Grégory Rateau, Le Pays incertain


Un pays incertain, avec ses frontières floues, ne procure aucun lieu sûr, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Le théâtre des représentations de soi et des autres  y produit des images dont les contours troublent le tain des miroirs. Le Pays incertain de Grégory Rateau ne déroge pas aux lois physiques et métaphysiques de cette géographie du délitement des perceptions et des émotions anxieuses.

Dans La Petite Epopée, longue prose ajourée de quelques vers, l’auteur remonte le cours des solitudes mal partagées de l’adolescence. « Confrérie par défaut, Compagnons des looseries sans fin », écrit-il en contemplant la crasse des latrines qui n’ont pas la fraîcheur de celles du poète de sept ans. Même la liberté est sous surveillance dans la suffocation des brumes. Une quête hors les murs est-elle seulement possible quand les sens ne trouvent plus de sens ? Grégory Rateau se retourne contre l’image des mères. Comment leur dire que l’amour s’est désaccordé et que le désir se trouve « de l’autre côté » ?

L’autre côté est ici celui de la parole insurgée. L’étau des incarnations symboliques « du prêtre martyr de 1789 au Jedi défroqué » a généré trop de colère dans la psyché piétinée. Le temps est venu d’échapper au périphérique, d’aller de l’avant. Mais se déprendre d’un passé pour se saisir d’un futur n’est-il pas un leurre de plus dans le pays des lignes improbables ? Sous quels horizons les « semelles en partance » vont-elles conduire le poète si son « paquetage » est lesté de signes trop lourds ? L’errance révèle peut-être son objet dans le retour vers le lieu de l’origine. Le poète à « l’argot adulescent » renaît dans les plis de [sa] ville » et se compose un visage de lunettes noires. Il avoue les pensées ressentimistes qui ont étouffé son avenir, ces « avatars de ce moi égaré sur les routes du non-lieu ».

Dans le deuxième mouvement du texte, intitulé En compagnie de Prevel, Grégory Rateau nous livre un exercice d’admiration pour ce poète assigné à la marge. De recueil en recueil, l’auteur s’identifie, nolens volens, aux dedischados du petit marquisat des lettres. En son pays incertain où les tours s’abolissent, qui sont les ennemis qui l’assiègent ? L’enfer est-il seulement celui des autres ? Eternelle question sans réponse, éternel creuset des arts où la faim, toujours, reste sur sa faim.

S’en suit une courte prose intitulée Mes souhaits. « Je voudrais que les murs implosent, que la langue prenne le grand air, loin des regards hypocrites, de cette scène minuscule aux planches factices, qu’elle se fasse enfin la  malle… ». La substance qui manque aux rêves et empêche la parole meurtrit la conscience. Dans les coulisses des représentations, les dés sont pipés et même confisqués. Comment devenir, un tant soit peu, maître du jeu ? Non pas seul mais avec tous ces autres amputés du savoir dont le feu éclaire la mémoire enfouie avant que d’éclore « dans un ailleurs à réinventer ». Grégory Rateau construit et reconstruit ses souvenirs de « paria de naissance ». La famille est un peuple de chimères dans un puits sans margelle. Aucun appui n’y retient vraiment la chute. Alors ces mots, poignants : « Je voudrais que les mères, les pères, les fils et leurs filles, puissent s’asseoir tous ensemble pour regarder le jour sans sourciller, sans se brûler les paupières… ». Et trouver de quoi alléger la malle qu’on traîne comme un boulet, qui hante et que l’on hante.

Dans la rue est le plus long dépli du recueil. Le monde incertain sans tain déborde « du cadre ». La confusion des espaces du dehors et du dedans égare le regard. « le sens même des choses s’évapore ». La réalité est liquide sous le ciel chauve. Seuls persistent encore les souvenirs tenaillés des enfances. Le « prêchi-prêcha des mères civilisées » couvre si mal le bris « des assiettes à la volée ». Des visions hallucinatoires comme Goya en peignait dans la Quinta del Sordo saignent de nouveau les vieilles ténèbres. « toutes ces gueules d’édentés / futurs tueurs d’éternité / leurs rires aussi colorés que le vice ». Le poème s’en ressent qui martèle les mots enchaînés. Dans quel repli les défaire pour apprivoiser ceux qui sauvent ? À qui les offrir ? À un autre poète, parti de l’autre côté dont on ne revient jamais : Xavier Girot*. L’arpenteur fiévreux des « villes intérieures » écrivit à son ami une dernière lettre avant de franchir les lignes de l’inconnaissable. Grégory Rateau lui écrit aussi, instaure un rapport intime triangulaire, à peine moins tourmenté que le cercle de famille. « Je est un Autre et pourtant ton ami ». Passent les mêmes « banlieues trop lugubres » et « les dos ronds… au bahut des origines ». La même impuissance « pour coloniser le ciel ». Avec, et le lecteur s’en émeut, le même dégoût de soi.

