décédée doit se dire,/ peut-être, que son plus jeune fils/ est vraiment un ingrat » (p.60), mais la foi en la vérité (qui seule, permet de se dispenser de toutes les autres fois) y est bouleversante, et partageable :

« Pourtant, les cierges de l’église brûlent

et je sens fondre la cire entre mes mains de pierre.

On m’annonce que le pommier est en fleur.

C’est peut-être vrai.

(Mes yeux ne peuvent pas apercevoir cette

géographie qui m’arrache)  » (p.61)   

 

Parcourir le silence – Photographies de Nathan R. GRISON/ Textes de Laurent GRISON – Éditions Unicité (2eme trimestre 2020), 50 pages, 13€

Chronique de Marc Wetzel

Parcourir le silence – Photographies de Nathan R. GRISON/ Textes de Laurent GRISON – Éditions Unicité (2eme trimestre 2020), 50 pages, 13€


      « Six kilos et demi, six kilos et demi de rêve » (p. 27) 

   Le père Laurent (écrivain) et le fils Nathan (photographe) Grison proposent ici leur sixième livre commun. Le jeune Nathan, homme de relations internationales, essayiste et géopoliticien en acte, se déplace sans arrêt dans le monde (ici, l’Europe de l’Est, et des bouts d’Asie) et photographie – à chaque sortie de congrès, chancellerie ou Q.G. – ce que la rue du réel montre, y joignant toujours et seulement trois mots. Laurent, universitaire, critique d’art, polygraphe et poète, réceptionne une photo du fils, puis formule et expédie un court commentaire, intégrant les trois termes de la consigne, pour susciter l’envoi d’une suivante (douze de ces aller-retours sont ici retenus).

   Les photographies de Nathan Grison sont des images exemplairement prosaïques et d’une puissante unité. Trois thèmes de son attention créatrice se livrent nettement : désaffection ( objective : désuétude, ou subjective : insensibilisation. C’est le monde du désoeuvrement même, avec son intentionnalité en écharpe, son ambition mutilée – et, logiquement, à proportion, la responsabilité propre en berne); avertissement (cette récente dévitalisation de l’Histoire est comme une semonce, qui doit faire songer à ce qui fut manqué, qui invite à choisir ses véritables regrets, qui est comme un conseil de discipline pour tous les cancres du Temps, et prévient solennellement des désillusions à venir); élégie enfin (une sorte d’ironie mélancolique submerge les scènes, comme on détaillerait les grimaces d’un ex-avenir radieux, comme le constat glacé de radicalités mortes de ridicule – comme la blague du terroriste vieilli, trop ventripotent pour boucler correctement sa ceinture explosive : étrange célébration de virtuosités démodées, de tours de mains fossiles, de pannes techniques de la fidélité). Le monde de cet artiste est fait d’exemples de survivance oisive, de contemporanéité figée, comme une face sombre et dérisoire de la synchronicité jungienne – des choses qui ne viennent se passer ensemble que pour partager leur mutisme !

         Mais tout cela, bien sûr, les images le permettent sans pouvoir elles-mêmes l’établir. Toute image est au mieux un instantané réussi (qui ne sait ni avoir duré ni durer autrement), une apparition cadrée (qui ne sort justement pas de son « cadre », qui se coupe et nous coupe de ce qui l’entoure, qui n’a de socle et d’horizon qu’embarqués en et avec elle), une présence sourde et muette (qui ne peut réagir elle-même à ce qu’elle contient, ni même arpenter son propre calme, et bien sûr jamais rectifier notre myopie d’elle ou prendre en charge nos objections).

