- Suzy Maltret
- Roland Maltret
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Suzy Maltret, Au vent d’Yveline, illustrations réalisées par Roland Maltret. Editions Gerbert. 45 pages. 2011.
L’introduction à elle seule n’est-elle pas la plus belle symbolique de cet ouvrage géo-poétique « Au vent d’Yveline » en rendant hommage à Paul Fort, le prince des poètes, qui rêvait d’effectuer la plus belle ronde du monde en nous donnant la main.
« Ronde autour du monde n’a qu’un œil,
Pas plus loin je crois de Gambaiseuil…/… »
Cependant Suzy Maltret, n’a pas besoin en effet d’aller aussi loin pour entreprendre son beau voyage, sa joyeuse ronde, elle suggère une belle errance poétique en Yveline, au rythme de son cœur en quête de rêveries.
Suzy Maltret porte en elle l’amour du terroir, le sens des racines où se confond la mémoire.
Chaque poème est un bourgeon, une frondaison de sous bois, une fleur en éclosion, avec ce souci de peaufiner le verbe, de saupoudrer un peu de poussière d’histoire sur le pays du souvenir, sur les terres fertiles de l’enfance.
« Terres et racines en ce pays d’Yveline, …/… »
Parfois des tempêtes soufflent sur la vie, faudrait-il tout recommencer, tout recomposer, non il ne faut pas prendre le deuil, il faut maintenir l’espoir.
C’est une belle histoire de cœur avec le pays bien aimé, une reconnaissance simple et authentique.
« Voici donc ma mie le pays de nos amours, …/… »
« Qu’effleure à peins le souvenir du poète, …/… »
L’émotion se fait légère comme un vol de libellule, il y souffle des nostalgies, des effluves du temps lointain.
Suzy Maltret évoque des scènes de chasse, des songes bucoliques, ne manque de faire un clin d’œil aux artisans et ouvriers. Dans son verbe résonne l’écho de musique lointaine, de belles dames, de nobles demeures, de pavés rutilants et de coursiers.
Elle va cueillir d’anciennes légendes enracinées entre les ruines de vieux murs de pierres qui poussent avec les fougères.
Le langage est précieux, distingué, comme ces nobles fantômes qui apparaissent ici et là au rythme d’une viole de gambe, d’un téorbe ou d’une harpe vagabonde.
Suzy Maltret, adopte pour célébrer son terroir, son pays d’âme et de cœur, un autre langage, un autre rythme approprié à la mémoire des lieux.
« Mémoires de feuilles,
Mémoires des eaux…/… »
Au cours de l’un de ses discours l’homme de lettres Jehan Despert remercie Suzy Maltret d’être poète, car dit-il : « …/… tant qu’il y aura des poètes pour chanter la beauté du monde, ce monde restera grand, vivant et source inépuisable d’espérance nouvelles…/… »
Allez, elle vous invite, prenez une belle allée ombragée et laissez vous porter « Au vent d’Yveline. »
« Accourez puisque l’on voit de l’aurore
Des frondaisons monter le souvenir
D’un beau silence dans un long soupir…
Sur l’instant, la marche du sablier ! »
◊Michel Bénard