Dans son poème Enfance III, Rimbaud observe : « il y a enfin, quand l’on a faim et soif, quelqu’un qui vous chasse. » Grégory Rateau, au bord de la quarantaine, cherche à étancher et sa faim et sa soif d’absolu. Ici-bas dans le visible comme par-delà les nuages dans l’invisible. Huit recueils ont paru depuis 2020. Un deuxième roman verra le jour en 2025. Les maquignons de la culture assise ne songent plus trop à étriller l’auteur et c’est heureux. Le cercle de ses lecteurs, lui, reste un lieu sûr. 

Le Pays incertain est publié aux éditions La rumeur libre avec un émouvant avant-dire d’Alain Roussel. Il coûte 17 €.

Gregory Rateau, De mon sous-sol, Éditions Tarmac, 52 pages, 2024, 10€


« L’homme du sous-sol est capable de demeurer silencieux dans son sous-sol quarante années durant ; mais s’il sort de son trou, il se déboutonne et alors il parle, il parle, il parle… »
Fedor Dostoïevski

Grégory Rateau a découvert Le Sous-sol de Dostoïevski quand il avait vingt ans. Sans doute, quand sa vie allait de guingois, s’est-il identifié à cette confession d’un narrateur anonyme et solitaire dans l’estime puis le dégoût de soi. Aujourd’hui au bord de la quarantaine, il s’y identifie encore et éprouve une urgence à écrire, écrire, écrire. Dans la fièvre d’une lucidité dont la lumière aveugle. Bien sûr, le lecteur comprend vite que le sous-sol, également nommé souterrain par l’auteur des Possédés, est celui de l’âme. « Déjà alors, mon âme portait en elle son sous-sol. », observe-t-il en précurseur de Freud. Le revers d’une conscience travaillée par l’expérience est toujours à chercher dans les bas-fonds tumultueux de l’inconscient. Avec ses jouissances douloureuses.

Dès les premiers vers de son long poème intitulé De mon sous-sol, Grégory Rateau évoque son adolescence harcelée et la « douce indifférence » des siens occupés à leur plaisirs débridés.

« même les vieux copains / faisaient un pas en arrière / un choix définitif / d’un côté les paumés… / et de l’autre / …les dominants, les motocyclés ».

Quand au sentiment d’abandon s’ajoute celui de la trahison, la tentation du mal conduit parfois le persécuté à vouloir devenir persécuteur à son tour. S’agissait-il vraiment de « suivre sans faiblesse la voie du sabre » chère à Mishima et comment pouvait-elle s’accommoder sans heurts majeurs du désir d’un futur « ivre de légende » ? La question se pose d’autant plus facilement qu’on pressent l’impossibilité d’une réponse. Les blessures de la psyché, ce miroir sans tain, n’ont jamais de contours sûrs dans la mémoire. Et le poète hante lui-même ce qui continue de le hanter. Dans la [dissociation du « moi »]. En appelant un Dieu qui reste sourd, en imaginant que la souffrance n’est pas vaine, qu’elle est une mise à l’épreuve tendue vers une fin réparatrice…

Dans un deuxième temps, Grégory Rateau  égrène ses désillusions de jeune auteur de poésie et, nolens volens, entre désir de repli dans sa « retraite roumaine » et désir de paraître dans le milieu des lettres, revit les offenses de [la cour où il est né]. Mais au diable « les littéreux », « les bobos fanatisés » et « leurs Clubs faisandés », « à la Closerie des Lolita », les courbettes au Figaro Littéraire ! Le temps est venu de ne plus « longer les murs ». Traversé de pulsions mystiques comme Dostoïevski ou Rimbaud, le poète part en quête de son Graal pour boire avec ses Phrères l’«OR NOIR » de sa coupe.  La légende encore et son cercle à partager pour « transmettre la parole…et tout faire pour la rendre vivante ».

Ce qui n’empêche pas Grégory Rateau, à la toute fin de son texte, d’examiner sans concession ses affres mis à maux. Avec humour, il considère le passage de la quarantaine comme une limite au-delà de laquelle [son ticket n’est plus valable]. Avoir ou ne pas avoir le ticket, auprès de qui et pourquoi, en voilà une question qui taraude l’humain depuis ses commencements ! « Il est temps de ne plus jouer cette comédie », écrit-il. Se lamenter sur son propre sort, pleurer sur les illusions perdues, non. Définitivement non. En délicatesse avec son siècle comme Dostoïevski l’était avec le sien, le poète souhaite s’éloigner de tous les miroirs trompeurs et « continuer à respirer décemment » en espérant que sa jeunesse n’a pas dit son dernier mot. Parler, parler, parler. Ecrire, écrire, écrire. Mais sans se déboutonner. Si désespoir il y a , il restera correct.