       C’est là que le père écrivain intervient, qui fournit à l’image de quoi se contextualiser, se déployer dans ce qui la cause et ce qu’elle effectue, reconfigurer son offre sous la demande des regards. Et Laurent Grison réussit un travail de narration fine (parce que spéculative) et fidèle (parce que fervente) : l’intelligence paternelle se réjouit (et nous aussi !) de ce que les images montraient sans pouvoir le dire elles-mêmes : la beauté, même perdue; l’ordre, même mesquin; la perfection, même rêvée. Notre auteur formule avec justesse, pertinence et concision les latitudes réelles des choses ( le pouvoir d’un étal de boucher, le modelage du vent par les courbes d’un monument, les pages à jamais figées d’un livre des parois), leurs ménagements ou affrontements croisés ( la même radioactivité qui vide le nid a épargné son arbre; une église plaint sincèrement la rouille et le délabrement de l’arbre de la Liberté venue la concurrencer), les équilibres délicats, en tout monde humain, entre les choses, les personnes et les actions (la bouleversante jeune vendeuse de riz qui s’assoupit, en plein marché thaï, la tête entre ses coudes, sur le plateau de sa balance – qui enregistre mécaniquement le poids précis de son abandon, ou cet homme que seule la surdité de son vieux chien de garde rend nostalgique). Pour dire ce beau travail de restitution, une certitude : la mémoire a retrouvé ici les mots mêmes qui lui avaient permis de surgir ! « La vicissitude de l’histoire est un aiguillage silencieux » (p. 31)

    L’âme du fils peut-être plus élégiaque et satirique, celle du père plus dramatique et lyrique, nos deux artistes ont pour esprit commun leur visée d’ élucider, assumer et espérer.

  Élucider, parce qu’il n’y a qu’une façon de se charger de ce qui a perdu son sens : le comprendre. Comme Raymond Aron demandait à l’historien de rendre au passé l’incertitude du présent qu’il avait été, on sent dans l’image et le texte l’acuité d’une même question : que faire de ce qui en nous n’aura pas marché ?

   Assumer, parce que, si l’Histoire n’est clairement qu’une architecte posthume, ce n’est pas une raison, pour la conscience historique, de flancher ! Assumer, c’est réintégrer le passé perdu, réaccueillir les particularités vaincues. Comme une version de convivialité donnée par l’Esprit-Saint : réalisme des Hauteurs ! 

   Espérer, enfin, parce que même les Incarnations ratées méritent leur Ascension.

Tout art est un pouvoir de mise en présence; marier ainsi (délibérément, et filialement !!) deux arts, c’est alors comme croiser ces pouvoirs, et présenter autrement, publiquement, contagieusement, deux consciences l’une à l’autre, les liant à une sorte de crochet intemporel.

    L’animal humain, on le sait, n’a ni le monopole de l’échange, ni celui de la représentation; mais il est le seul animal à pouvoir communiquer ce qu’il se représente, et à se représenter son propre pouvoir de communiquer. Il est donc, pour le dire ainsi, le seul être capable de faire parler les images (comme Laurent ici celles de Nathan), et d’imaginer ce que parler peut faire (comme Nathan à chaque fois le sollicite, comme agitant devant son prolixe torero de père le chiffon rouge de ses clichés). C’est que l’humain est à la fois père et fils (relatifs) du Logos : il en élève ce qu’il y féconde; il fait naître ce dont il hérite ! 

   Ce livre engage son lecteur à venir suivre ses « expériences esthétiques ». La promesse est tenue : toute expérience esthétique fait vivre une rencontre de formes qui agit en retour sur nos formes de vie; c’est ce qui se passe. Et si « les errements ne sont beaux que pour ceux qui ont la certitude de ne pas tomber » (p. 17), comme dit sobrement (et lucidement) Laurent Grison, nous pouvons nous perdre tout à loisir dans ce petit livre, dont le cran enchante et redresse. 

© Marc Wetzel

Eric Dubois, L’homme qui entendait des voix, éditions Unicité, 2019, 53 pages, 13€.

Chronique de Lieven Callant

Eric Dubois, L’homme qui entendait des voix, éditions Unicité, 2019, 53 pages, 13€.


