Poésie aux éditions du jasmin :
· L’arbre essoufflé de vent, Paul Bergèse ; illustrations de Clotilde BERNOS.
Voici un livre consacré aux arbres. A l’arbre. En effet seuls neuf arbres sont nommés : pin, cyprès, olivier, cerisier, érable, chêne, saule, marronnier et pommier ; dans la plupart des poèmes l’auteur reste dans le générique « arbre » comme pour lui donner plus d’ampleur. De force. Ce n’est pas la première fois que Paul Bergèse écrit ainsi avec et sur les arbres. C’est un de ses thèmes favoris. Le poète est présent au monde. Il observe. Scrute. Ecoute. Il contemple ce monde et tente en quelques mots de le dire. De le partager. Ce livre apparaît alors comme une sorte de guide pour rendre le lecteur à son tour plus terrien, plus présent à son monde. Paul Bergèse invite le lecteur à se mettre en contemplation à son tour. A observer les arbres de son quotidien. Ceux du jardin, de la rue comme ceux de ses promenades… A les observer. A les écouter. Lire de la poésie c’est aussi apprendre à être davantage. Comme un apprentissage d’un savoir être.
· Chuchotements de fruits et de fleurs, Monique RIBIS ; illustrations de Clotilde Bernos.
Le poète est un être du quotidien. Quelqu’un qui se laisse interpeller par l’instant. L’objet. La vie. Tout ce qui l’entoure. Il est particulièrement attentif. C’est comme ça. Chacun ses qualités. Chacun ses nuages. Ici, nous avons une poète qui donne la parole aux fruits de sa table, aux fleurs de son jardin. Elle les contemple. Elle les écoute. Fleurs et fruits lui chuchotent leur vie, leurs pensées intimes. Elle nous les transmet. Avec des poèmes plutôt longs. Elle s’est plongée dans d’autres vies et nous les partage. Le poète est un explorateur. Ses voyages peuvent être lointains comme ils savent se contenter du tout près. Du minuscule. De l’habituel auquel on ne fait plus attention. Question de présence au monde. Après avoir lu ce livre on ne peut plus voir la banane ou le melon comme une simple gourmandise… Magie du poème. Cadeau du poète.
Dis, c’est grand comment la vie ?, Joël SADELER ; illustrations d’Anne BUGUET.
Un livre de poèmes d’amour. A hauteur d’enfance. Et quelle hauteur ! Joël Sadeler écrit à la pointe sentimentale sans rose et sans mièvrerie aucune. Des textes courts, simples mais tellement justes ! Pourtant ce n’est pas facile de traquer les sentiments sans tomber dans le joli ni dans le convenu habituel. Il y réussit parfaitement. Avec un grand sourire dans ses yeux de grande personne attentive aux petites. De la délicatesse. De l’humour. Du bonheur. Après avoir abordé dans L’enfant partagé aux éditions de l’Idée Bleue le thème du divorce, ce poète, décédé en 2 000, se penche sur les amours enfantines et leur vert paradis… Un livre pour tous les âges. Tous les cœurs. A lire. A laisser résonner. Vibrer. En total respect. Dans le cadre d’une lecture suivie de cet ouvrage, on laissera une grande part au silence. Difficile de parler d’amour…
Le danseur de lumière, Jean SICCARDI ; illustrations de Joly GUTH.
Le poète est amateur de temps. Le temps qui passe, le temps passé, les temps futurs aussi parfois, l’interpellent. Il aime évoquer, se souvenir… revient sur son enfance… sur les traces… La vie, la mort… Le poète est bien souvent écorché vif par le sentiment de la perte. C’est de tout cela ici dont il est question et ceux qui sont familiers de l’œuvre de Jean Siccardi, en poésie comme en romans, retrouveront dans ce recueil ses thèmes de prédilection et sa petite musique personnelle. Donner à ressentir à de jeunes lecteurs ce sentiment de la perte peut paraître ambitieux, mais si on y réfléchit bien, il apparaît que leur donner à comprendre l’humour des poèmes dits ludiques n’est pas plus simple. Lire des poèmes, quels qu’ils soient, quels que soient leurs registres d’écriture, c’est apprendre à lire entre les mots, entre les lignes, c’est apprendre à déchiffrer les blancs du texte. C’est apprendre à lire en engageant tout son être ! Lire des poèmes, c’est autre chose qu’un simple savoir faire.
Monde flottant, Sophie Lei THUMAN ; illustrations d’Eric Battut.
Un recueil autour d’un thème : l’eau. Une thématique souvent abordée en classe et donc un livre qui va rejoindre avec légèreté la valise de livres « aquatiques ». Des poèmes d’une promeneuse au fil de l’eau, qui à la suite de Bashô guette le plongeon d’une grenouille et autres petits miracles liés à la présence, à la lumière de l’élément liquide. D’une promeneuse des rivages, plages maritimes ou lacustres… Dans ce livre ça flotte. Oui. De la pluie à la contemplation des reflets changeants, façon Mondrian. Un recueil paisible et lumineux.
Petits pains poèmes, Daniel Schmitt ; illustrations de Gilles Bourgeade.
Le poète travaille. Tous les jours il écrit. Parfois comme Daniel Schmitt il date ses poèmes. On peut ainsi le suivre à la trace. Dans son évolution. Et l’on s’aperçoit souvent que si l’écriture évolue, le poète poursuit sa ou ses lignes de réflexion, d’expérimentation. Non qu’il écrive toujours la même chose, loin de là, mais il écrit bien souvent autour des mêmes thèmes. L’écriture lui permettant de creuser, d’éclairer, d’avancer. Après tout l’Art est pour l’Artiste son aventure singulière et personnelle avant tout.