Extraits :

le lendemain brûlant de haine / ma peur bien planquée / pesant sur ma scoliose / en nage à force d’uppercuts / lancés à la dérive / de brasser les mensonges / et autres chimères / dissocié du « moi » / je ne voyais plus que les fissures / les craquelures dans le béton / les petites imperfections / qui semblaient me sourire / l’acharnement reprenait / quand ce n’était pas les marques de ces morveux / c’était la règle qui opposait sa signature / ma peau finissait même par s’endurcir / par me donner des allures de vieux bonze

*

Ce sont les livres qui ne m’ont jamais lâché / des plaquettes et des pavés / sans discrimination aucune / juste un assemblage de briques / assez pour me surélever / des mots qui ne ressemblaient à rien d’autre / des galaxies contenues parfois dans une phrase / de vraies claques / Rimbaud, Miller, London, Istrati / Affamés de découvertes / de justice / d’une toute autre liberté / eux aussi en ont soupé / encaissé / sans jamais sourciller / leur rage a grandi / nourrie de rencontres / de frustrations / de fraternité sauvage / loin des lieux communs / du cordon ombilical / je la sens grandir en moi à mon tour / cette langue souterraine / le Bruit et la Revanche

*

Grégory Rateau a écrit son De mon sous-sol en une semaine. On retrouve les élans lyriques qui lui sont chers, avec parfois des envolées dignes de Léo Ferré. Le poète de La mémoire et la mer détestait lui aussi le « jazz d’ascenseur ». Mais davantage que dans ses recueils précédents, on repère dans ce long dépli des instants de parole au premier degré, tantôt suffoquées et tantôt criées : « mais je peux me tromper…je l’ai bien senti…il fallait s’y attendre…je n’en peux plus de composer…très peu pour moi… ». Et c’est là, dans ce qui échappe au flux linéaire de l’écrit pour être dit sans artifice, que l’auteur nous confesse ses faiblesses et ses forces. Comme l’anonyme de Dostoïevski qui voudrait être quelqu’un. Mais comment, comment, comment, sans rien trahir ? 

De mon sous-sol de Grégory Rateau est le premier volume de la collection Aliénation & Liberté (Variations sur une même corde)  publié par les éditions Tarmac. La couverture, qui fait penser à une certaine métamorphose, est illustrée par Ramuntcho Matta. L’ouvrage coûte 10 €.

NB : Pour mémoire, Grégory Rateau est l’auteur de deux recueils de poèmes en 2022, Conspiration du réel aux éditions Unicité et Imprécations nocturnes chez Conspiration éditions.

Grégory Rateau, Imprécations nocturnes, Conspiration Editions, 9 €.

Une chronique de Dominique Boudou

Grégory Rateau, Imprécations nocturnes, Conspiration Editions, 9 €.


« même l’avenir que je trace du bout du doigt / pourrait être le souvenir oublié / de mes vies imbriquées »

Les trois déplis des Imprécations nocturnes de Grégory Rateau, dans la confusion des espaces et des durées, disent que le réel est un simulacre. Mais comment trouver l’issue en son labyrinthe ? Du Je au Tu en passant par le Il (et même le Elle), l’incarnation des « chairs anesthésiées » n’est pas un lieu sûr. La présence à soi et au monde est une quête où les ombres vont « sans forme ». Le « mouvement est pétrifié dans un entonnoir de vase ». Au commencement comme à la fin, le corps est « presque nu », dans une maison sans cesse à inventer. Il faut pourtant paraître pour conjurer le silence et laisser venir le désir. Gare cependant au « vaste champ lexical de l’amertume » dont la jeunesse aime à se parer.

La langue, avec son verbe tantôt majuscule tantôt minuscule, à ras de ciel ou à ras de terre, est mise à la question. Souvent meurtrie dans ses espoirs, quelque atrabile parfois la ronge et la ratatine. Evoquant l’enfance qui revient boiter en nous, Grégory Rateau réaffirme cette évidence : « Ecrire est superflu si personne ne vient s’approprier ces quelques mots ». Et si un double s’empare nuitamment du manuscrit fiévreux, la situation de l’âme est bien précaire.  Ce qui nous amène au duel perdu d’avance du poète contre la littérature  même s’il [ne reste qu’elle pour lui sourire]. Comme dans son précédent recueil, Conspiration du réel aux éditions Unicité, de nombreuses voix sont appelées à la rescousse. Celle de Pierre Michon d’abord, qui s’affranchit des « rodomontades juvéniles de La lettre du Voyant ». Puis celles de Van Gogh le desdichado, de Thierry Metz penché sur son chemin toujours à reprendre, de René Char dont la lucidité est une blessure…