Eric Dubois signe ici un récit autobiographique émouvant à bien des égards, le principal étant d’évoquer avec le style concis et épuré qu’on lui reconnait dans ses autres écrits, le thème presque tabou de la maladie psychiatrique. En effet, l’auteur a été diagnostiqué schizophrène en 1996 alors qu’il était âgé de 29 ans. Cette date trace une démarcation entre l’Eric d’avant et l’Eric d’après qui pour fonctionner « normalement » dans notre société doit avaler tous les jours neuroleptiques et cachets de paroxetine.

L’Eric d’avant a presque toujours été pour ses collègues une proie facile et docile subissant bizutages et harcèlement moral. Il en est hélas presque toujours ainsi dans le monde du travail mais aussi dans l’enseignement, des comportements allant de la simple blague à l’attaque humiliante systématique sont ce que subissent les personnes fragilisées atteintes de troubles psychiatriques. L’auteur pourtant ne se plaint pas et n’a jamais introduit la moindre protestation pour confondre ses collègues malfaisants. Ses propos ne sont pas de cet ordre. Eric Dubois plaide plutôt pour l’information juste et précise de ce qu’est la schizophrénie et comment elle s’exprime, s’est exprimée au travers de lui.

L’homme qui entendait des voix c’est lui, Eric. Des voix qui se sont mises à l’oppresser, à gaver ses pensées de fausses vérités et à l’entrainer dans une sorte de spirale infernale où chacun de ses gestes subissait le jugement effroyable de ses voix sorties de nulle part. On comprend que rien n’égale une telle souffrance parce qu’elle se terre au plus profond de la personne sans lui accorder le moindre répit, l’isole socialement. Le déconstruit.

Mais heureusement, les voix entendues ne sont pas toutes destructives. Certaines sont celles de la poésie et c’est à celles-ci que finalement Eric Dubois répond. Il entretient avec elle une sorte de dialogue salvateur. S’il répond aux questions, c’est bien sûr aux questions qu’elle lui pose personnellement. Ses poèmes, son style sont les fruits d’une reconstruction permanente. Reconstruction rendue possible grâce aux thérapies qui ouvrent de nouvelles voies à la discussion, au dialogue. La parole occupe une belle place dans le travail de l’auteur. Parole de poète, parole de peintre, parole humaine, parole vraie.

La schizophrénie est une maladie complexe aux symptômes très variés, ce récit plaide aussi contre toutes les stigmatisations dont sont victimes les patients atteints d’un handicap invisible comme si la maladie frappait plusieurs fois au travers du regard de l’autre, du regard que la société pose sur les « différences ». Non, la personne ne se scinde pas en deux et non, on ne guérit pas de la schizophrénie, on est obligé d’apprendre à vivre avec sa maladie en s’attelant à détecter et à prévenir les excès destructeurs. Vivre avec la schizophrénie c’est vivre avec une attention toute particulière au monde, aux émotions qu’il provoque.

« Le délire mystique, les associations étranges d’idées, les hallucinations visuelles auditives, olfactives, tactiles, sont le quotidien du schizophrène en crise. La phase maniaque (bouffée délirante aigüe et autres manifestations) n’est pas sans souffrance, c’est à la fois une violence du langage et une violence de soi qui se heurtent au mur d’incompréhension des autres. Il n’y a plus de dialogue possible entre le malade et ses proches. Le malade s’emmure vivant et mort dans sa folie. On ne peut difficilement résister à ses attaques répétitives. » P35

Je retiens ce poème « Planète humaine » que le lecteur découvrira à la p27 et aussi LA LETTRE qui commence ainsi :

« Depuis qu’ils retiennent mon corps en otage, je suis condamné à vivre par procuration dans le tien. Je te traverse.  J’épouse le flux et le reflux de tes pensées. Que de découvertes inouïes je fais chaque jour! »

Extraits qui je l’espère donneront envie de lire et d’approfondir le travail de ce poète hors du commun.


Eric Dubois anime la revue en ligne Le Capital des Mots

Les tribulations d’Eric Dubois


©Lieven Callant

Alhama Garcia : Journal des lisières, 52 suites. Éditions Unicité, 4e trimestre 2016.

