Barnabé Laye, poèmes, Franceleine Debellefontaine, sculptures, Le feu de nos empreintes, L’Harmattan, Agga.

 Épilogue

                                           « Le sculpteur redeviendra le médiateur de la Parole. » M.B 


Quand le sculpteur redevient le médiateur de la parole le geste du sculpteur pour Franceleine Debellefontaine est un acte de naissance, le mystère de la Parole pour le poète Barnabé Laye en est le souffle vital.

Dans « La Parole et le geste » réside toute une symbolique confirmant l’union du sculpteur et du poète. Il y a toujours une périlleuse ambiguïté de vouloir parler d’un poète, alors à plus juste raison si ce poète fusionne avec un sculpteur. Comme la poésie la sculpture est en quête de caresses, dont nous imaginons bien le poli du bronze ou de la pierre et le lustrage et affinage du vers. Ici lorsque l’on évoque la Parole, inévitablement on est saisi par le geste. La poésie et la sculpture sont très certainement deux modes de création parmi les plus anciens dans l’histoire de l’humanité. 

Barnabé Lay

L’alchimie est parfaite, nous effleurons la transmutation et de cette union hors du commun émergent des compostions ayant la densité de l’or. Le poète change déjà le souvenir en avenir, alors que le sculpteur cristallise la forme de la matière pour lui insuffler le miracle de l’éternité.

Ce recueil « La Parole et le geste » est une véritable mosaïque poétique, sorte d’azulejos de la pensée, les textes sont plus beaux, plus poignants les uns que les autres. Pour savoir s’en approcher nous avons le sublime à portée de main. Barnabé Laye appartient bien à cette catégorie rare de poètes élus pour enluminer l’humanité. Par l’envoûtement de leurs poésies ils se font médiums, apôtres de la révélation, protecteurs de la beauté.   

Barnabé Lay et Franceleine Debellefontaine

Franceleine Debellefontaine et Barnabé Laye ont fait de cet ouvrage un hymne d’amour. 

Au cœur des incendies et brûlures de la vie la poésie devient un baume bienfaisant.

Unité, est le mot clé, beauté, le principe imposé. Les volutes de pierre enivrent la musique de l’encre, l’écoute du silence s’impose.. Nous sommes en permanence tirés entre deux mondes qui pourtant ne forment qu’un, car si ce n’est pas le verbe qui se marie à la matière, c’est exactement l’inverse qui se produit 

Le poète, Barnabé Laye soulève une question majeure, que deviennent et où vont les paroles perdues ? Ne vous posez pas trop la question et laissez-vous transporter par le rêve, habitez la Parole, voyez dans le poème l’écume fragile et éphémère qui porte la vie.

Lorsque le poète se voit comme messager de la Parole perdue, le sculpteur se sent géniteur de l’œuvre pérenne. Il y a toujours chez le poète cette nécessité de retour aux racines mères et cette force palpable il va la chercher dans l’harmonie et l’équilibre des sculptures. Alors le poème donne sens à la sculpture. 

Ainsi au terme d’un long cheminement, d’incertaines errances, le poète poursuit son chemin de vérité et s’en retourne au silence en transmettant le fruit de sa Parole au geste du sculpteur, qui signe après signe, trace après trace va immortalisé dans le marbre le poème de la complicité.