De Palerme en Sicile à Gyula en Hongrie, Grégory Rateau s’adresse aussi aux Dieux et à leurs créatures empêchées. Son Minotaure reste prisonnier du dédale qu’il a lui-même construit dans des refuges illusoires. Quant à la Gitane qui « danse jusqu’à l’extase », aucun Thésée ne viendra la libérer des « liens empoisonnés ». Le parage divin est décidément trop taiseux et les petits mythes aux assises insécures ne disent rien non plus. Le poète cependant les entend marmotter depuis ses enfances poisseuses et l’allégorie du mendiant lui revient sous les [barbelés du ciel]. Mais mendier quoi sous le masque aveuglant des chimères ? Si l’être éparpillé échoue à se rassembler ? Le chantier d’un chez-soi peut-être, avec des amitiés sans impasses, et une « table mise à la même heure ». Pour retrouver la lisibilité du corps et de l’esprit. Et siphonner [la bile au fond des poches].

L’écriture du recueil est d’un souffle presque régulier, sans lignes de rupture dans le mouvement des vers. Le lecteur découvre çà et là quelques regroupements en tercets et quatrains avec, à deux reprises, un recours à l’anaphore dont la dramaturgie souligne les obsessions de l’auteur. Notons également la tension que Grégory Rateau imprime souvent à la fin de ses textes pour mieux les prolonger dans l’imaginaire de celui qui les goûte. Un rideau tombe sur la scène des représentations, aussitôt relevé, comme si ombre et lumière jouaient à ricocher. Voici quelques exemples parmi les plus poignants : où la sueur a signé sa fatigue / à la mesure d’un Dieu que tu coudoies à en périr / entre ton carnet vide et ce cendrier plein de poèmes / et la houle ondulant au fond des tripes… Ou, encore, jeté comme un cri en ce siècle aux humeurs corrompues : qui donc racontera mon histoire ? Et l’imprécation se change, allons savoir, en supplication. Avec ce bredouillement : qui donc, qui donc, qui donc…

Comme le dit à plusieurs reprises Jean-Louis Kuffer dans sa préface, Grégory Rateau tient son ancre à l’écart des poéticiens qui font des embarras. Oserons-nous, pensant à Léo Ferré, le néologisme de poétichien ? « Un poète ça sent des pieds, on lave pas la poésie, ça se défenestre et ça crie aux gens perdus », chantait l’éternel enfant de Verlaine et Rimbaud. Si Grégory Rateau est un chien, quelques-uns traversent sa Conspiration du réel, c’est un chien sans pedigree, un bâtard errant. Mais quelles traces peut-on suivre, passées et à venir, quand le nom qu’on porte, ou qu’on croit porter, est un fardeau ?

©Dominique Boudou

Extraits :

Tu te retournes

guettant la clarté d’une enseigne

et toutes ces ombres aléatoires

qui pour toi devraient donner du sens

alors qu’une aube précoce se prépare

ébranle l’équilibre de tes persiennes

et te voilà en marche

flirtant avec le jour

la ville s’offre à toi

des lignes, des croisements, des fuites

ton désir écartelé

tes jambes trop fébriles

d’autres te dépassent

ils jouiront d’elle à ta place

*

Elle bruisse tapie dans l’ombre

cette blessure qui s’écaille

ton corps n’est plus ce journal

que tu cultives pour un jour nouveau

mais un vaste champ de mines

que la médecine manipule à loisir

si je m’en vais le premier

je me glisserai sous ton épiderme

subtilisant à la source éternelle

une myriade d’organes célestes

*

Je suis ce vieil homme un peu dément

t’épiant derrière la vitre d’un café

toi le fils qui

par cette nuit glacée

as été cette petite chose vibrante

désirée puis repoussée

sous des néons trop agressifs

cramponné à ton prénom

tu as rejoint l’anonymat

alors je te le demande sans courage

pardonne au père que je n’ai jamais été


Grégory Rateau est un écrivain et poète français né en 1984 dans la banlieue parisienne et vivant aujourd’hui en Roumanie où il dirige un média. Il est l’auteur d’un premier roman, Noir de soleil, chez Maurice Nadeau (sélectionné au Prix France-Liban et au Prix Ulysse du premier roman 2020) et d’un premier recueil très plébiscité, Conspiration du réel, chez Unicité. Ses poèmes sont valorisés dans plusieurs anthologies et dans une trentaine de revues en France/Corse, Belgique, Suisse, Roumanie, Portugal, Pérou, Haïti, Espagne et Italie (Arpa, Europe, Esprit, L’Orient le jour, En Attendant Nadeau, Verso, Place de la Sorbonne, Points et Contrepoints, Le Persil, Traversées, Bleu d’encre, Recours au poème…). Son nouveau recueil, Imprécations nocturnes vient de sortir chez Conspiration éditions ainsi qu’un livre illustré de ses poèmes en collaboration avec le peintre Jacques Cauda, Nemo, chez RAZ éditions.