L’EPOPIADE & L’APOLLONIADE, Jean-Loup Seban, MMXVII, Éditeur : chez Robert Clerebaut, imprimeur

Chronique de Anne-Michèle Hamesse

Présidente de l’Association des Ecrivains Belges.

seban_epopiade.jpgL’EPOPIADE & L’APOLLONIADE, Jean-Loup Seban, MMXVII, Éditeur : chez Robert Clerebaut, imprimeur

Une nouvelle œuvre de Jean-Loup Seban constitue toujours un événement culturel et esthétique.

Il n’y a qu’à voir et toucher les couvertures raffinées et rares de ses ouvrages, ces verts profonds animés de volutes, on croirait voir un étang habité de créatures étranges, pour se voir persuadé du caractère exceptionnel du livre.

Une fois le pas franchi, dès l’ouverture du carnet, le parfaite adéquation du contenu et de l’écrin qui le protège saute aux yeux.

Cette recherche de la perfection qui anime le poète Seban lui a valu de nombreuses  nuits blanches, passées à ajuster les rimes, à les adapter, les imbriquer jusqu’au résultat parfait, un rite pratiqué selon des règles sévères, qu’il respecte à la syllabe prêt.

L’exigence de cette excellence a d’ailleurs valu à Jean-Loup Seban d’être honoré du prestigieux Prix Charles Le Quintrec,  décerné par la Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie à Paris.

Honneur rare dont il ne vous soufflera mot tant la modestie des grands est son apanage.

Les orfèvres français de poésie classique ne s’y sont pas trompé en le célébrant ainsi.

Si on considère son oeuvre à la loupe on remarque qu’à la différence de la Bergeride où s’épanouissaient des vers libres, ce recueil-ci privilégie le sonnet classique et toutes les règles qui s’y rattachent, L’Epopée Impériale est exemplaire à ce titre.

Le recueil débute dans une savante évocation, un déferlement, un fracas de ruines et de puissances

Le lecteur subjugué s’embarque dans ce chariot de sonnets d’abord escorté par l’Epopée Barbare

De nuit l’amoureux donc par la porte secrète

Pénètre dans le cloître, envahit la retraite,

Arrache la nonette à son destin sacré

Je songe à Victor Hugo, et fredonne Brassens, cette histoire de nonne qui aima un brigand…

Enhardi par ce romantisme le lecteur poursuit son voyage enchanté aux côtés de l’Epopée Chrétienne avant d’atterrir en douceur sur une couronne de sonnets d’où fuse cette belle question : L’art d’aimer n’est-il point d’abord spirituel ?

Contemple , ô jeune cœur plein d’émoi sensuel,

Cette pâle anémone à la fin douloureuse.

L’art d’aimer n’est-il point d’abord spirituel ?

La poésie est-elle un travail ?

On pourrait s’en douter rien qu’à voir Jean-Loup Seban, pris par une fièvre créatrice, passant des nuits et des nuits à parfaire ses sonnets, maniant ses infinies connaissances qui vont de l’Antiquité à l’Empire jusqu’à aboutir, au matin, à la forme parfaite, labeur magnifique qui lui a valu à Paris ce grand prix de poésie classique.

Après des nuits entières occupées à aligner des strophes, comme un musicien virtuose compose ses symphonies, dans le plus strict respect des règles de la Poésie Classique, Jean-Loup Seban nous offre avec ces L’Epopiade & L’Apollonide, fêté comme il se doit à Paris, un nouveau trésor de lecture, jamais égalé et dont, avant tout autre chose, il convient de se repaître.

Œuvres de Jean-Loup Seban

Otiose ou l’honnête ociosité vengée

Désirs apollinaires

La Bouquineuriade

La Bergeride

L’Epopiade & L’Apolloniade

©Anne-Michèle Hamesse

Présidente de l’Association des Ecrivains Belges.

Anne-Michèle Hamesse, Ma voisine a hurlé toute la nuit, Cactus inébranlable

Chronique de Francis Chenot

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Anne-Michèle Hamesse, Ma voisine a hurlé toute la nuit, Cactus inébranlable


Non, la nouvelle n’est pas une sorte de résumé d’un quelconque roman, un «digest» comme disent les Américains. C’est un genre littéraire en soi. Avec ses règles, ses caractéristiques et ses exigences, à commencer, bien sûr, par la brièveté. La nouvelle, ainsi qu’une pièce musicale, comporte trois mouvements essentiels : amorce, récit et chute. D’abord requérir l’attention du lecteur. Puis mettre en place personnages et situations, les développer. Conclure, enfin, et si possible de manière à surprendre.

On connaît Anne-Michèle Hamesse comme romancière et auteure de théâtre, et, depuis peu, en présidente de l’Association des écrivains belges. Grâce à un de ces «petits éditeurs» sans qui bien des œuvres ne nous seraient jamais parvenues, on la découvre particulièrement à l’aise – avec élégance et efficacité – dans ce genre plus difficile qu’il y paraît.

Les dix nouvelles du recueil tiennent sur septante pages. Aucune ne ressemble à l’autre, même si, à la réflexion, quelques lignes de force les traversent. Des présences féminines en majorité. Quelques hommes, aussi, qui ne valent pas mieux, englués dans leurs rêves érotiques. De toute façon, à la loterie de la vie, on ne gagne jamais. Reste la solitude et, au bout, inéluctable conclusion : la mort. Mais il y a la façon d’en parler, de nous la rappeler, celle d’Anne-Michèle est légère, gracieuse presque, même lorsque le fantastique est à la porte.

Francis CHENOT