Chronique de Danièle Duteil,

directrice de la revue numérique de poésie, L’étroit chemin


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Alhama Garcia, Journal des lisières, 52 suites, Éditions Unicité, 4e trimestre 2016.

ISBN : 978-2-37355-080-1


 

Forme la plus élevée de l’expression littéraire classique au Japon, le tanka est un poème de 31 syllabes organisées selon le rythme 5-7-5/7-7. Né aux premiers siècles de la littérature japonaise, apanage des gens de cour et des lettrés, il chante la nature, l’amour, la destinée humaine… Si ces grands thèmes occupent de tous temps le centre des préoccupations humaines, s’ils ont nourri et nourrissent encore la poésie, qu’elle soit d’Orient ou d’Occident, le genre adopté, le tanka, est quant à lui typiquement japonais.

Alhama Garcia parle de suites. La première de couverture ne mentionne pas le mot tanka, qui n’apparaît qu’après, sur la page de titre, c’est-à-dire à l’intérieur, après la page de garde. Il explique sa démarche dans son avant-propos : « La suite de tanka diffère du tanka-en-chaîne par son mode d’écriture strictement solitaire, dans la tradition poétique occidentale ».

Au Japon, le renga, ou tanka enchaîné, constitue une écriture collaborative. Il se distingue par la diversité, qui découle non seulement du changement de point de vue, mais encore d’une dimension spatio-temporelle éclatée, chaque poète témoignant de son expérience en des lieux différents et des temps décalés. Mais un fil conducteur tient ensemble la totalité des versets. Pareillement, la roue cosmique est constituée d’une multitude de maillons, chacun est différent et joue son rôle spécifique, mais tous concourent à l’harmonie générale.

Si Alhama Garcia adopte une écriture solitaire, sa voix cependant donne à voir et à entendre la pluralité. Car aussi bien sa sphère spatio-temporelle englobe différents lieux et temps : contrées lointaines, régions proches, pays en guerre, havre préservé, ville ou campagne, forêt, jardin, zones d’ombre, coins de ciel… temps présent, souvenirs, jour et nuit, cadre des saisons, plages de doutes et éclairs de joie…

Une étude du titre, Journal des lisières, permet de dégager deux caractéristiques.

La forme adoptée est le journal, un journal qui recouvrerait ici une année, soit 52 semaines, correspondant au nombre de suites. Pourtant le découpage temporel semble libre.

Le journal est plus généralement lié au récit, à la prose. Or, il s’agit ici de poésie. Alhama Garcia affirme ainsi sa volonté de créer un pont entre son recueil et les premiers journaux de la littérature japonaise, journaux intimes le plus souvent dus à des femmes, parfois à un homme adoptant un point de vue féminin1 constitués principalement de poésie (waka). Par conséquent, il se situe résolument à la lisière des genres, tentant de s’approprier la marge inexplorée unissant secrètement deux réalités.

La compréhension de Journal des lisières s’éclaire à partir de ce constat. Alhama Garcia ne désire pas se faire l’écho de l’évidence, fréquemment trompeuse, mais, à la manière d’un Baudelaire dont il se revendique clairement, il préfère tenter de déchiffrer les messages secrets que la nature envoie. Parfois, le poète parvient, non sans s’écorcher au passage aux ronces de la difficulté, à arracher quelques bribes signifiantes, « gaze bleue » nichée entre « deux plafonds noirs ».

La poésie japonaise fonctionne-t-elle autrement ? Il semble qu’elle s’appuie sur le réel, dans ce qu’il offre de plus fugace : l’instant présent. Si bien qu’elle cherche à puiser la vérité du monde dans l’essence des choses, c’est-à-dire dans les interstices du temps, souffles d’énergie qu’une âme patiente et attentive captera vaguement.

Ici ou là, règne d’abord le flou :

ah ! temps de saison

des eaux monte la nuée

qui les pentes dévale

quand tous les chemins s’effacent

la forêt devient profonde

Comme chez Baudelaire, la forêt symbolise dans Journal des lisières un lieu sacré, un temple dont les piliers sont les arbres, figures souterraines et aériennes, reliées autant au « terreau noir » de la matière qu’à la dimension spirituelle de la voûte céleste. Dans ce lieu immuable, marge aux confins du clair et du diffus, le poète, de passage, recueille avec peine de troublants messages à déchiffrer. Ils l’invitent à tenter de percer le mystère de ce qu’il ressent confusément, « paroles flottantes / que le temps disperse », murmure de ramée ou chant d’oiseau en suspens. Gloire incertaine et brève : le plus souvent, il s’enfonce dans « les chemins de l’obscur », pris dans la trame invisible de « fils de soie » qui gouverne la vie.

Décrypter la vérité du monde, « écriture cursive / des mots cachés sous la peau », est le rôle qu’il s’est assigné en tant qu’intermédiaire entre la nature et l’homme. Une telle entreprise nécessite de mobiliser tous les sens, en préférant la nuance à l’éclat, la senteur discrète au « lourd parfum de Flore / en son gai désordre ». La compréhension se situe au-delà du monde sensible, dans l’entre-deux du visible et de l’invisible, selon une conception chère au symbolisme. Mais, bien que parfois de la laideur surgisse le beau, toute manifestation tapageuse risquerait de se révéler fallacieuse.

aux failles cachées

sous le chèvrefeuille amer

brille une eau courante

ah ! beaucoup trop de lumière

pour des yeux nés dans le noir

Le plein jour perturbe le poète, la nuit peut-être l’apaise. C’est l’heure de ses retrouvailles avec ELLE, la lune, figure féminine énigmatique, cynique, aux formes changeantes, « ovale ? ovoïde / cabossée ? », qui agite le lourd balancier du temps, remettant sans cesse en cause les certitudes les plus solidement ancrées.

la lune ce soir

a dans l’arbre accroché

un violent sourire

et je souris en retour

aux reflets de ses dents froides

Mais la dame de la nuit n’en demeure pas moins sa complice et son inspiratrice. Parfois, elle daigne éclairer une portion de son parcours d’ombre en délivrant une infime parcelle de vérité, « croissant de lumière » qui, un court instant, laisse entrevoir le fin liseré lumineux de la compréhension.

Dans ces rares moments, le poète échappe aux ténèbres et à la pesanteur de la destinée. Gorgé d’espoir, il se défait aussi de l’emprise des lois humaines, des routes tracées d’avance. Ainsi, la liberté qu’il prône sans relâche, il la trouve dans sa proximité avec la nature qui le guide vers le savoir. Se soumettant à elle seule, il peut se sentir pousser des ailes et abattre les barrières qui l’entravent.

regarde le ciel

compte ses châteaux fugaces

voyage ! voyage !

plonge du nuage accore

dans le vide aérien

Pour prendre son essor, il faut oser, savoir emprunter des sentes inhabituelles. La poésie d’Alhama Garcia est audacieuse. Certes, elle se réclame de la tradition occidentale, s’abreuvant en même temps à la poésie japonaise la plus classique ; mais elle contourne l’air de rien les règles qui président à la composition du renga. Elle choisit une forme contrainte, celle du tanka à scansion rigide, mais n’a de cesse de bousculer la syntaxe, comme elle malmènerait certains tempéraments enclins à la mollesse, triturer le vers, tantôt le sectionnant et le hachant, tantôt le laissant couler sans obstacles, telle l’eau d’une rivière au cours tranquille. Il affectionne ces limites qui ouvrent des horizons nouveaux propres à déciller le regard et donner à l’esprit de la hauteur.

Bien d’autres remarques pourraient enrichir ce commentaire qui ne livre qu’une vision bien partielle de Journal des lisières. Au lecteur et à la lectrice de satisfaire leur curiosité en allant y voir de plus près !

©Danièle Duteil,

directrice de la revue numérique de poésie, L’étroit chemin